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mercredi 17 avril 2024

Marie-France Hirigoyen, une psy à l’écoute des blessures invisibles

Par    Publié le 16 avril 2024

Ce jour ensoleillé de mars, assise sur son canapé, mains jointes sur les genoux, Marie-France Hirigoyen laisse s’installer le silence. Elle a davantage l’habitude d’écouter que de se raconter. A une vingtaine de minutes de son appartement du 5arrondissement de Paris, de l’autre côté du parc du Luxembourg, elle reçoit chaque année, depuis quarante-cinq ans, des centaines de patients dans son cabinet de psychiatre, psychanalyste, victimologue et thérapeute familiale systémique.

Des milliers d’heures consacrées à écouter les petites et grandes souffrances d’hommes et de femmes abîmés par des violences invisibles, des violences sans coups ni blessures physiques, des violences ordinaires ou massives. Elle a préféré recevoir chez elle, dans cet intérieur immaculé et lumineux, parce qu’elle passe « trop de temps » dans son cabinet, ce précieux poste d’observation des dysfonctionnements de notre société. « Je n’invente rien, je ne suis pas théoricienne, explique-t-elle. Je décris ce que je perçois à travers ce que j’entends. »

Dans le huis clos de son bureau, on lui confie ce qu’on ne dit à personne, ni à ses amis, ni à ses collègues, ni à sa famille. On s’exprime sans censure et on raconte l’inaudible. Marie-France Hirigoyen, elle, écoute. Et elle prend des notes. D’années en années, ses consultations ont nourri ses livres, des essais qui ont marqué le débat public sur les violences psychologiques et qui ont participé à leur reconnaissance juridique.

Protéger les enfants

Vingt-cinq ans après son livre pionnier sur le harcèlement moral, celle qui sonde depuis des décennies la limite entre le conflit ordinaire et la violence publie aujourd’hui Séparations avec enfants (La Découverte), un travail d’ampleur sur la souffrance des plus petits lorsque les parents se séparent. « Il ne s’agit pas de culpabiliser les parents, pose-t-elle d’emblée. Les enfants ne souffrent pas tant de la séparation que de la façon dont elle se passe. »

Dans cet ouvrage, elle applique la même méthode que dans ses précédents livres. Partant des récits d’hommes et de femmes, enfants de divorcés ou parents en cours de séparation, elle relève des points communs dans leurs histoires. C’est dès la fin des années 2000 qu’elle observe qu’une forme de violence psychologique augmente de façon inquiétante : la manipulation d’un mineur dans un contexte de séparation conflictuelle. L’un des parents, cherchant à régler des comptes avec son ex-conjoint, va tenter, parfois inconsciemment, d’instrumentaliser l’enfant pour l’amener à rejeter l’autre. « Il s’agit d’un abus émotionnel qui a des conséquences graves pour lui », explique-t-elle.

Elle a vu des femmes et des hommes de bonne volonté les prendre ainsi à partie, dénigrer l’autre parent en sa présence, l’embarquer dans un tiraillement infernal entre son père et sa mère. « Cela constitue des violences », affirme-t-elle. Marie-France Hirigoyen sait que ce discours est difficile à entendre pour certains, mais il y a urgence : il faut protéger les enfants. Comme ses travaux antérieurs, ce dernier ouvrage révèle une violence qui ne dit pas son nom. Un « fil directeur » qui vient de loin.

Au début des années 1990, Marie-France Hirigoyen observe que ses patients ne viennent pas tant parler de leurs conflits intérieurs – « on n’est pas chez Freud » – que de leur vie quotidienne, dans le couple ou au travail, des situations d’injustice auxquelles ils sont confrontés, des humiliations subies… Elle délaisse alors sa pratique strictement psychanalytique pour assumer une démarche moins orthodoxe : « En réalité, j’adapte ma pratique à leurs problématiques. »

Face aux femmes victimes de violences conjugales qu’elle reçoit à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, elle constate que beaucoup d’entre elles « restent passives et n’osent pas se défendre ». Comme ses confrères et consœurs, elle bute sur une question : pourquoi ne partent-elles pas ? « C’est sans doute pour aider ces femmes à ne plus être victimes que j’ai voulu étudier la victimologie », dit-elle.

