Nous devons depuis quelques jours vivre une situation sanitaire inédite avec un confinement des populations. Nous ne pouvons revenir sur une telle mesure qui est tout à fait réfléchie, et dont le but est de limiter les conséquences de l’épidémie due à COVID-19.
Néanmoins, de nombreuses hésitations, de nombreux actes ou propos sont responsables de situations quelque peu irréfléchies. Ainsi, suite aux recommandations scientifiques d’infectiologues, les patients ont compris que la prise d’anti-inflammatoires pouvait aggraver leur état de santé.
Beaucoup n’ont pas compris que ce message n’était destiné uniquement qu'aux patients ayant contracté une virose. Suite à ce message, nous avons eu de nombreux appels pour nous faire remarquer que la prescription antérieure d’AINS effectuée pour diverses raisons allait être responsable de leur mort !
En parallèle, nous avons pu noter la frénésie « coupable » de nos concitoyens pour obtenir des masques en quantité (nombreux sont ceux qui les utilisent sans avoir réellement besoin), et le comportement d’autres qui stockent comme les écureuils du paracétamol en prévision de…
Notre ministre de la Santé, pour éviter d’engorger les cabinets médicaux, a autorisé l’utilisation de WhatsApp. Pour ce faire, il a expliqué lors d’une émission radio qu’il permettait aux patients de recourir à cette application s’ils ne pouvaient pas rencontrer de médecins disponibles (en parallèle la Sécurité Sociale nous a contactés pour savoir si nous pouvions recevoir des patients n’ayant pas de médecins traitants, car chacun essaie de tirer la couverture vers soi !).
Confusion
Il a continué ses propos en expliquant que cela était également possible si le patient jugeait non prudent d’aller au cabinet médical du médecin. De telles allégations vont probablement amener beaucoup de confusion dans l’esprit de nos patients. Je pense que M. Véran a oublié que nous sommes des médecins traitants en charge de la santé des patients, de la prévention certaines pathologies, mais aussi de leur éducation.
Se permettre de modifier un ordre établi où le généraliste est le médecin traitant est quelque peu dérangeant. Ce n’est pas au patient d’estimer de la dangerosité ou non de fréquenter un cabinet médical ; cette décision doit être prise par le généraliste ! Avoir de tels propos sur les ondes d’une radio très écoutée va majorer la panique des patients, et va rendre le travail des généralistes plus ardu voire parfois ingérable !
Il faut, avant de parler, connaître les réalités du terrain, et savoir que les médecins généralistes travaillent pour améliorer la santé des patients ! Le médecin traitant est souvent le premier interlocuteur auquel les patients se réfèrent. D’ailleurs, on lui a collé de nouveaux rôles auxquels il n’était pas nécessairement préparé : répondre à la place du 15 en cas de suspicion d’infection due à COVID-19 par exemple.
Nous affrontons une crise sanitaire complexe; aussi est-il nécessaire que chacun des maillons intervenant dans ce cadre puisse être coordonné de manière structurée et rationnelle. Sans cela, nous risquons d’augmenter la confusion, et de cette manière favoriser une plus grande mortalité au sein des populations que nous prenons en charge.
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