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jeudi 28 mai 2020

"Le suivi de nos patients a été assuré" - entretien avec Pascal Favré, psychiatre

28.05.20

La Seine-Saint-Denis a été touchée de plein fouet par la crise du Covid-19, avec une surmortalité exceptionnelle due au virus. Dans ce département, le plus pauvre de France*, les hôpitaux psychiatriques ont dû également faire face. L'établissement public de Ville-Evrard (situé à Neuilly-sur-Marne, en Seine-Saint-Denis) spécialisé en santé mentale accueille chaque année quelque 30 000 patients enfants, adolescents ou adultes et hospitalise environ 4 000 d’entre eux. Pendant la crise sanitaire, l’établissement a dû se réorganiser très rapidement pour assurer l’accueil et le suivi des patients. Quel a été l’impact de la crise sur les personnes atteintes de troubles psychiatriques ? Comment l’hôpital a-t-il assuré leur suivi malgré le confinement ? Pascal Favré, psychiatre chef de pôle à l’hôpital de Ville-Evrard, a répondu à nos questions.



Quels sont les profils de patients dont vous vous occupez ?

"Le service dont je suis responsable est un service de psychiatrie pour les adultes à partir de 18 ans. Nous avons une typologie de patients assez diversifiée – nous prenons ainsi en charge des personnes qui souffrent de troubles du spectre de la schizophrénie, de troubles bipolaires (de l’humeur), de la personnalité, de troubles anxieux. Nous avons également une offre de soins pour les personnes qui souffrent de psycho-traumatismes (victimes de braquage, d’un accident de la circulation, cas d’emprise au sein du couple, traumatisme sexuel ou bien encore, pendant la crise sanitaire, personnes souffrant de deuils pathologiques ou personnels de santé soumis à des conditions de travail extrêmement difficiles…)
Nous accueillons environ 1500 patients adultes par an sur deux communes, Neuilly-sur-Marne et Gagny. Et nous avons une particularité : nous animons également un centre de consultations et un Centre d’Activités Thérapeutiques à Temps Partiel (CATTP) pour une patientèle de 300 adolescents et jeunes adultes (de 12 à 25 ans)."

En tant que membre de la cellule de crise, avec l’arrivée du Covid en France, vous avez dû réorganiser l’établissement dans lequel vous exercez, notamment en créant une unité dédiée ? Quelles organisations avez-vous mises en place ?


"Dans un premier temps, nous avons créé ex-nihilo une unité spécialisée qui d’abord comportait 11 lits, puis rapidement 20 lits, destinée à des patients ayant contracté l’infection au SARS-CoV-2 (test PCR positif), accueillis en chambre seule. C’est une unité à laquelle de nombreux services de psychiatrie de notre établissement ont contribué - des professionnels ont ainsi quitté leurs services habituels pour y travailler, et notamment des professionnels de mon service. Nous l’avons mise en place très rapidement, entre le 16 et le 20 mars 2020. Nous avons aussi complètement réorganisé la filière d’admission des patients en hospitalisation temps plein. Dès le 13 mars, nous avons interrompu les activités des Centre d’Activités Thérapeutiques à Temps Partiel (CATTP) et des hôpitaux de jour. Les 16 et 17 mars 2020, nous avons demandé à l’ensemble des collègues de contacter tous leurs patients pour les prendre en charge en consultation à distance, soit par téléphone soit en visioconférence. En ambulatoire, nous avons fait le choix dans le service d’augmenter le nombre de visites au domicile des patients (que nous avons multipliées par 3). Il était préférable que les patients respectent les obligations du confinement grâce à ce déplacement des équipes à leur domicile. Cette organisation a permis que les conséquences de l’isolement social lié au confinement n’aient pas été trop dramatiques pour les patients du service demeurés à leur domicile.


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