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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 27 mars 2020

Les services médico-sociaux de l'enfance poursuivent leurs accompagnements à distance

Publié le 26/03/20

Comment passer de rendez-vous bien balisés, de rééducations programmées au long cours, d'accompagnements pluridisciplinaires à un suivi à distance ? C'est le défi auquel sont aujourd'hui confrontés les services médico-sociaux de l'enfance.
Les centres d'action médico-sociale précoce (Camsp), les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP), les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (Itep) et les services d'éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) ont fermé leurs portes. Sauf exception, ils ne sont plus habilités à recevoir le public dans cette période de confinement. Pour autant, pas de chômage partiel pour le personnel qui maintient les accompagnements à distance et peut être amené à prêter main forte à d'autres structures sanitaires, médico-sociales ou de protection de l'enfance.

Le stress des femmes enceintes à l'heure du Covid-19

Par Aurore Coulaud — 

Photo Loïc Venance. AFP

Forcées de renforcer leurs précautions, les maternités ont dû changer le déroulement des accouchements, générant une grande angoisse chez les futures mères.

En plein état d’urgence sanitaire, elles sont des milliers de femmes enceintes à redouter le jour J. Non pas tant la possible contamination au Covid-19, certaines d’entre elles s’astreignant déjà à appliquer les principes de précaution de base bien avant le confinement. Mais c’est bien la crainte de se retrouver seule pour accoucher qui les taraude. «C’est ma première grossesse, je n’ai pas du tout envie de vivre ça sans mon conjoint», confie Lucie, 25 ans, tout juste en congé maternité et qui habite Amiens. Même réaction chez Marie, 35 ans, confinée en Normandie et qui attend son troisième enfant : «On a besoin d’un partenaire. Mon conjoint est super-impliqué dans ma grossesse et ce n’est pas envisageable qu’il ne soit pas là pour partager les premiers moments du bébé.»

Confinement en famille : les conseils des Hôpitaux de Marseille

J. Darras  25/03/2020

Confinement en famille : les conseils du service de psychiatrie infanto-juvénile des Hôpitaux Universitaires de Marseill
Les internes du Pôle de Psychiatrie Pédopsychiatrie et Addictologie dirigé par le Pr DA FONSECA ont mis à disposition des usagers cinq guides et une bande dessinée permettant de bien appréhender le confinement sur le site Internet des Hôpitaux Universitaires de Marseille  - AP-HM. Des approches simples pour gérer le séjour à domicile, préparer les enfants au confinement et leur parler de cette crise sanitaire en s’adaptant à leur âge.
Que dire aux enfants sur le COVID-19
Les parents, professeurs et soignants sont maintenant confrontés à la nécessité de parler de l’épidémie de coronavirus aux enfants et aux adolescents. Ces discussions peuvent apparaitre difficiles ou anxiogènes, mais elles sont pourtant nécessaires. Il n’y a pas de « bonnes » ou « mauvaises » manières en soi de s’adresser aux enfants, face à de telles urgences de santé publique. Cependant les équipes du service de psychiatrie infanto-juvénile ont formulés quelques suggestions comme créer un espace de discussion ouvert et sécurisant pour les questions des enfants au sujet de cette épidémie, répondre aux questions le plus honnêtement possible, aider les enfants à aller chercher les sources d’information pertinentes…

Journal de crise des blouses blanches : « La consigne est de se cacher quand le brancard passe »

« Le Monde » donne la parole, chaque jour, à des personnels soignants en première ligne face au coronavirus. Ils racontent « leur » crise sanitaire. Episode 1.

Publié le 22 mars 2020


Ils travaillent à l’hôpital ou en médecine de ville, ils sont généralistes, infirmières, urgentistes, sage-femme : une quinzaine de soignants, en première ligne face à la pandémie de Covid-19, ont accepté de nous raconter leur quotidien professionnel. Chaque jour, dans ce « journal de crise », Le Monde publie une sélection de témoignages de ces « blouses blanches ».

