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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 21 juin 2016

Bris de vitres contre vie brisée...

 

Madame la Ministre, c’est donc après plusieurs jours d’attente que je prends la plume, espérant comme beaucoup d’autres infirmiers une réaction officielle de votre part à un événement passé presque inaperçu dans les médias, à savoir le suicide d'un infirmier toulousain sur son lieu de travail... Une réaction inaperçue car inexistante...  
Le 14 juin dernier, en marge d’une manifestation contre la Loi Travail, 15 vitres de l’hôpital Necker à Paris volent en éclat, conséquence de la bêtise de casseurs aveuglés par la haine de notre société certainement. Disons-le, cet acte est révoltant, honteux. Le lendemain de cette manifestation, vous vous rendez sur place le midi avec Monsieur le Premier Ministre, et faites part publiquement de votre plus vive indignation et de votre colère devant de tels agissements, et vous avez là bien raison.
Madame la Ministre, là où les choses deviennent incompréhensibles pour bon nombre d’infirmières et d’infirmiers, c’est que deux jours avant, le 13 juin 2016, au CHU de Toulouse,un infirmier de 55 ans se suicide dans son bureau, sur son lieu de travail. Et là, j’ai eu beau chercher, je n’ai pas vu un billet de condoléance sur votre blog, pas un communiqué de presse, pas même 140 caractères sur votre compte twitter pour qu’une enquête soit menée afin de faire toute la lumière sur ce qu’il s’est passé … Pourtant votre compte twitter n’est pas indisponible, preuve en est, le 10 juin, l’équipe de France de football avait eu droit à un tweet d’encouragement de votre part suite à sa victoire contre l’Albanie dans le cadre de l’Euro de football.

lundi 20 juin 2016

L’expérimentation psychologique en crise

Par  le 13/06/16


Y aurait-il quelque chose de pourri dans le royaume de la psychologie ? De plus en plus nombreuses, des voix s’élèvent pour remettre en cause la valeur des expérimentations en sciences humaines, ou plus exactement des conclusions qu’on tire de ces expérimentations. Il est vrai qu’il n’est pas facile de travailler sur les humains, ou même avec des rats. La physique quantique a beau être extrêmement compliquée, au moins les particules élémentaires ont-elles la décence de se comporter en suivant des équations bien définies (même si personne ne comprend vraiment ce que signifient ces équations).

La molécule morale, vraiment ?

Un exemple récent de ce genre de problème a été souligné notamment par le New Scientist et concerne la fameuse “molécule de l’amour”, l’ocytocine. On sait que cette hormone est produite naturellement chez les humains lors de l’orgasme, de l’accouchement, de la lactation. Diverses expériences ont montré qu’elle était censée augmenter la confiance entre les participants d’un groupe. Pour établir l’existence d’un tel effet, on a fait passer -avec succès- aux sujets un “jeu de la confiance”. En voici une des variantes les plus connues : après avoir respiré de l’ocytocine via un spray nasal, on fournit aux sujets une somme d’argent (comme toujours, il existe aussi un groupe placebo), puis on propose à chaque sujet de confier cette somme à un autre membre du groupe. En cas d’acceptation, la somme est triplée. Le sujet récepteur, bénéficiaire de la transaction, pourra alors partager l’argent avec le donateur, mais là encore, seulement, s’il le souhaite. La confiance est donc doublement testée : chez l’éventuel donateur, qui peut toujours refuser cette transaction. Et chez le récipiendaire, qui peut bien entendu choisir de tout garder pour lui. Il existe en psychologie cognitive une infinité de variations autour de ce genre de jeux.
zak
L’ocytocine est vite apparue comme une espèce de remède miracle à nos problèmes de communication, et a même été baptisée la “molécule morale” par le neuroéconomiste Paul Zak, qui est devenu l’évangéliste de ce nouveau traitement, à coup de livres et deconférences Ted.

Un enthousiasme un peu prématuré, peut-être ? Car toutes les expériences n’ont pas donné des résultats positifs. Ainsi, nous explique le New Scientist, une étude effectuée à l’Institut de Technologie de Californie à Pasadena sur les différents travaux effectués avec l’ocytocine est aboutie à la conclusion que l’effet de la molécule sur le comportement se rapprocherait dangereusement de zéro.
La mésaventure arrivée à une équipe de l’université catholique de Louvain, racontée par le New Scientist et de manière plus complète dans Vox, nous montre l’étendue du problème.

