par Eric Favereau publié le 16 avril 2024
C’est finalement la bonne idée : faire l’impasse sur la question de la crise et les moyens. Et imaginer tout simplement l’avenir de la pédopsychiatrie, cette discipline essentielle mais aujourd’hui sinistrée. C’est en tout cas l’idée du rapport que vient de terminer le professeur Bruno Falissard, qui préside la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et des disciplines associées, intitulé «Quelle pédopsychiatrie pour le second quart du XXIe siècle ?», que Libération a pu consulter.
La crise et les plaintes ont en effet souvent pour conséquences de tout obscurcir. On ne voit plus rien et on n’entend que des plaintes. Or la pédopsychiatrie subit un bouleversement impressionnant, avec un nombre sans égal de postes vacants (30 % des postes de psychiatres hospitaliers sont sans titulaire), près de 20 départements en France sans le moindre spécialiste, des listes d’attente interminable – de six mois en moyenne – dans les moindres lieux de consultation, et enfin dans un contexte général d’une multiplication de pathologies psychiatriques chez les enfants et adolescents depuis le confinement.
Dans ce contexte, ce rapport est important car il ouvre des pistes. Et se veut le socle des très attendues Assises de la refondation de la pédopsychiatrie, qui se tiendront mardi 23 avril. Son auteur, Bruno Falissard, est à part. Ni pessimiste ni optimiste. C’est un clinicien, au parcours étonnant : polytechnicien, pédopsychiatre à la tête de la plus importante équipe de recherche en épidémiologie. Avec le temps, il est devenu une personnalité repère, mesuré et distant devant les violents conflits qui ont secoué sa discipline entre les tenants de la psychanalyse et les partisans des neuro-comportementalistes. «Mon rôle est de soulager les souffrances, insiste-t-il. Aujourd’hui, l’atmosphère est beaucoup plus détendue, les grandes querelles sont derrière nous.» Son rapport est conçu autour de cinq grands thèmes : la société, les savoirs, les soins, les soignants et l’organisation du système de soin.
«Se servir de tout ce qui marche et soulage»
D’abord, l’état de la société. «Tout le monde a joué le jeu, aussi bien les juges pour enfants, les psy, les associations de parents, le ministère aussi. Tout le monde a besoin de parler, d’échanger.» Les raisons ? «La société change, cela nous interpelle tous. Les adolescents ont des interrogations lourdes comme la question identitaire. Il y a les troubles neurologiques, la question de la neurodiversité. Et puis il y a les chocs inédits provoqués par le Covid, et nous avons au bout du compte la prise de conscience par tous que les ados ne vont pas bien et que c’est compliqué.» Que faire, alors ? Et surtout comment faire ? «D’abord au niveau des savoirs, insiste le chercheur dans son rapport. Il y a une tolérance qui émerge entre les différentes pratiques.»
Premier constat : «Concernant les neurosciences, bien qu’elles aient progressé de façon spectaculaire et qu’elles permettent de mieux comprendre certains processus pathologiques, elles n’ont encore que des applications pratiques limitées.» Et, de l’autre côté, «pendant longtemps, la psychanalyse a été une source quasi exclusive de savoir fondamental en pédopsychiatrie. Elle est aujourd’hui particulièrement critiquée. Par certains aspects avec raison. Certains psychanalystes ayant mis en cause de façon caricaturale, culpabilisante et erronée les parents dans la survenue des problèmes de leurs enfants». Pour autant, «la psychanalyse peut aider certains à mieux comprendre les situations cliniques complexes et douloureuses auxquelles ils ou elles sont confrontées». Bref, il faut marcher sur les deux jambes. Le maître mot est l’ouverture à tous les savoirs, à tous les soins. Et «se servir de tout ce qui marche et soulage».
Dans ce contexte, ce rapport est important car il ouvre des pistes. Et se veut le socle des très attendues Assises de la refondation de la pédopsychiatrie, qui se tiendront mardi 23 avril. Son auteur, Bruno Falissard, est à part. Ni pessimiste ni optimiste. C’est un clinicien, au parcours étonnant : polytechnicien, pédopsychiatre à la tête de la plus importante équipe de recherche en épidémiologie. Avec le temps, il est devenu une personnalité repère, mesuré et distant devant les violents conflits qui ont secoué sa discipline entre les tenants de la psychanalyse et les partisans des neuro-comportementalistes. «Mon rôle est de soulager les souffrances, insiste-t-il. Aujourd’hui, l’atmosphère est beaucoup plus détendue, les grandes querelles sont derrière nous.» Son rapport est conçu autour de cinq grands thèmes : la société, les savoirs, les soins, les soignants et l’organisation du système de soin.
«Se servir de tout ce qui marche et soulage»
D’abord, l’état de la société. «Tout le monde a joué le jeu, aussi bien les juges pour enfants, les psy, les associations de parents, le ministère aussi. Tout le monde a besoin de parler, d’échanger.» Les raisons ? «La société change, cela nous interpelle tous. Les adolescents ont des interrogations lourdes comme la question identitaire. Il y a les troubles neurologiques, la question de la neurodiversité. Et puis il y a les chocs inédits provoqués par le Covid, et nous avons au bout du compte la prise de conscience par tous que les ados ne vont pas bien et que c’est compliqué.» Que faire, alors ? Et surtout comment faire ? «D’abord au niveau des savoirs, insiste le chercheur dans son rapport. Il y a une tolérance qui émerge entre les différentes pratiques.»
Premier constat : «Concernant les neurosciences, bien qu’elles aient progressé de façon spectaculaire et qu’elles permettent de mieux comprendre certains processus pathologiques, elles n’ont encore que des applications pratiques limitées.» Et, de l’autre côté, «pendant longtemps, la psychanalyse a été une source quasi exclusive de savoir fondamental en pédopsychiatrie. Elle est aujourd’hui particulièrement critiquée. Par certains aspects avec raison. Certains psychanalystes ayant mis en cause de façon caricaturale, culpabilisante et erronée les parents dans la survenue des problèmes de leurs enfants». Pour autant, «la psychanalyse peut aider certains à mieux comprendre les situations cliniques complexes et douloureuses auxquelles ils ou elles sont confrontées». Bref, il faut marcher sur les deux jambes. Le maître mot est l’ouverture à tous les savoirs, à tous les soins. Et «se servir de tout ce qui marche et soulage».
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