« Une réorganisation de fond en comble pour pratiquer une médecine de catastrophe »

Véronique Manceron, 49 ans, interniste-infectiologue, hôpital Max-Fourestier, Nanterre (Hauts-de-Seine)
« Chez nous, à Nanterre, l’afflux de patients ne fait que commencer, pourtant j’ai le sentiment, en ce vendredi soir [20 mars], d’avoir vécu en quatre jours plus de choses que depuis mon arrivée ici, il y a trois ans. C’est extraordinairement intense, c’est une réorganisation de fond en comble qui est en train d’être mise en place, pour pouvoir pratiquer une médecine de catastrophe.
Tout va très vite. Il y a quelques jours, il a été demandé aux collègues diabétologues, cardiologues, etc., de participer aux astreintes Covid, et de tenir une unité dite “pré-Covid”, pour s’occuper des patients qui présentent des symptômes mais qui sont en attente des résultats du dépistage.
« Aujourd’hui, nous attendons que la vague arrive et l’un des stress forts est celui de la protection des soignants »
Au départ, il y avait chez certains de l’appréhension à sortir de leur discipline. Mais là, on sent un très fort engagement de tout le personnel, tout le monde est mobilisé vers un même objectif, comme si l’hôpital entier s’était entièrement reconfiguré autour d’une seule communauté de soignants. Tout le monde est prêt à prendre sa part, à participer aux astreintes et à organiser dans l’urgence une forme de compagnonnage pour ceux qui devront sortir de leur discipline quand la vague que nous attendons sera là.
Et tout cela se fait à la vitesse de la lumière. Il y a une semaine, on a créé une unité Covid avec vingt lits, mais il a été décidé presque aussitôt d’en ouvrir une deuxième dans les prochains jours. Peut-être que dans moins d’une semaine on décidera d’en ouvrir une troisième. Aujourd’hui, nous attendons que la vague arrive et l’un des stress forts auxquels nous sommes soumis est celui de la protection des soignants, en particulier de la disponibilité des masques, des casaques, des solutés hydroalcooliques… Si seulement nous pouvions être au moins soulagés de cela avant que la situation n’accélère ! »
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Revivez les dernières heures de Pompéi sur France 5

france.tv   Publié le 23/03/2020

Il a suffi de quelques mots tracés au charbon pour remettre en cause une date souvent discutée. Celle de l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C. qui a enseveli les villes d’Herculanum, Stabies, Oplontis et Pompéi. Le site antique a été le théâtre de fouilles récentes qui ont mis au jour non seulement cette inscription, mais aussi des vestiges du quotidien de ses habitants, la chronologie de l’éruption et la manière dont chacun a réagi face à l’événement. Jeudi 26 mars sur France 5.
« Les Dernières Heures de Pompéi ».
« Les Dernières Heures de Pompéi ».
© Gédéon Programmes
En 2010, le monde découvrait effaré les dégradations causées par la mauvaise conservation de l’un des plus célèbres sites antiques européens : Pompéi. Si rien n’était fait rapidement, des pans entiers mis au jour précédemment risquaient de disparaître à tout jamais. Face à l’urgence, l’Europe et l’Italie s’unirent et débloquèrent 105 millions d’euros pour mettre en sécurité les vestiges et permettre de nouvelles fouilles. Un travail entrepris entre 2017 et 2018 par l’équipe du directeur du parc archéologique de Pompéi, Massimo Osanna, dans un triangle de végétation et de lapilli de 2 000 mètres carrés, surnommé le Cuneo, et responsable des infiltrations d’eau qui endommagent alors les ruines.
Ce qui me fascine avec l’archéologie, c’est que la découverte d’une simple inscription au charbon peut nous mener à réécrire l’histoire.
Massimo Osanna, directeur du parc archéologique de Pompéi
Un portrait découvert lors des dernières fouilles
Un portrait découvert lors des dernières fouilles.
© Gédéon Programmes

Les soignants contaminés se prennent en main !




Paris, le jeudi 26 mars 2020 - Difficile de dire, comme dans la population générale, quelle part des soignants a été infectée par le SARS-CoV-2. Mais nul doute qu’en première ligne, les professionnels de santé sont à haut risque d’être contaminés. C’est d’ailleurs la crainte première des personnels hospitaliers et des professionnels de santé libéraux : être infecté et transmettre le virus. Une angoisse renforcée par la pénurie de tests qui touche également les soignants.

