Paris, le lundi 25 mai – Après avoir été pris en charge tant bien que mal par leurs familles pendant le confinement, les enfants handicapés reprennent le chemin de l’école en ordre très dispersé.
Entre la bonne volonté affichée par le gouvernement depuis plusieurs semaines sur la réouverture des écoles et la réalité dans les établissements scolaires, il y a un monde. Beaucoup d’enfants n’ont pu retourner à l’école que quelques jours et jamais dans des conditions normales. Le décalage est particulièrement important pour les enfants souffrant de handicap. Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et la secrétaire d’Etat chargé du handicap Sophie Cluzel ont beau répéter que le retour à l’école des enfants handicapés est prioritaire, la réalité du terrain est tout autre.
Les enfants handicapés refusés à l’école
De nombreux parents rapportent ainsi que leurs enfants ont été refusés à l’école. Motif : il serait particulièrement difficile de faire respecter les gestes barrières à ces enfants, notamment ceux qui souffrent d’autisme et de handicap mental. En d’autres termes, en cette période particulière où les enseignants doivent adapter leurs conditions de travail à la crise sanitaire, ils n’auraient pas la possibilité de s’occuper d’enfants handicapés, dont l’encadrement demande plus de temps et de moyen. De manière général, au-delà du handicap, il semblerait que les écoles admettent en priorité les enfants les plus « sages », plus faciles à encadrer.
Une situation d’exclusion qui provoque la colère des associations. Avec la FCPE, la première fédération de parents d’élèves, l’Unapei, association qui vient en aide aux handicapés et à leurs familles, a envoyé une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel. Ils leur demandent de joindre les actes à la parole et de mettre en œuvre « des mesures garantissant à tous les enfants une continuité pédagogique et un accompagnent adapté à leur besoins particuliers » afin de respecter la promesse d’édifier une école inclusive.
Un confinement délétère pour les enfants autistes
En attendant que la situation se normalise, les parents d’enfants souffrants de handicap se sentent abandonnés. Le déconfinement représentait pour eux l’espoir d’une libération, alors qu’ils avaient dû bousculer leur quotidien (et bien souvent arrêter de travailler) pour s’occuper à plein temps de leurs enfants. 110 000 enfants handicapés, habituellement soit scolarisés, soit pris en charge dans des instituts médico-educatifs (IME) sont restés confinés chez eux à la suite de la fermeture des écoles et des établissements spécialisés. En revanche, les 270 000 adultes lourdement handicapés que compte notre pays n’ont, pour la plupart, pas dû quitter les maisons d’accueil spécialisés (MAS) et les foyers médicaux, restés opérationnels.
Pour ces enfants autistes ou souffrant de troubles psychiques, qui nécessitent une prise en charge permanente, ce retour à la maison ne se fait pas sans heurt. Beaucoup de parents rapportent avoir malheureusement constaté une régression comportementale chez leurs enfants pendant le confinement. De leurs côtés, les éducateurs des IME ont tenté, tant bien que mal, de continuer à apporter leur aide aux parents et enfants handicapés, soit à distance par téléphone, soit, dans les cas les plus graves, avec des visites à domicile.
Les personnes handicapées s’étaient également vu accorder le droit, dès le 2 avril, de pouvoir se déplacer au-delà de 1km et pendant plus d’1 heure avec un accompagnant. Malheureusement, plusieurs cas de verbalisations abusives de personnes handicapés par les forces de l’ordre ont été signalés durant le confinement. Signe, selon Sophie Cluzel, qu’ « il y a encore une méconnaissance de la façon dont on peut communiquer avec les personnes présentant un trouble intellectuel ».
QH
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