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dimanche 29 mars 2020

Covid-19 : l'exaspération de certains soignants confrontés à la méfiance et à l'agressivité de leurs voisins

PAR 
MARTIN DUMAS PRIMBAULT
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PUBLIÉ LE 30/03/2020

Crédit photo : S. Toubon
Lettres anonymes, mots désagréables, voitures vandalisées et même cabinet cambriolé… Depuis quelques jours, de nombreux soignants ont témoigné d'incivilités, voire d'agressions dont ils ont été victimes, très loin des acclamations et des vivats majoritaires tous les soirs aux fenêtres.
« Serait-il possible que vous alliez résider ailleurs?  »
Mercredi, la consternation a envahi Lucille. Dans sa boîte aux lettres, l'infirmière d'un hôpital de banlieue parisienne a trouvé un courrier lui demandant de quitter son logement de Vulaines-sur-Seine (Seine-et-Marne). Non signée, la lettre lui suggère également de faire ses courses « en dehors de la ville » et lui reproche de promener son chien. « Je suis en colère », confie-t-elle à l'AFP. « On met déjà notre vie de côté pour s'occuper des autres, alors qu'on nous traite comme des pestiférés, ça ne passe pas. » La trentenaire est déterminée à ne pas se laisser intimider. Elle a porté la missive au maire, qui a saisi le procureur. Une enquête est en cours.

Comme elle, plusieurs soignants ont relayé sur les réseaux sociaux les mots, souvent anonymes, de voisins suspicieux. « Est-il possible pour notre sécurité de ne pas toucher les portes des parties communes ? »« Serait-il possible que vous et votre mari alliez résider ailleurs ? »« Merci de ne pas vous garer proche des autres voitures », peut-on lire sur les messages les plus aimables.
Une infirmière de Metz dénonce même la casse de sa voiture dans le but de lui voler masques et gants de protection.
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En colère à la lecture d'un de ces mots, une soignante n'a pas hésité à répondre par un message bien senti à l'adresse de ses voisins.
Mots scandaleux
À La Rochelle, le cabinet de Claire a été cambriolé la semaine dernière : la trentaine de masques chirurgicaux qu'elle venait de recevoir a disparu. « J'ai eu beaucoup de colère, beaucoup de peur aussi, un sentiment d'irréalité », raconte l'infirmière libérale. Depuis, elle a décidé d'« enlever le caducée » qui trahit sa profession « et ne rien laisser dans la voiture ».
Ces situations ne sont, hélas, pas exceptionnelles. Cette crise révèle « ce qu'il y a de plus lumineux et ce qu'il y a de plus sombre dans la personne humaine », a même déclaré Édouard Philippe samedi 28 mars lors d'un point presse dans lequel il a qualifié ces mots contre certains soignants de « scandaleux ».

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