D’ailleurs, certains notent que si le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé en début de semaine que toute infection de soignants par le nouveau coronavirus sera reconnue comme maladie professionnelle, il faudrait encore que la pathologie soit dépistée !

Le réseau d'experts numériques de l'Anap se met à la disposition des établissements

Publié le 26/03/20

Dans un communiqué, l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements sanitaires et médico-sociaux (Anap) indique soutenir l'ensemble des professionnels de santé dans le cadre de la crise sanitaire que la France traverse. Concrètement, elle mobilise son réseau d'experts numériques "pour venir en appui aux structures sanitaires et médico-sociales ayant des difficultés avec leur système d’information ou manquant de ressources internes pour faire face à la situation".

La téléconsultation de Predice en Hauts-de-France s'étend à d'autres professions de santé

Publié le 26/03/20



L'ARS Hauts-de-France annonce dans un communiqué que 3 000 médecins sont inscrits au service de téléconsultation de la plateforme Predice. Depuis le 4 mars en effet, l'ARS a accéléré auprès des médecins généralistes et spécialistes de la région le déploiement de ce service face à la propagation de l'épidémie de Covid-19. "Sur la base de ces premiers résultats encourageants et face aux besoins liés à cette situation sanitaire exceptionnelle", l'agence a décidé d'étendre avec ses partenaires "le bénéfice des services de télésanté du programme Prédice à d’autres professionnels de santé".

jeudi 26 mars 2020

Les élites et la peste, 1347 : " Partir tôt, loin, longtemps"



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DE TOUT TEMPS, L'EXODE DES ÉLITES

Retour sur l'épisode de choléra en 1832, par notre chroniqueuse Mathilde Larrère, qui retrace le parcours de cette épidémie partie elle aussi d'Asie. A Paris, début 1832, on moque encore l'épidémie, préparant des masques de carnaval "choléra". "L'épidémie touche une population qui se croyait protégée par sa science". La maladie choque d'autant plus que les manifestations physiques en sont violentes. Les journaux sont appelés à "rassurer les esprits". Les morts sont enterrés de nuit, provoquant davantage de panique.

A l'époque déjà les citadins s'exilent loin de la ville. Un comportement qui rappelle celui, médiatisé à la télé, critiqué sur les réseaux sociaux, de Parisiens quittant la ville pour se confiner dans leur résidence secondaire contre le Covid-19. "On dit les Parisiens, mais ce sont en fait les élites bourgeoises des villes", précise Chandelier. Le médiéviste rappelle ainsi que le Decameron de Boccace raconte exactement cela : "La ville est frappée par la peste, des jeunes gens de très bonne famille vont à la campagne et décident de passer du bon temps". "Il y a une justification médicale pour eux : on fuit la zone de contamination. Mais évidemment les historiens pensent aujourd'hui que ça a contribué fortement à la diffusion de la maladie à la campagne". Un phénomène courant et "classique" pour les élites, "qui ont les moyens".

Chandelier note d'ailleurs que si 50% de la population européenne a été victime de la peste, si l'on regarde "du côté des cardinaux, de la cour d'Avignon et de leur entourage très riche, ça tourne plutôt autour de 15, 20%". Bourdelais note que cet exode est, au fond, "l'application du conseil d'Hippocrate : partir tôt, loin et longtemps". 


Ce que le coronavirus me dit Psychiatrie : regarder ces corps imploser

 PAR 

Covid-19 : "Un confinement de plus de dix jours peut causer des syndromes de stress post-traumatique"