La France ne proposant pas de formation dans cette discipline, elle s’envole pour les Etats-Unis en 1994 pour suivre l’enseignement d’Emilio Viano, pionnier de cette matière et du droit des victimes. Pendant son séjour, elle fait un stage au FBI, accompagne des patrouilles de policiers de Washington DC dans leurs interventions dans le cadre de domestic violence.

Détruire avec des mots

De retour en France, Marie-France Hirigoyen se sent bien seule face à ses confrères lorsqu’ils se retrouvent pour discuter de leurs cas cliniques – les psys appellent ça des « cercles de réflexion ». Elle ne supporte plus d’entendre qu’un agresseur n’agit pas sans la complicité de sa victime, notamment lorsque les faits se répètent, comme chez celles qu’on appelait alors les « femmes battues ». « On disait que les victimes étaient masochistes, se souvient-elle. Ils jugeaient que quelque part, ça leur convenait, qu’elles se mettaient elles-mêmes dans cette position. Mais non, elles étaient piégées ! » C’est en réaction à ce discours qu’elle propose à son éditeur, La Découverte, un texte volontairement grand public.

Marie-France Hirigoyen, chez elle à Paris, le 14 mars 2024. 

Le Harcèlement moral. La violence perverse au quotidien, paru en 1998 chez Syros, fait date. Cette année encore, Mathieu Lacambre, spécialisé en psychiatrie légale, lui a demandé de rédiger l’entrée « Harcèlement moral » de son Encyclopédie des violences à paraître chez Elsevier Masson fin 2024. « Elle seule pouvait le faire, elle fait autorité sur le sujet », explique-t-il.

Le livre de Marie-France Hirigoyen connaît un succès considérable et inattendu pour un essai en sciences humaines. Vendu à plus de 450 000 exemplaires, il est traduit dans une vingtaine de langues et lui vaut des invitations partout dans le monde. Elle consacre ces années-là à expliquer comment, de façon insidieuse, une personne peut exercer des violences invisibles sur une autre. On découvre alors qu’il est possible de détruire quelqu’un juste avec des mots.

Un chapitre, notamment, retient l’attention, celui consacré au travail. Des milliers de personnes s’y reconnaissent. Marie-France Hirigoyen reçoit quantité de lettres de salariés qui disent « je vis ça, moi aussi » et voit exploser les demandes de consultation. Les entreprises sont débordées par les plaintes et les politiques s’emparent du sujet.

Elle participe à la rédaction de l’amendement qui introduit l’expression « harcèlement moral » dans le code du travail et dans le code pénal en 2002. Elle a forgé l’expression en pensant à un homme qui s’était suicidé après avoir été victime de harcèlement. Il avait écrit, dans une lettre à son employeur : « Ce n’est pas bien ce que vous avez fait. » Non, répète-t-elle, ça n’est pas bien de faire ça aux autres. « Je ne suis pas tout à fait dans mon rôle de psy en prenant position et en disant “ça n’est pas juste, ça n’est pas normal, ça n’est pas moral”. Mais il y a des situations inacceptables. »

Une autre approche des patients

L’injustice, la grande cause de la vie de cette femme née en 1948 à Coulaines, une petite ville de la Sarthe. Jean-Marie, son père, après avoir été officier de marine, s’engage dans une carrière commerciale qui sera prospère ; Simone, sa mère, reste à la maison. Sa fille se souvient combien elle était fragile. « Il fallait que je sois forte pour elle », se souvient Marie-France Hirigoyen.

Elle comprendra plus tard que Simone ne s’est jamais remise de son enfance, passée entre une mère au caractère difficile et un père gazé pendant la guerre de 1914 qui n’a plus jamais été le même au retour du front. Le goût du soin lui vient sans doute de cette impuissance face aux souffrances de sa mère, dont la vie aurait peut-être été plus douce si elle avait poussé la porte d’un cabinet de psychiatre.

