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mercredi 17 avril 2024

Cinq livres jeunesse sur la bipolarité à hauteur d’enfant

Par    Publié le 13 avril 2024 

« Mon papa tellement », « Calme et tempête », « Ma mère à deux vitesses »… Des albums sensibles qui portent les questionnements d’enfants sur une maladie encore méconnue.

Mon papa tellement

« Mon papa tellement », d’Emmanuelle Babin, illustré par Ptit Shou. 

C’est un petit lapin qui adore passer du temps avec son papa, mais qui ne comprend pas pourquoi, parfois, celui-ci s’énerve un peu fort, est très triste ou passe ses journées dans son lit. Ce petit lapin, à qui on parle de maladie, de temps nécessaire, se demande ce qu’il a bien pu faire pour que son papa soit dans cet état ou ce qu’il devrait faire pour qu’il se sente mieux.

Le mari de l’autrice, Emmanuelle Babin, « tombe malade » à la naissance de leur premier fils, il y a huit ans. Il est ensuite diagnostiqué bipolaire. « J’avais peur que mon enfant se sente ignoré ou coupable. J’ai fabriqué ce livre quand il était tout petit avec des montages photo », dit la conseillère en communication, dont le compagnon s’est depuis stabilisé, et qui a eu un deuxième enfant. Emmanuelle Babin a décidé d’autoéditer ce livre en 2023, grâce à une plate-forme de financement participatif et avec l’aide d’une pédopsychiatre pour trouver les bons mots. Un livre à mettre dans toutes les écoles maternelles, pour permettre aux tout-petits de mieux comprendre la souffrance psychique. Une histoire sans drame, pleine d’émotions et, surtout, résolument optimiste.

« Mon papa tellement », d’Emmanuelle Babin, illustré par Ptit Shou (autoédité, 2023, 274 p.,  disponible sur le site Matribu-communication.fr). A partir de 3 ans

Calme et tempête

« Calme et tempête », de Maeva Rubli. 

Deux garçons se rencontrent dans la cour de récréation. Une scène banale qui marque le début de nombreuses amitiés enfantines… mais la banalité, ni l’un ni l’autre ne savent ce que c’est. Tous deux vivent des situations familiales complexes auxquelles ils font face avec la même astuce : une boîte secrète dans laquelle ils tentent d’enfermer l’objet de leur tourment. Pour Nino, c’est la tempête qui finit toujours par s’emparer de son père drôle et fantasque. Enée, lui, cherche à canaliser le vide écrasant qui règne à la maison quand le sourire de sa mère s’efface brusquement. Leur rencontre leur permettra de créer un équilibre entre vide et tempête… Deux histoires qui se lisent en miroir dans un album tête-bêche.

Maeva Rubli est une illustratrice suisse, dont la mère souffrait de troubles bipolaires. « La question que je me suis posée, dit-elle, c’est : qu’est-ce que j’aurais aimé lire quand j’étais enfant. L’idée du livre, c’est que l’on porte une boîte avec soi qui peut être lourde, mais ça peut aussi être une richesse et nourrir une forme de créativité. » L’album, d’une poésie absolue, qui joue sur les contrastes entre la noirceur du vide et la beauté des couleurs, est un lieu où l’enfant peut se perdre et laisser libre cours à son imagination. L’image du milieu finit sur un monde qui commence à se créer, aussi, grâce à l’amitié.

« Calme et tempête », de Maeva Rubli (La Joie de lire, 40 p.). A partir de 6 ans


Le Perroquet

 Le Perroquet », de Espé.  

Bastien a 8 ans. Et sa maman est malade. Souvent, elle fait ce que son papa et ses grands-parents appellent des « crises ». D’après les médecins, elle souffrirait de « troubles bipolaires à tendance schizophrénique ». Souvent, la maman de Bastien est conduite à l’hôpital. Quand elle en revient, abrutie par tous les traitements, elle ne réagit plus, n’a plus d’envie et semble totalement perdue. Alors, Bastien attend que sa mère sorte de son apathie pour passer de nouveau du temps avec elle. Jusqu’à la prochaine crise.
S’inspirant de son propre vécu, Espé livre un récit à hauteur d’enfant aussi personnel qu’universel, celui d’un gamin perdu dans une réalité où l’imaginaire est le seul refuge. L’auteur dit avoir mis trente ans à raconter cette histoire. Avec son trait précis et ses teintes monochromes, Espé nous plonge dans le quotidien d’une famille vivant au rythme du parent malade. Une bande dessinée toujours poignante, parfois drôle, et qui évite le pathos.

« Le Perroquet », d’Espé (Glénat, 2017, 160 p.).

Maman n’est plus comme avant

« Maman n’est pas comme avant », de Katia M’bailara, Léa Zanouy, Marie Thomas. Illustré par  Louise Catherine Bergeron.   

Alexis est inquiet. Depuis quelque temps, sa mère a des comportements bizarres qu’il ne comprend pas. Par périodes, elle est excitée comme une puce alors qu’à d’autres moments elle passe ses journées au lit à ne rien faire. Il comprend bien que maman est malade, mais va-t-elle un jour guérir ? Redeviendra-t-elle comme avant ? Pourquoi est-elle malade ? Est-ce de sa faute ?… En obtenant des réponses à ses questions, Alexis sera rassuré. Cet ouvrage plein de sensibilité est le fruit de la collaboration entre trois psychologues et une illustratrice. A la fin du livre, les auteurs proposent un volet d’information destiné aux parents et aux éducateurs.

« Maman n’est plus comme avant », de Katia M’Bailara, Léa Zanouy, Marie Thomas, illustré par Louise Catherine Bergeron (Dominique et Compagnie, 2018, 24 p.)

Ma mère à deux vitesses

« Ma mère à deux vitesses », de Benoit Broyard, illustré par  Laurent Richard.  

« Elle n’est pas normale ma mère. Soit on ne fait rien, soit on court. Et elle court beaucoup plus vite que moi… » En suivant les douze mois de l’année, Benoît Broyart, dont la mère était bipolaire, raconte, avec un regard lucide, mais aussi avec tendresse, le quotidien parfois difficile d’un enfant dont la mère est atteinte de troubles psychiques. Sans condescendance ni morale. A la fin de l’album, deux doubles pages documentaires rédigées avec un psychologue permettent d’expliquer cette maladie et d’aider les enfants à adopter un regard le plus serein possible face à elle.

« Ma mère à deux vitesses », de Benoît Broyart, illustré par Laurent Richard (Hygée Editions, 2019, 30 p.). A partir de 6 ans


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