[...]
DE TOUT TEMPS, L'EXODE DES ÉLITES
Retour sur l'épisode de choléra en 1832, par notre chroniqueuse Mathilde Larrère, qui retrace le parcours de cette épidémie partie elle aussi d'Asie. A Paris, début 1832, on moque encore l'épidémie, préparant des masques de carnaval "choléra". "L'épidémie touche une population qui se croyait protégée par sa science". La maladie choque d'autant plus que les manifestations physiques en sont violentes. Les journaux sont appelés à "rassurer les esprits". Les morts sont enterrés de nuit, provoquant davantage de panique.
A l'époque déjà les citadins s'exilent loin de la ville. Un comportement qui rappelle celui, médiatisé à la télé, critiqué sur les réseaux sociaux, de Parisiens quittant la ville pour se confiner dans leur résidence secondaire contre le Covid-19. "On dit les Parisiens, mais ce sont en fait les élites bourgeoises des villes", précise Chandelier. Le médiéviste rappelle ainsi que le Decameron de Boccace raconte exactement cela : "La ville est frappée par la peste, des jeunes gens de très bonne famille vont à la campagne et décident de passer du bon temps". "Il y a une justification médicale pour eux : on fuit la zone de contamination. Mais évidemment les historiens pensent aujourd'hui que ça a contribué fortement à la diffusion de la maladie à la campagne". Un phénomène courant et "classique" pour les élites, "qui ont les moyens".
Chandelier note d'ailleurs que si 50% de la population européenne a été victime de la peste, si l'on regarde "du côté des cardinaux, de la cour d'Avignon et de leur entourage très riche, ça tourne plutôt autour de 15, 20%". Bourdelais note que cet exode est, au fond, "l'application du conseil d'Hippocrate : partir tôt, loin et longtemps".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire