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jeudi 28 mai 2020

Un bracelet connecté d'urgence remporte un hackathon en faveur des personnes avec autisme

Publié le 27/05/20


L'Epnak a organisé un hackathon avec des étudiants ingénieurs afin de trouver des solutions innovantes pour aider les personnes autistes. Au-delà de la prouesse technique et des éventuelles applications pratiques, c'est un pas vers l'inclusion.
Du 22 au 23 mai un hackathon virtuel a réuni une vingtaine d'étudiants des sept instituts nationaux des sciences appliquées (Insa) de France afin de développer des solutions innovantes pour venir en aide aux personnes avec autisme. Les étudiants ont été préalablement coachés, puis jugés par des professionnels de l'Établissement public national Antoine-Koenigswarter (Epnak) et ses partenaires associatifs dans le domaine de l'autisme. Le projet gagnant est un bracelet connecté d'urgence. Au-delà de l'outil qui pourrait voir le jour, ce travail est aussi une rencontre entre deux mondes qui ont peu l'occasion de se côtoyer. Un pas de plus vers l'inclusion.

En septembre 2019, un hackathon organisé avec la junior entreprise de l'Insa Nord-Ouest à Rennes (Ille-et-Vilaine) a permis à l'Epnak de créer une application mobile, utilisable sur smartphone et ordinateur pour la formation à distance de ses centres de réadaptation professionnelle (CRP) et actuellement testée en Bretagne et en Normandie. Alors quand, au mois d'avril, les étudiants sont revenus voir Mehdi Gheddache, chef de projet digital à l'Epnak Grand-ouest pour lui proposer de rejouer sur une nouvelle formule, virtuelle et nationale, il a immédiatement été enthousiaste : "Les étudiants ont apprécié cette première expérience au service du secteur médico-social et sont arrivés avec un projet autour du télétravail mais la thématique ne nous a pas semblé la plus pertinente alors que nous préparions le déconfinement. En réfléchissant à nos besoins avec mes collègues, nous leur avons proposé de travailler plutôt à des outils utiles pour les personnes avec autisme."

Rencontre entre deux mondes

"Nous avions vraiment envie de nous mettre au service des personnes vulnérables mais l'autisme était un sacré challenge, reconnaît Malo Rotureau, vice-président de la junior entreprise de l'Insa Nord-Ouest. L'Epnak m'a mis en lien avec une association avec laquelle j'ai débrousaillé le terrain." Puis l'Epnak a organisé des temps d'échanges avec une vingtaine d'experts (professionnels, personnes autistes et associations spécialisées) les trois jours précédant le hackathon proprement dit. "Cela a été de très belles rencontres virtuelles, commente Mehdi Gheddache. Nous avions prévu des créneaux de deux heures mais certains échanges ont duré plus de cinq à six heures. Mes collègues professionnels du médico-social ont apprécié de prendre le temps de se poser pour parler de leurs pratiques et leurs besoins."

Le projet qui a remporté les suffrages du jury est un bracelet connecté qui comporterait les numéros des personnes à contacter en cas d'urgence et des informations personnelles et médicales accessibles avec autorisation aux différents interlocuteurs que la personne pourrait croiser. "Notre projet se découpe donc en plusieurs parties : un bracelet, une application et des bases de données. L’ensemble de ces éléments seraient gérés par l’État et les bracelets seraient distribués par les organismes de Sécurité sociale", précisent les lauréats dans leur brief.

Au-delà de l'autisme

Cette idée a émergé lors d'une discussion avec un adulte autiste qui a décrit aux étudiants son altercation avec la police lors du confinement. Elle a ensuite été affinée avec une éducatrice de l'Epnak qui a évoqué toutes les informations concernant la personne, ses goûts, ses besoins qui pourraient être ainsi conservés dans ce type d'outil lorsqu'un usager change de structure. "Dans nos critères de choix, il y avait les possibilités de développement et l'accessibilité sociétale. Ce projet a le gros avantage de ne pas être limité à l'autisme. Il pourrait être utile pour d'autres types de troubles ou de handicap ou pour des personnes en perte d'autonomie", explique Nadège Guillard, chef de projet à la cellule innovation de l'Epnak, qui a participé au jury.

Mehdi Gheddache réfléchit déjà à monter un consortium pour que ce projet ne reste pas dans les tiroirs. "Nous allons le soumettre aux chercheurs avec lesquels nous avons l'habitude de travailler pour voir s'il est possible d'aller plus loin, précise Nadège Guillard. Mais c'est intéressant de profiter d'un regard jeune et non spécialisé sur les besoins du terrain. De plus, je pense que ces étudiants n'auront plus le même regard sur l'autisme. L'expérience est très positive et nous incite à la renouveler peut-être avec d'autres types de jeunes en formation."
Emmanuelle Deleplace

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