Marie-France exprime ce désir de soigner dès l’adolescence, en claironnant sa volonté de faire médecine. « Ma petite fille, si tu es infirmière, c’est suffisant ! », lui dit sa mère, qui l’incite plutôt à l’aider aux tâches ménagères. La jeune fille remarque qu’à son frère, on ne demande pas de participer à l’entretien du foyer. « Depuis toujours, je considère que ce que l’on fait aux femmes n’est pas juste », raconte-t-elle.

Parce qu’elle est bonne élève, ses parents la laissent finalement libre de choisir ses études. Ce sera médecine, donc, et psychiatrie, parce qu’elle est curieuse et qu’elle veut savoir « ce qui se passe dans la tête des autres ». En 1969, elle a 20 ans et elle s’inscrit à la fac de Bordeaux pour se rapprocher de Bergerac (Dordogne), où elle s’entraîne au saut en parachute de compétition, sa grande passion.

Elle s’inscrit aussi en ethnopsychiatrie, ce qui lui a donné « une autre approche des patients », avant de rejoindre le service du professeur Daniel Widlöcher à la Salpêtrière, en 1978. C’est lui qui la pousse, un an plus tard, à ouvrir son cabinet tout en poursuivant ses consultations à l’hôpital, pour désengorger le service.

Elle ne se sait pas féministe à l’époque, mais, durant ses années d’étude, elle lutte, quotidiennement, en tant que femme, pour s’imposer. « C’était d’autant plus inévitable qu’à l’époque la fac de médecine de Bordeaux accueillait l’école de santé de l’armée, Santé navale, qui formait les médecins (hommes) militaires », se souvient-elle.

Continuum entre les violences

Si l’atmosphère paillarde des salles de garde ne la gêne pas, elle déteste les « remarques permanentes à tonalité sexuelle et la drague lourde des chirurgiens ». Un jour de « grande visite », lorsque le chef fait le tour du service avec les internes et les étudiants, celui-ci lui demande d’examiner un patient devant tout ce monde : il s’agissait de lui palper les testicules. « J’ai hésité, rougi, bafouillé. Le chef de service s’est montré cinglant, a ironisé sur ma pudeur. » Aujourd’hui, elle se dit féministe « très clairement » et elle admire cette nouvelle génération « plus exigeante » que la sienne.

Même si la psychiatre en parle longuement dans son premier livre, elle décide de développer son travail sur les violences faites aux femmes dans un nouveau texte, Femmes sous emprise, paru en 2005 chez Oh ! Éditions. Un travail qui a contribué à introduire, en 2010, la notion de violence psychologique dans la loi sur les violences conjugales.

Là encore, elle agit en pionnière. Jusqu’au début des années 2000, malgré les alertes de médecins et de chercheurs, la violence conjugale se résume encore aux coups. Marie-France Hirigoyen affirme qu’elle commence bien avant les agressions physiques. « On ne peut pas parler de violence physique sans parler de violence psychologique, car il existe un continuum entre les deux, explique-t-elle. Quand un homme frappe sa femme, son but n’est pas seulement de lui mettre un œil au beurre noir mais de lui faire peur afin de la soumettre et de garder le pouvoir. L’enjeu de la violence, c’est toujours la domination. »

Sollicitée par la justice

De nouveau, la psychiatre est appelée à la rescousse par les magistrats et les avocats qui veulent se former à la détection et à la compréhension de ce sujet ou par d’autres médecins. Pourquoi les femmes ne réagissent-elles pas avant que la situation se dégrade ? Pourquoi ne quittent-elles pas le domicile ? Pourquoi défendent-elles leurs maris ? « En réalité, elles ne font que développer des stratégies d’adaptation pour limiter la violence du partenaire et préserver le couple et la famille », explique-t-elle inlassablement. Ce sont des femmes qui ont peur et c’est aux soignants, aux policiers et aux juges de les aider à se dégager du piège de l’emprise.