Par Diane Berger  23/03/2020

Catherine Tourette-Turgis, directrice du master en éducation thérapeutique à Sorbonne-Université, a analysé les études qui existent sur le confinement. Les conséquences psychologiques sont nombreuses et doivent être anticipées.
Pour la psychologue Catherine Tourette-Turgis, "Il faudra du soin de santé mentale pour certains, auprès de psychiatres, mais aussi des aides sociales, des aides logistiques, pendant et après le confinement."
Pour la psychologue Catherine Tourette-Turgis, "Il faudra du soin de santé mentale pour certains, auprès de psychiatres, mais aussi des aides sociales, des aides logistiques, pendant et après le confinement." Crédits : Max Oppenheim - Getty
A quoi s'attendre quand on demande à la population d'un pays entier de rester chez elle pendant dix jours, deux semaines, un mois, voire plus ? Quels vont être les effets sur son mental, sur ses comportements sociaux ? Et quelles pathologies pourraient apparaître ?  
Alors qu'un milliard de personnes sont désormais confinées dans le monde, depuis ce mardi 17 mars en France, pour limiter la propagation du Covid-19, la psychologue Catherine Tourette-Turgis a décortiqué les études scientifiques sur les effets psychiques de la quarantaine. Et la fondatrice de l'Université des patients, directrice du master en éducation thérapeutique à Sorbonne-Université, veut rappeler l'importance du soutien face à un phénomène qui peut être aussi difficile à vivre qu'une catastrophe naturelle.

mercredi 25 mars 2020

La mort de la psychanalyste Marguerite Derrida

Formée à la Société psychanalytique de Paris, clinicienne, traductrice de plusieurs ouvrages, dont ceux de la psychanalyste Melanie Klein, elle épouse le philosophe Jacques Derrida en 1957. Elle est morte le 21 mars, à l’âge de 87 ans.
Par  Publié le 25 mars 2020

Marguerite Derrida, à Ris-Orangis (Essonne), en janvier 2001.
Marguerite Derrida, à Ris-Orangis (Essonne), en janvier 2001. JOEL ROBINE / AFP

Née à Prague, le 7 juillet 1932, d’une mère tchèque – Marie Alferi – et d’un père français, Marguerite Derrida, psychanalyste, est morte à Paris, samedi 21 mars, des suites du Covid-19, dans la maison de retraite de la Fondation Rothschild.
Elle était issue d’une famille de brillants intellectuels, tous normaliens, traducteurs de langues slaves et passionnés de littérature. Gustave Aucouturier (1902-1985), son père, agrégé d’histoire, journaliste, voyageur infatigable, fut correspondant de l’agence Havas à Moscou puis à Belgrade. Quant à son frère, Michel Aucouturier (1933-2017), agrégé de russe, enseignant, éminent spécialiste des œuvres de Boris Pasternak et de Léon Tolstoï, il est considéré comme l’une des grandes figures de la slavistique française et internationale.
C’est par son intermédiaire qu’elle fait la connaissance de Jacques Derrida, en 1953, lors d’un séjour aux sports d’hiver, où se retrouvent plusieurs condisciples de l’Ecole normale supérieure. Elle entreprend alors des études de russe, qu’elle est contrainte d’abandonner pour cause de tuberculose. Elle le revoit un an plus tard, à la suite d’un séjour en sanatorium. En gage d’amour, il lui offre un ouvrage d’Albert Camus, Noces (1938) « Il a une vénération pour cette œuvre de jeunesse, écrit Benoît Peeters, biographe de Derrida, qui lui permet surtout de faire entrevoir à la jeune fille le monde algérien dans lequel il a grandi » (Flammarion, 2010).

Françoise Barré-Sinoussi : « Ne donnons pas de faux espoirs, c’est une question d’éthique »

La virologue Françoise Barré-Sinoussi, nommée à la tête du Comité analyse recherche et expertise, installé par l’Elysée mardi 24 mars, appelle à la prudence envers le déploiement d’un traitement contre le coronavirus.
Propos recueillis par  Publié le 24 mars 2020

Françoise Barré-Sinoussi, le 10 mars 2020, à Paris.
Françoise Barré-Sinoussi, le 10 mars 2020, à Paris. Moreau-Perusseau/bestimage

Co-lauréate 2008 du prix Nobel de médecine pour sa participation à la découverte du VIH à l’Institut Pasteur en 1983, la virologiste Françoise Barré-Sinoussi, présidente de l’association Sidaction, a été nommée à la tête d’un Comité analyse recherche et expertise, composé de douze chercheurs et médecins, installé par l’Elysée mardi 24 mars. Ce comité sera chargé de conseiller le gouvernement pour tout ce qui concerne les traitements du Covid-19. Elle s’inquiète des fausses nouvelles qui circulent à propos de l’épidémie due au coronavirus.

