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Depuis janvier 2024, un centre d’échographie à Châteauroux (36) propose aux futurs parents aveugles ou malvoyants des échographies en 3D, qui leur permettent de deviner les traits de leur enfant à naître. En quoi l’expérience du toucher permet-elle d’appréhender la grossesse et la venue de l’enfant ? Pistes de réponse avec le philosophe Eugène Minkowski.
Il fut un temps ou les parents découvraient leur enfant pour la première fois au moment de l’accouchement. Impossible, avant cela, de se figurer une image du petit corps en gestation, dans le ventre de la mère. Mais depuis les années 1970, date à laquelle a été inventée l’échographie obstétrique, il est possible de percevoir son enfant avant qu’il ne vienne au monde, de deviner ses contours, d’appréhender sa position dans le ventre, et même, si on le souhaite, de connaître son sexe biologique. Hélas, cette étape rituelle, souvent très chargée émotionnellement, réitérée en France au minimum à trois reprises au cours de la grossesse, n’est pas accessible dans son entièreté à tous les parents.
Les malvoyants (qui représentent 1,7 million de personnes en France selon l’OMS) sont en effet privées de cette expérience visuelle parfois fondamentale, permettant de concrétiser, par l’image, ce qu’il se passe à l’intérieur de l’utérus maternel. C’est pour pallier cette inégalité que le gynécologue Jean-Marc Levaillant a mis au point un système permettant d’imprimer en trois dimensions le visage et le corps du fœtus. Les futurs parents aveugles ou malvoyants, qui se voient remettre un moulage tri-dimensionnel, peuvent ainsi découvrir les traits de leur futur enfant. Cette technique, aussi appelée « échographie haptique » (du grec hapto, ἅπτω, « toucher »), est selon Jean-Marc Levaillant une « réappropriation de l’échographie ». Il ne s’agit pas de proposer ce dispositif à tous les parents, mais bien d’adapter un système existant à ceux qui ne peuvent y avoir accès par la vue.
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