Marie-France Hirigoyen est régulièrement sollicitée pour former les magistrats, à l’Ecole nationale de la magistrature de Bordeaux et de Paris. « Si on voulait que quelque chose change, il fallait repérer les situations d’emprise, repérer ce qu’on n’appelait pas encore le contrôle coercitif et faire de la prévention », se souvient-elle.

En 2012, l’avocat général Luc Frémiot cite ses travaux pour éclairer le cas d’Alexandra Lange, cette femme battue jugée aux assises de Douai pour le meurtre de son mari. « Dans une cour d’assises, face à des jurés qui ne comprennent pas pourquoi une femme n’est pas partie après des coups, la notion d’emprise permet de faire comprendre ce qu’est le pouvoir brut sur une victime, souligne le magistrat honoraire. Elle a apporté un éclairage fin sur cette question et elle a décrit quelque chose d’important : si, dans un couple, il y a une personne dominante, c’est qu’il y a des violences psychologiques. »

Luc Frémiot déplore que certains médias aient galvaudé la notion de pervers narcissique, qu’elle a popularisé dans son livre sur le harcèlement moral. Marie-France Hirigoyen elle aussi regrette que le concept lui ait échappé pour devenir une expression fourre-tout. Elle a tenté de préciser sa réflexion dans Les Narcisse (La Découverte, 2019).

Cette même année, le gouvernement fait appel à son expertise en la nommant membre de deux groupes de travail lors du Grenelle contre les violences conjugales, l’un sur l’emprise et l’autre sur l’organisation de la vie familiale. Elle collabore notamment avec la magistrate Isabelle Rome, le juge Édouard Durand (qui deviendra, de 2021 à 2023, coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, ou Ciivise), la militante et ancienne psychologue scolaire Ernestine Ronai… tous engagés de longue date contre les violences faites aux femmes. C’est un travail collectif exaltant, épuisant et décevant.

Elle dit regretter que peu de moyens aient été mis en place pour accompagner les hommes, certes sanctionnés lorsqu’ils sont violents, mais laissés livrés à eux-mêmes : « Notre société valorise encore une virilité agressive. Le modèle traditionnel de la masculinité se perpétue, mais rien n’est fait pour que cela change. » Elle les voit dans son cabinet, ces hommes qui ont du mal à trouver leur place parce qu’ils ont perdu leur pouvoir. « Ils ont été élevés pour sauver le monde et ils viennent en thérapie parce qu’ils comprennent qu’il ne s’agit pas de cela. »

Après le travail, la famille

Entre ses livres, ses cours de victimologie à l’université Paris-Cité (ex-Paris-Descartes), ses conférences, ses formations auprès des magistrats et sa vie de famille (elle est grand-mère et mère de deux enfants, aujourd’hui âgés de 41 et 44 ans), elle a toujours gardé ses consultations rue Racine au cœur de son travail et continue, à 75 ans, à recevoir des dizaines de patients quatre jours par semaine. « Je comprends maintenant que je tire le même fil depuis mes débuts, observe Marie-France Hirigoyen. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la violence physique et directe, mais le glissement vers une situation abusive. » Elle est sensible à ces bascules invisibles : quand un conflit devient-il violent ?

C’est donc naturellement, après le monde du travail et celui du couple, qu’elle s’est plongée dans celui de la famille. Une patiente l’a marquée. Venue consulter, elle a parlé de la séparation difficile de ses parents survenue vingt ans plus tôt. Marie-France Hirigoyen s’est souvenue de ce couple, elle avait reçu la mère. « Le conflit est normal, dit-elle. C’est presque suspect lorsqu’il n’y en a pas lors d’une séparation. Quand les femmes me disent cela, c’est souvent parce qu’elles n’osent pas risquer le clash. Comme il y a un problème lorsque des dirigeants d’entreprise me disent qu’il n’y a aucun conflit. Un conflit permet de s’exprimer, d’exprimer que quelque chose ne va pas et de changer les choses. Le risque quand on cherche à l’éviter, c’est de voir dégénérer la situation en violence. »

La psychiatre Marie-France Hirigoyen nourrit ses livres des notes qu’elle prend lors de ses consultations et des similitudes qui apparaissent entre les récits de ses patients. Chez elle, à Paris, le 14 mars 2024. 