Vous qui avez participé à la découverte du virus du sida, vous êtes restée silencieuse jusqu’à présent. Pourquoi vous exprimer aujourd’hui ?

Je suis inquiète, comme tout le monde, face à cette épidémie, qui me rappelle en bien des points beaucoup de choses douloureuses des débuts de l’épidémie de VIH-sida. C’est bien que les experts qui ont les mains dans le cambouis s’expriment, dont certains d’ailleurs ont vécu les premières années de l’épidémie de sida. Mais lorsque j’ai vu les dérives de ces derniers jours, je me suis dit que c’était aussi de ma responsabilité de m’exprimer. On entend parfois n’importe quoi, par exemple, parler de bactéries alors qu’il s’agit d’une infection virale.
Je réagis aussi à la vue, ces dernières heures, des files d’attente devant l’Institut hospitalo-universtaire de Marseille pour bénéficier d’un traitement, l’hydroxychloroquine, dont l’efficacité n’a pas été prouvée de façon rigoureuse. Certains peuvent être contaminés et risquent de diffuser le virus. C’est n’importe quoi. J’ai connu ce genre de situation dans les années 1980, ce qui peut semer la confusion auprès du grand public, déjà sidéré par l’ampleur de cette épidémie.

"Ne soyons pas les oubliés de cette épidémie": l'appel de la directrice de l'établissement psychiatrique Sainte-Marie à Nice

PAR AXELLE TRUQUET Mis à jour le 24/03/2020



La directrice de Sainte-Marie, l’établissement psychiatrique niçois, en appelle à la raison. Manque de moyens, personnels à bout de souffle, patients à risque, le pire pourrait bien être à venir
La directrice de Sainte-Marie, l’établissement psychiatrique niçois, en appelle à la raison. Manque de moyens, personnels à bout de souffle, patients à risque, le pire pourrait bien être à venir Photo E.O.

La directrice de Sainte-Marie, l’établissement psychiatrique niçois, en appelle à la raison. Manque de moyens, personnels à bout de souffle, patients à risque, le pire pourrait bien être à venir.

"On court à la catastrophe." Stéphanie Durand, directrice du centre hospitalier psychiatrique Sainte-Marie de Nice, ne mâche pas ses mots.
"Les premiers cas de patients diagnostiqués Covid-19 sont apparus ce week-end et ce n'est qu'un début. Manque de moyens, manque de personnel... Les soignants sont inquiets et moi aussi. J’ai alerté les pouvoirs publics mais la psychiatrie en France semble être délaissée. Ne soyons pas les oubliés de cette épidémie."
Comment expliquer à une personne lourdement handicapée psychiquement qu’il faut respecter des mesures de distanciation sociale ? Comment gérer les patients chez qui monte l’angoisse? Comment les soigner sans masques?
A Nice, le CHU et le CH Sainte-Marie se sont coordonnés afin de limiter les hospitalisations pour éviter les risques de contagion du Covid-19. Cela a permis notamment de diminuer un peu le flux aux Urgences psychiatriques. Mais quid des malades hospitalisés?

Le HCSP précise les conditions de levée du confinement pour les soignants infectés

Publié le 24/03/20

Les critères cliniques permettant une levée des mesures de confinement des personnes cas Covid-19 ont évolué depuis le début de l'épidémie. Le HCSP se focalise sur le cas particulier des personnels de santé dans le souci d'une continuité des soins.
Dans un avis rendu le 5 mars sur la prise en charge des cas confirmés d'infection au virus Sars-Cov-2, le Haut Conseil à la santé publique (HCSP) avait retenu des critères pour autoriser la sortie de secteur d'isolement d'un patient cas confirmé de Covid-19. Pour un patient non traité, il préconisait la disparition des symptômes associés à l’infection et deux tests de dépistage (RT-PCR) sur des prélèvements naso-pharyngés négatifs réalisés à 48 heures d'intervalle. Mais "la situation épidémiologique actuelle", avec le passage au stade 3 de l'épidémie au 14 mars, ne rend "plus applicables" ces recommandations, estiment les experts dans un nouvel avis rendu le 16 mars.