Les services d’urgence à l’ère des « trauma centers »

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| Par Pascale SantiSandrine Cabut et Nicolas Bourcier (à Orlando)
A Orlando (Floride), les secours s’organisent pendant l’attaque contre le Pulse, le 12 juin.
A Orlando (Floride), les secours s’organisent pendant l’attaque contre le Pulse, le 12 juin. PHELAN M. EBENHACK / AP
La nuit s’annonçait chaude et belle, elle s’est terminée dans un bain de sang. Il est 2 h 02 du matin lorsque Omar Mateen, armé d’un pistolet automatique et d’un fusil d’assaut, entre, ce dimanche 12 juin, par la porte de service du Pulse, un des hauts lieux de la nuit gay d’Orlando (Floride). Une série de rafales s’abat immédiatement sur la piste de danse. Les premières victimes s’écroulent. Une poignée des jeunes clients du club parviennent à sortir par la porte principale. Mais la grande majorité des quelque trois cents personnes présentes ce soir-là sont prises au piège. L’entreprise macabre de cet Américain d’origine afghane de 29 ans ne fait que commencer.
Dehors, vers 2 h 10, le premier blessé est transporté par des voisins aux urgences du centre ­médical régional d’Orlando. L’hôpital a la particularité d’être le plus important centre d’urgences traumatiques (« trauma center ») de la région. Il ­reçoit chaque nuit en moyenne quatre ou cinq ­patients blessés par balles. Surtout, il est situé à cinq pâtés de maisons du club, moins de deux ­minutes en voiture. Une chance inouïe pour les blessés, mais qui va mettre à rude épreuve les équipes de ce centre ultramoderne, pointant avec une acuité inédite les défis auxquels se trouvent aujourd’hui confrontés les services d’urgence.
Le diagnostic du premier patient ne laisse rien entrevoir de la catastrophe en cours, son état est stable. Au cours des cinq minutes suivantes, deux, trois puis cinq blessés sont amenés à l’hôpital dans un état bien plus critique. « La première véritable vague de blessés est arrivée vers 2 h 30, une vingtaine en tout, explique le docteur Gary Parrish, de permanence cette nuit-là. Normalement, nous recevons des alertes qui permettent au personnel de se préparer. Or, là, il n’y a eu aucune information auparavant, aucun signe, rien. »

Taïwan : un jeune infirmier qui préfère vivre sous un ciel étoilé

La première fois où Eddie est venu à Taïpei, il avait déjà 22 ans. Dans la capitale, il a trouvé que le ciel nocturne comptait beaucoup moins d’étoiles que celui de sa région natale de Taitung, dans le sud-est de Taïwan.
C’était en 2014, et Eddie était alors élève infirmier à Kaohsiung, la grande cité portuaire du sud-ouest de l’île. Son diplôme en poche, il a depuis travaillé quelques mois dans un grand hôpital du nord de l’île, avant de retourner à Taitung au sein d’un établissement de taille plus modeste.

Eddie en habit de travail.
Eddie en habit de travail. (Crédit : D.R.).
Eddie est né dans une famille aborigène pangcah (邦查). Aussi appelésAmis (阿美), les Pangcah sont environ 200 000 à Taïwan – soit le plus nombreux des 16 groupes de population autochtones reconnus par l’Etat. Le petit village du district de Taitung où habite la famille d’Eddie est coincé entre la chaîne de montagnes côtière et le Pacifique. On y vit simplement. A la maison, on parle l’amis, une langue austronésienne. Les samedis sont rythmés par les activités paroissiales de la Véritable Eglise de Jésus, église pentecôtiste bien implantée dans la région.
A l’âge de 16 ans, Eddie quitte le village pour Taitung, le chef-lieu du district, où il est interne au lycée. Il s’inscrit ensuite à l’université à Kaohsiung, dans une filière commerciale. « Après deux années d’études de commerce, j’ai décidé de changer d’orientation, raconte-t-il. Mon camarade de chambrée était élève infirmier et cela m’a donné envie d’apprendre ce métier. Mais cela a été très difficile et stressant car j’ai dû assimiler en deux ans ce que les autres élèves apprennent en quatre ans. Et puis, j’ai été très déçu par mes stages infirmiers. Dans les services des hôpitaux, on est très dur avec les stagiaires et la pression est intense. 

