Londres, le mardi 26 mai – Le journal britannique Financial Times a regroupé plusieurs données épidémiologiques pour dessiner un portrait statistique de la pandémie de coronavirus.
Le temps d’une pandémie, les journalistes économiques du Financial Times, périodique de référence dans les milieux d’affaires européens, se sont convertis en épidémiologistes. Plus habitués à manipuler les chiffres de production, de rentabilité et de croissance, l'équipe du journal se penche désormais sur les nombres de morts et de contaminations pays par pays. Le Financial Times a ainsi mis en place un dossier épidémiologique complet en agglomérant des milliers de données statistiques, permettant ainsi de prendre véritablement conscience de l’ampleur d’une pandémie qui a tué à ce jour près de 350 000 personnes dans le monde.
La pandémie d’est en ouest
Le dossier épidémiologique du Financial Times permet de retracer le parcours du SARS-Cov-2. Malgré l’accélération de la mondialisation, la pandémie actuelle, comme les précédentes, n’a touché les différentes régions du monde qu’à plusieurs semaines d’intervalles. Le coronavirus a ainsi d’abord frappé l’Extrême-Asie en janvier, avec d’abord la Chine, berceau de l’épidémie, puis ses voisins coréens, japonais et thaïlandais. L’épicentre de l’épidémie s’est ensuite déplacé en mars en Europe occidentale (Italie, Espagne, France, Royaume-Uni) puis aux Etats-Unis en avril. Selon les dernières données, c’est désormais l’Amérique latine (et notamment le Brésil) qui est en passe de devenir le nouveau point chaud de l’épidémie.
Etat par état, les données colligées par le Financial Times permettent de déterminer si un pays a passé le pic de l’épidémie et quand. En France, le pic a été atteint le 16 avril dernier : à cette date, notre pays déplorait, en moyenne sur les sept derniers jours, 893 morts quotidiens (contre 94 morts au 24 mai). Par comparaison, alors que les états européens ont connu leur pic mi-avril, les Etats-Unis ne connaissent une lente baisse de la mortalité que depuis début mai, tandis qu’elle continue de progresser fortement au Brésil (multiplication par six de la mortalité en un mois).
Une mortalité générale augmentée de 67 % au Royaume Uni mais stable au Danemark, en Islande, en Norvège et en Israël
Au-delà du bilan officiel par pays, les journalistes du Financial Times se sont penchés sur la hausse de la mortalité générale. Selon la plupart des épidémiologistes, cette hausse donne une image plus fidèle de l’épidémie, puisqu’elle permet de compenser les disparités entre les pays quand aux capacités de dépistage et au recensement des morts (certains états continuant de ne comptabiliser que les décès à l’hôpital).
L’analyse de la surmortalité générale laisse malheureusement présager que le bilan réel de l’épidémie est bien plus lourd que celui qui transparait du décompte officiel des victimes. Le 26 avril dernier, le Financial Times avait déjà émis l’hypothèse que la Covid-19 ait pu tuer 60 % de personnes de plus qu’annoncé officiellement.
Cette disparité entre bilan officiel et bilan réel ne concerne pas que les pays pauvres, au moyen de dépistage limité et à l’organisation erratique. Ainsi au Royaume-Uni, l’analyse de la surmortalité générale (+67 %) aboutit à un bilan de 54 000 morts supplémentaires depuis le début de l’épidémie, bien au-dessus des 37 000 décès officiels.
Les villes, où la densité de population est la plus forte, sont logiquement les plus durement touchés par l’épidémie : la mortalité toutes causes a augmenté de 400 % à New York, 170 % à Madrid, 100 % à Paris.
Et maintenant la crise économique
Enfin, les analystes du Financial Times ont comparé les réponses des différents pays à la pandémie, grâce à un « indice de confinement » élaboré par l’université d’Oxford. Plus un gouvernement a pris des mesures restrictives (comme la fermeture des écoles ou l’interdiction des rassemblements), plus l’indice de confinement de l’état est élevé. Au total, 140 pays dans le monde ont pris des mesures de distanciation sociale plus ou moins drastiques. Mi-avril, c’était 4,5 milliards de personnes, soit 58 % de la population mondiale, qui était placés en confinement.
Ces dernières semaines, l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis ont commencé à lever ces mesures et à prendre le chemin prudent du déconfinement, afin d’éviter d’aggraver une crise économique qui s’annonce d’une envergure sans précédent. Les journalistes du Financial Times ne vont sans doute pas tarder à abandonner leurs habits d’épidémiologistes pour retrouver leur domaine de prédilection.
QH
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