Les Ehpad dans la crainte de l’hécatombe

Par Catherine Mallaval Sylvain Mouillard Marie Piquemal et Virginie Ballet — 
Dans un Ehpad toulousain le 20 février.
Dans un Ehpad toulousain le 20 février. Photo F. Scheiber. Hans Lucas

Depuis le début de l’épidémie, plusieurs établissements pour personnes âgées auraient déjà enregistré leurs premiers morts du coronavirus. Alors que le matériel et les personnels manquent dans de nombreuses structures, tous redoutent un bilan terrible faute de protocole dédié.

    «Nous avons le regret de confirmer, à ce jour, 20 décès en lien possible avec le Covid-19.» Dans un communiqué commun, l’agence régionale de santé (ARS) et la préfecture des Vosges ont fait état lundi de la situation dramatique dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Cornimont, commune de 3 000 habitants à une vingtaine de kilomètres de Gérardmer. Désormais, la présence du coronavirus dans plusieurs maisons de retraite un peu partout en France ne fait plus de doute. Avec parfois une issue fatale pour certains résidents, même si le lien avec le Covid-19 est probable mais pas sûr à 100 %, les tests n’étant pas effectués post mortem. Depuis le début de l’épidémie, quinze personnes sont mortes dans un établissement de Thise (Doubs), sept à Sillingy (Haute-Savoie), cinq à Mauguio (Hérault)… Lundi, l’ARS d’Ile-de-France indiquait que 124 Ehpad de la région comptaient au moins deux cas diagnostiqués.

    «On va vers une hécatombe dans les Ehpad», a alerté lundi sur RTL Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France, se faisant l’écho des craintes exprimées par de nombreux professionnels. La semaine dernière, plusieurs d’entre eux alertaient le ministre de la Santé, Olivier Véran, redoutant la mort de plus de 100 000 personnes âgées dépendantes. Pour tenter de faire face, le gouvernement a d’abord demandé aux Ehpad d’activer leur «plan bleu», dispositif né après la canicule de 2003. Depuis le 11 mars, toutes les visites extérieures sont suspendues. Mais la propagation du Covid-19 semble difficile à enrayer.

« On a tout fait et ça n’a pas suffi » : le traumatisme des soignants de l’Ehpad de Saint-Dizier face aux seize victimes du coronavirus

L’établissement de Haute-Marne avait mis en place les mesures de confinement, sans parvenir à empêcher le Covid-19 d’atteindre ses résidents.
Par  Publié le 25 mars 2020
Dans un Ehpad du sud de la France, le 12 mars.
Dans un Ehpad du sud de la France, le 12 mars. Frantz Bouton / PHOTOPQR/NICE MATIN/MAXPPP
Jérôme Goeminne, le directeur du Groupement hospitalier de territoire cœur Grand Est, commence sa conférence de presse sur le ton froid et maîtrisé d’un technicien. Il annonce seize décès consécutifs à l’Ehpad le Chêne de Saint-Dizier (Haute-Marne), qui est sous sa supervision. Autour de la table, une petite dizaine de médecins et cadres de santé sont en renfort pour expliquer « en toute transparence une situation catastrophique ».
« Seize personnes sont mortes, alors que nous avions pris avant tout le monde, en amont du temps national, toutes les mesures de confinement. On était superfiers d’être les bons élèves, on avait compris l’Italie, on avait compris l’Alsace, on savait qu’on serait les suivants, on a tout fait et ça n’a pas suffi. » Et le directeur d’égrener, comme pour parer à toute critique, la liste des dispositifs mis en place : « Le 5 mars on a limité les visites, le 8 mars on a isolé les résidents dans leur chambre, le 11 on a interdit les visites, le 13 mars masques pour tout le monde, et le 15 mars premier décès. » Les deux premières victimes sont évacuées à l’hôpital tout proche et testées : le Covid-19 est entré dans l’établissement. « Résident ? agent ? visite familiale ? on a aucune idée de qui est responsable de ce cauchemar collectif. »