Les fous d'Allah sont-ils malades ?


Face à la menace terroriste, les juges ont pris l'habitude de demander systématiquement des expertises psychiatriques. Premier volet de notre enquête.


Soins palliatifs à l'hôpital, des milliers de lits fantômes

Par Eric Favereau — 19 juin 2016 à 16:48
A l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif, en mars 2015.A l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif, en mars 2015. Photo Philippe Wojazer. Reuters

Sur les 321 services sollicités, seuls 6 respectaient totalement ou partiellement les critères du dispositif des lits dédiés à la fin de vie, illustrant ainsi la déconfiture du dispositif.

Ce n’est pas un fiasco, c'est peut-être pire. L’étude du Dr Edouard Ferrand, qui a été présentée ce week-end au congrès de la Société française des soins palliatifs, sur l’organisation des soins palliatifs à l’hôpital, pointe une totale inadéquation entre les textes réglementaires et la réalité. Et il en veut pour preuve ce que l’on appelle dans le jargon administratif les lits identifiés de soins palliatifs (Lisp) : créés dans les hôpitaux en 2008 – il y en a formellement plus de 5 000 –, les établissements touchent pour leur existence des budgets supplémentaires, mais dans les faits quasi aucun ne fonctionne selon les critères prévus. «C’est vraiment dommage car c’est un très beau concept, mais il est mal utilisé, non évalué et les résultats sont catastrophiques», lâche le Dr Ferrand.
Dans la galaxie des soins palliatifs, ce médecin anesthésiste-réanimateur est un personnage à part : il a pris l’habitude, depuis plus de dix ans qu’il y travaille, de mettre les pieds dans le plat. Une de ses études avait révélé qu’«un patient sur deux mourait après une décision de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques» dans les services de réanimation. Aujourd’hui, il s’est penché sur l’organisation des soins palliatifs à l’hôpital. Schématiquement,  trois types de structures coexistent : les services de soins palliatifs, les unités mobiles de soins palliatifs et, depuis 2008, les lits identifiés de soins palliatifs.
Sur le papier, ces lits se trouvent dans des services, soit de cancérologie, de médecine interne, de gériatrie… Pour en bénéficier, le service en question doit remplir un cahier des charges : avoir un plan de formation, des réunions pluridisciplinaires, un psychologue, des bénévoles, mais aussi une chambre individuelle avec des lits d’appoint pour les proches, des visites libres sans horaires précis… L’idée étant, donc, au sein d’un service, de pouvoir s’occuper au mieux de l’agonie d’un patient. En échange, l’hôpital bénéficie d’un budget spécifique supplémentaire. 
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samedi 18 juin 2016

Ni Foucault 2.0 ni Debord 2.0

La Suite dans les idées
 Sylvain Bourmeau

Entre surveillance et spectacle, la mutation numérique transforme en profondeur nos sociétés et redistribue les cartes du pouvoir : le juriste américain Bernard Harcourt analyse cette évolution à travers son ressort, le désir, et ouvre la voie d'une critique par la désobéissance.
Michel Foucault et Guy Debord mis en réseaux sociaux
Michel Foucault et Guy Debord mis en réseaux sociaux Crédits : Sylvain Bourmeau
Surveillance ou spectacle ? Quel terme, quel concept décrit le mieux la situation dans laquelle se trouvent désormais nos sociétés numérisées. C'est la question que pose, et à laquelle répond par une analyse brillante, nourrie d'une impressionnante collection de faits saisissants, le juriste critique Bernard Harcourt dans Exposed, un essai décisif sur le désir et la désobéissance à l'ère numérique.

vendredi 17 juin 2016

Logiciels d’aide à la prescription : la HAS en fait-elle trop ?

14.06.2016
Le Conseil d'Etat et la Cour de justice européenne pourraient -dans les mois à venir- être amenés à mettre un peu d'ordre dans la règlementation des logiciels d'aide à la prescription (LAP). Avant d’être mis sur le marché français, ceux-ci doivent en effet, depuis le 1er janvier 2015, obtenir une certification de la HAS. Mais cette accréditation pourrait être contraire au droit européen. C’est en tout cas ce que soutiennent le syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM) et la société Philips. Afin de trancher ce point, le Conseil d'Etat a posé, le 8 juin dernier, une question préjudicielle à la Cour de justice de l'Union européenne.

