Pour être bien utilisés, les outils numériques doivent être compris des prescripteurs. Le projet e-santé mentale a permis de constater les freins qui existent. Mais les feuilles de route santé mentale et numérique devraient y remédier en partie.
Dernier round pour le projet e-santé mentale, e-Men (lire notre article), ce 6 mars avec, pour l'occasion, une quatrième et dernière conférence organisée symboliquement au ministère des Solidarités et de la Santé. Une conférence qui s'est penchée sur la question de la formation des acteurs aux dispositifs numériques mais aussi celle des usagers. Un sujet complexe qui n'en est qu'à ses débuts, a indiqué en introduction Anna-Paulina Ewalds-Mulliez, chargée de mission projet e-Men à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS).
La feuille de route santé mentale et psychiatrie (lire notre article) devrait y apporter un coup de boost via l'action sept qui prévoit entre autres de mettre en place des actions de formation pour promouvoir la santé mentale 3.0, a rappelé Marianne Perreau-Saussina, de la délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie. Une mesure qui doit également s'articuler avec la feuille de route du numérique en santé. Un groupe de travail multiprofessionnel piloté par la Direction générale de la santé (DGS) et le CCOMS s'est mis en place avec comme objectif à court terme d'établir un état des lieux des dispositifs existants ou en développement en matière de numérique. Il a aussi prévu à moyen et long terme d'adapter et mettre en œuvre les recommandations du projet e-Men et de développer un dispositif standard répondant à ses recommandations, a noté Marianne Perreau-Saussina. La dernière réunion a eu lieu en juin 2019 dans l'attente de la synthèse du projet e-Men pour reprendre ses travaux. Ce qui devrait donc être possible dès aujourd'hui.
Sept projets
Pour l'heure, a indiqué Ojono Vlijter, responsable du projet e-Men, sept projets ont été testés dans neuf pays pilotes, dont la France avec son application Stop blues pour lutter contre la dépression (lire notre article). Il a d'ailleurs rappelé que la e-santé mentale permet de proposer des services de santé accessibles, abordables mais aussi automatisés et ouverts aux minorités. Les projets pilotes ont été utilisés par 24 500 patients, soit un chiffre beaucoup plus important que ce qui était prévu au départ, a-t-il noté. Des résultats encourageants, soulignés par Dan Chisholm, chef de programme santé mentale à l'OMS Europe : "e-Men peut contribuer au développement de technologies numériques appropriées à la santé mentale." Pour autant, un travail doit être mené pour que les professionnels de santé s'approprient ces nouveaux outils et les diffusent, a expliqué Rabea Lukies, chercheuse associée au LVR-Institute for healthcare resarch. L'une des recommandations établies dans le document d'orientation pour les politiques préconise d'intégrer le projet e-Men dans les modèles de santé mentale établis au travers de différents processus : proposer des modèles de soins ; produire des orientations pour les professionnels de santé ; piloter une application stimulant une stratégie multidisciplinaire pour promouvoir une organisation de santé ; stimuler une stratégie multidisciplinaire...
Peu de formation en e-santé
Pour l'heure, et selon les résultats d'un état des lieux de la formation universitaire en e-santé en France, peu de facultés de médecine proposent un tel enseignement. Pierre Mesdjian, interne en psychiatrie au CCOMS, les a interrogées par questionnaire. Quatorze sur trente-sept ont répondu et 33% ont indiqué proposer des notions spécifiques relatives à la e-santé dans les cours généraux. Seuls 17% ont mis en place des formations entièrement dédiées à la e-santé mais aucune entièrement dédiée à la santé mentale. La France enregistre un retard par rapport à ce qui se fait à l'international, a expliqué Pierre Mesdjian. Mais l'orientation nationale, impulsée notamment au travers du groupe de travail dédié à la formation numérique dans le cadre de la stratégie nationale numérique en santé, "semble être la bonne", a-t-il noté. Des éléments concrets devraient être apportés dès la rentrée 2020. Car la formation des professionnels de santé est indispensable pour une utilisation pérenne et efficiente du numérique en santé.
18 mois de plus pour e-Men et nouveau projet pour le CCOMS
Le projet e-Men devait s'achever cette année mais il a obtenu une rallonge supplémentaire. Il va pouvoir se poursuivre dix-huit mois de plus, a indiqué Anna-Paulina Ewalds-Mulliez, soit jusque décembre 2021. Il est de nouveau soutenu par le programme Interreg nord-ouest Europe à hauteur de 800 000 euros supplémentaires.
Le CCOMS par ailleurs vient d'être choisi pour piloter sur la partie française un nouveau projet européen, le IT 4 anxiety, qui traitera de l'anxiété, du psychotraumatisme et de la maladie d'Alzheimer, a indiqué à Hospimedia Jean-Luc Roelandt, directeur du CCOMS.
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