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C’est un joli documentaire que propose France 2 ce mardi 31 mars. La réalisatrice Judith Grumbach a posé sa caméra dans des classes de primaire, de collège, de lycée, à la recherche de ce qui et de ceux qui, à l’école, permettent aux élèves de grandir, ni plus ni moins. Si « Devenir grand » n’est pas juste un film de plus sur l’école, c’est parce qu’il parvient à saisir l’essentiel de ce qui s’y joue : la relation élève / professeur.
Il y a Amélie, instit à Langon dans une classe de CE2/CM1, qui pose les bases de son atelier philo, fondé sur les questions que se posent les élèves, Yann par exemple : « Est-ce qu’à un moment je vais grandir ? Est-ce qu’à un moment j’arrêterai de faire des bêtises ? Je ne sais pas moi, c’est quelque chose, je me questionne ». Connais-toi toi-même, Socrate s’invite en classe, chacun doit réfléchir à lui, à ses talents par exemple.
Après avoir cherché des synonymes de « penser », les élèves doivent réfléchir en petits groupes à « ce qui vous pose problème à l’école ». La coopération, bien perçue par les élèves comme Hind : « Tu réfléchis mieux en groupe ; j’aime bien faire les projets parce que ça m’ouvre la tête et après je réfléchis mieux ».
Bientôt les élèves interrogeront le monde, leur monde : « Comment l’école s’est créée ? », « pourquoi la galanterie existe ? », « pourquoi tous les adultes n’ont pas la même somme d’argent ? »… Il faudra, dans la quête de réponses, apprendre le regard critique, vérifier ses sources sur Internet.
Dans une scène assez forte, un « conseil de coopération » où tous sont assis par terre, Amélie revient sur une de ces journées entre gris clair et gris foncé que connaissent tous les enseignants ; après avoir écouté les élèves, elle leur dit sans fard ses difficultés lors de cette journée, la responsabilité de chacun, la nécessité de faire groupe et de trouver des solutions ensemble. « Je peux accepter de me montrer vulnérable, car ça fait quelques années que j’ai compris ce qui fonctionne bien dans ma classe. Et notamment le fait d’être complètement sincère avec eux, complètement authentique. C’est en se montrant comme on est réellement qu’on crée le plus de lien avec ces classes ».
Devenir grand, quand on a 8, 9 ans à l’école, c’est aussi porter un regard sur ce qu’on a vécu, individuellement et en groupe, en tirer des enseignements et tracer des perspectives pour le futur.
Il y a cette classe de 6ème, à Perpignan, et son prof principal d’EPS, Olivier, qui travaille d’emblée sur la manière de s’adresser aux autres, de demander de l’aide, d’établir une vraie relation entre pairs qui permette les conditions de l’entraide. Grandir, être autonome, c’est paradoxalement savoir à qui s’adresser et comment.
On sent ici qu’il est parfois difficile de motiver les élèves, de les entrainer, de susciter l’émulation. Le travail de Nathalie la prof de français, de Julien le prof de maths, tourne autour de ça : aider les élèves à porter un regard sur leur travail, à réfléchir sur ce qu’ils ont appris et comment, pour donner du sens à l’école et aux apprentissages. Pas évident dans un contexte social où la mixité est absente. On sent chez Youssra une colère prête à exploser – et Olivier réfléchit avec elle à ce qui fait qu’elle perturbe la classe – chez Inès et son sweater « Cherche pas j’ai raison » une timidité qui la bride – et Olivier doit mettre en valeur avec elle ce qui, dans son livret, est encourageant.
Point d’orgue, la scène où Magalie, CPE, répond aux questions de Youssra et Inès et leur dit pourquoi elle a choisi ce collège, revient notamment sur les difficultés avec Youssra, les heures passées avec elle, le conseil de discipline évité de peu, les progrès, enfin, faits, qui valent « tout l’or du monde ».
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