Directrice de prison : mon métier, ma bataille

LE MONDE  | Par Mathieu Ait Lachkar
Marie, 35 ans, est directrice de prison pour hommes. Un difficile métier qu’elle s’est choisi et qui lui coûte, à certains égards, sa vie de femme.
Marie, 35 ans, est directrice de prison pour hommes. Un difficile métier qu’elle s’est choisi et qui lui coûte, à certains égards, sa vie de femme. © SISTER PRODUCTIONS
Eve Duchemin s’intéresse à une directrice d’établissement pénitentiaire qui cherche un équilibre pour poursuivre ce difficile travail.
Il y a parfois des métiers qui suscitent des interrogations. Celui de directrice de prison est de ceux-là. Depuis quatre ans, Marie Lafont est à la tête du centre pénitentiaire pour hommes de Liancourt, en Picardie. Caché dans les hauteurs d’un petit village, il regroupe deux centres de détention, une maison d’arrêt et un quartier pour mineurs. Soit 800 détenus et 400 personnes à gérer.
Entre commissions de discipline, gestion du personnel et entretiens avec les détenus (toujours à visage découvert), la caméra d’Eve Duchemin suit sans relâche le quotidien de Marie dans un univers essentiellement masculin. C’est pourquoi la directrice a dû se forger une carapace, pour se montrer « solide » dit-elle. « Coûte que coûte. » Comme ce jour où elle ­convoque un nouveau détenu. ­Celui-ci conteste sa peine, prenant en ­comparaison celle reçue par un ­pédophile. Marie finit par le recadrer sans agressivité, arguant ne pas être ici pour commenter une décision de justice mais pour favoriser la réinsertion des détenus.

Deux hôpitaux belges accueillent les patients avec des robots humanoïdes

14.06.2016

Pepper
Sa diction est encore un peu hachée et ses gestes légèrement hésitants, mais avec sa bouille ronde et son écran sur la poitrine, le robot humanoïde Pepper est prêt à accueillir les patients et visiteurs dans deux hôpitaux belges, à Ostende (nord-ouest) et Liège (sud-est).
Pepper est le premier robot au monde à servir d'hôte d'accueil dans un contexte médicalisé, a expliqué ce lundi le centre hospitalier régional de Liège.
Haut de 140 cm, muni de roues cachées sous une coque blanche, le robot est capable de reconnaître la voix humaine dans une vingtaine de langues et de déterminer si son interlocuteur est un homme, une femme ou un enfant.

L'ANSES publie de nouvelles règles d'utilisation des téléphones mobiles à l'hôpital

Dr Lydia Archimède       14.06.2016


« L’usage des téléphones mobiles est devenu banal au sein des hôpitaux », souligne l'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (ANSES) qui publie les conclusions d'un avis sur l'impact des radiofréquences émises, notamment par les téléphones portables sur les dispositifs médicaux.
Trois zones d'usages
Dans cet avis, réalisé à la demande des ministères de la Santé et de l'Environnement, le Comité d'experts de l'ANSES indique qu'une « interdiction de l’usage des téléphones mobiles… dans les établissements de santé, telle que préconisée dans les années 1990, apparaît aujourd’hui peu justifiée » et recommande plutôt la mise en place de 3 zones d’usages : autorisés, limités et interdits. Les porteurs de dispositifs médicaux implantables actifs (pacemaker, neurostimulateur, etc.) doivent veiller à éloigner les sources d’exposition les plus fortes (téléphones mobiles).
Depuis la circulaire d’octobre 1995, qui alertait sur les risques d’interférences des champs électromagnétiques avec les dispositifs médicaux et invitait les établissements de santé à informer leur personnel et les patients sur ce danger potentiel, des données plutôt rassurantes ont été publiées et ont conduit un assouplissement des règles.
En particulier, les conclusions d'une étude du comité d’évaluation et de diffusion des innovations technologiques (CEDIT) réalisée en 2003 indiquaient qu'il n'y avait pas d'interférence et donc pas de danger à une distance supérieure à 1,5 mètre, sous réserve de certaines précautions à prendre pour les porteurs d’implants médicaux actifs.
Les téléphones sont désormais très utilisés dans les hôpitaux par les patients et par les familles mais aussi par les professionnels de santé eux-mêmes, qui l'utilisent à des fins privées mais aussi certaines applications (calculs de score, alarmes de transfert de monitoring, appels d'urgence…).
La nouvelle évaluation porte sur les dispositifs médicaux électriques et électroniques non implantables (DM) : pousse-seringues, respirateurs, systèmes de monitoring, appareils d'échographie, ECG… mais aussi les dispositifs implantables actifs (DIM) : implants cardiaques, pacemakers, défibrillateurs, neurostimulateurs.
Les sources de champ électromagnétiques étudiées sont les téléphones mobiles mais aussi les dispositifs WI-FI, Bluetooth, téléphone sans fil (DECT), talkies-walkies (type TETRA) ainsi que les technologies RFID (Radiofrequency Identification) très présentes en milieu hospitalier. « Le téléphone mobile est la source d’exposition aux radiofréquences potentiellement la plus élevée, en intensité », souligne l'avis. Les dispositifs utilisés en soins intensifs restent les plus sensibles (pousse-seringues…).