Dans son nouveau livre, elle distingue le conflit ordinaire, banal, voire constructif, des violences. Elle distingue plusieurs étapes : les conflits « normaux », le contrôle coercitif (des intimidations, des humiliations… pour rendre son partenaire dépendant, le priver de sa liberté d’action), le conflit sévère de séparation (des parents en processus de rupture qui vivent des conflits dont la nature a un impact sur l’enfant) et l’aliénation parentale. L’aliénation parentale ? « Oui, répond la psychiatre. Ce dernier cas n’est pas le plus fréquent, mais il existe et il faut pouvoir en parler. J’ose la nommer en sachant qu’on ne sera pas d’accord avec moi. Je suis consciente de mettre les pieds dans le plat. »

Ce concept, très controversé, prête à l’un des parents le pouvoir de manipuler son enfant pour le couper de l’autre parent. Il a souvent été brandi pour accuser des mères d’« inventer » des cas d’inceste afin de priver leurs ex-compagnons de leurs enfants. Décriée par les féministes, cette théorie a aussi été vivement dénoncée dans le premier avis de la Civiise, le 27 octobre 2021 : ce « pseudo-syndrome contribue à l’invisibilisation des violences sexuelles faites aux enfants, de même qu’il rend impossible d’être un parent protecteur, puisque la mère tentant de protéger son enfant victime d’inceste se trouve accusée de le manipuler ».

Les détracteurs de ce concept considèrent qu’il amène à protéger les pères incestueux et qu’il n’a aucune base scientifique. Ils rappellent que celui qui l’a défini, en 1985, le psychiatre Richard A. Gardner, a tenu des propos ambigus sur la pédophilie. « C’est vrai, le concept a été utilisé à tort et à travers par des avocats pour obtenir gain de cause dans leurs dossiers, observe Marie-France Hirigoyen. Mais ce que j’appelle l’aliénation parentale, c’est lorsqu’un enfant est amené à ne plus vouloir de lien avec l’autre parent. Ce n’est pas genré. »

Un parent aliénant peut être un homme ou une femme. Elle en parle avec calme, en prenant garde aux mots qu’elle emploie. Son confrère Mathieu Lacambre loue cette capacité à garder la tête froide : « Elle n’est pas dans la polémique et parvient à conserver, au travail, un climat d’une grande sérénité. Tout le monde ne possède pas cette capacité et cette qualité qui permet de donner à réfléchir de façon posée. »

Reconnaître l’emprise

Dans son essai, Marie-France Hirigoyen explique que le « syndrome d’aliénation parentale » n’existe pas. Elle parle de « situation d’aliénation parentale ». Le terme « syndrome » suggère la maladie ; or, explique-t-elle, l’enfant n’est pas malade, il a été manipulé par l’un des parents, pas forcément consciemment, au point qu’il refuse tout lien avec l’autre.

Selon ses propres observations et la lecture de recherches menées à l’étranger – elle les dispose surlignées et alignées sur sa table basse –, ces situations existent. « L’enfant a le droit d’avoir accès à ses deux parents, de façon égale, répète-t-elle. Il s’agit de reconnaître une violence faite aux enfants, une atteinte portée à leurs droits. Une violence psychologique, du registre de l’emprise. »

Ce qu’elle veut qu’on en retienne, c’est d’être vigilant. Son texte contient aussi des pistes pour faire bouger la justice, « qui n’est pas au point ». Depuis la parution de Séparations avec enfants, elle a ajouté à son agenda des invitations à des colloques en faculté de droit et devant des ­professionnels de la justice, même si elle en décline de plus en plus. « J’ai envie de me reposer. » Elle veut profiter de ses enfants et de ses trois petits-enfants. Après un silence, elle ajoute : « Me reposer un peu. »


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