Par Nathalie Barrès 11 mars 2020
À retenir
Toutes les formes de sédentarité (intellectuellement active comme lire un livre, ou intellectuellement passive comme regarder la télévision) n’auraient pas le même impact sur le risque de dépression caractérisée. C’est ce que vient de démontrer une étude publiée dans le Journal of Affective Disorders. Elle révèle que la sédentarité favorise les troubles dépressifs caractérisés. Mais que cette relation serait médiée par les troubles du sommeil en lien avec cette sédentarité passive.
Quel apport pour la pratique ?
Ces données incitent à être encore plus attentifs à l’évaluation des composantes et à l’ampleur de la sédentarité face à des patients dépressifs. Tout cela dans le but d’apporter des conseils adaptés de changement de style de vie en intégrant des périodes d’activité physique légère ou modérée à vigoureuse et des habitudes pour bénéficier d’un meilleur sommeil, notamment à travers un temps d’écran plus restreint.
Protocole de l’étude
En 1997, plus de 43.000 adultes ont répondu à une enquête puis les résultats ont été reliés à un diagnostic éventuel de troubles dépressifs caractérisés durant le suivi mené jusqu’en 2010. Les habitudes de vie en lien avec la sédentarité et les problèmes de sommeil faisaient partie des items évalués.
Principaux résultats
L’âge moyen de la population incluse était de 51,3 ans, dont 64% de femmes. Durant les 13 années de suivi, 1,4% des participants ont reçu un diagnostic de troubles dépressifs caractérisés. L’IMC moyen était de 24,6kg/m2 (40% des sujets étaient en surpoids ou obèses), 40% étaient fumeurs et 31% avaient au moins une comorbidité. En moyenne, la sédentarité intellectuellement passive représentait 133 minutes/jour, et la sédentarité mentalement active 190 minutes/jour.
Les analyses ont permis de mettre en évidence que les sujets qui cumulaient au quotidien le plus important nombre d’heures de sédentarité passive (3 heures et plus) avaient 27% de risque supplémentaire de développer des troubles dépressifs caractérisés par rapport à ceux qui étaient le moins sédentaires (moins de 3 heures par jour), soit un hazard ratio (HR) de 1,27 [1,01-1,58].
Cette relation persistait même après ajustement sur des facteurs confondants potentiels (IMC, éducation, statut tabagique, comorbidités, activité physique, activités sédentaires mentalement actives, âge). En revanche, lorsque l’on tenait compte des problèmes de sommeil, l’intensité de la relation était nettement atténuée (HR 1,25 [0,99-1,57]), suggérant un impact majeur des troubles du sommeil sur la sédentarité passive, elle-même en lien avec les troubles dépressifs.
Principales limitations
Les habitudes en lien avec la sédentarité, ainsi que les troubles du sommeil étaient auto-déclarés.
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Références Disclaimer
Hallgren M, Vancampfort D, Owen N, Rossell S, Dunstan DW, Bellocco R, Lagerros YT. Prospective relationships of mentally passive sedentary behaviors with depression: Mediation by sleep problems. J Affect Disord. 2020;265:538-544. doi: 10.1016/j.jad.2019.11.088. PMID: 31784118
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