Au Maroc, le martyre des fous enchaînés du mausolée de Bouya Omar

Le Monde Afrique Par Ghalia Kadiri (contributrice Le Monde Afrique)
Un malade à Bouya Omar, en mars 2014.
Un malade à Bouya Omar, en mars 2014. Crédits : FADEL SENNA / AFP
En juin 2015, les autorités marocaines ont évacué près de 800 malades mentaux d’un mausolée tenu par des charlatans qui profitaient des carences médico-sociales pour faire du profit. Un an plus tard, ces malades peinent toujours à trouver un lieu adapté à leurs troubles et se retrouvent parfois abandonnés par leur propre famille.
Samira* boit son thé, silencieuse. Seuls ses yeux vitreux traduisent son désarroi. Sa honte aussi. En 1995, elle a envoyé son fils à Bouya Omar, un mausolée près de Marrakech célèbre pour ses séances d’exorcisme. Karim* est resté enfermé pendant deux décennies dans le village du même nom, avec des centaines de Marocains eux aussi torturés, drogués et affamés. Evacués par les autorités en juin 2015, Karim et les 798 autres captifs de Bouya Omar n’étaient pourtant pas ensorcelés : ils souffraient de troubles mentaux. Mais, comme Samira, des milliers de familles ne trouvaient pas de structures adaptées à la maladie de leurs proches. Désespérées, elles les abandonnaient dans des sanctuaires, où un véritable business du maraboutisme s’est développé.
Pénurie des services psychiatriques
A la mort de son père, en 1994, Karim a eu ses premières crises de violence. « C’était tout ce haschisch qu’il fumait, ça l’a rendu fou », veut croire sa mère. Lorsqu’il a levé la main sur elle, Samira a décidé de l’emmener à l’hôpital psychiatrique. « Ils l’ont gardé dix-sept jours et me l’ont rendu avec une ordonnance. » Mais Karim ne prenait pas ses médicaments et l’hôpital a refusé de l’admettre à nouveau. Inondés, les services psychiatriques sont souvent contraints de renvoyer des patients. « Il n’y a qu’un seul service d’urgences psychiatriques à Casablanca, la plus grande ville du pays », regrette Omar Battas, chef du service psychiatrique du CHU Ibn Rochd de Casablanca. Au total, le royaume compte 2 793 lits pour 34 millions d’habitants. « Mais les autres souffrent aussi et nécessitent un suivi pour éviter les rechutes », poursuit le professeur Battas.
Des rechutes, Karim en a eu chaque fois qu’il arrêtait son traitement. « Il était incontrôlable, je ne pouvais pas m’en occuper toute seule », se justifie Samira avant d’ajouter, tête baissée :« Les gens autour de moi m’ont parlé de Bouya Omar. »
Pendant vingt ans, Karim est resté enchaîné dans les entrailles du village asilaire. Selon une étude du ministère de la santé réalisée en août 2014, 90 % des internés souffraient de troubles mentaux et 64 % avaient déjà été hospitalisés. Sans succès. « Ils ne venaient pas à Bouya Omar pour les croyances mais à cause de la pénurie de l’offre de soins », reconnaît Abderrahmane Maaroufi, directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la santé. De cette pénurie est né un marché fructueux.

Tuée par un schizophrène : quelle responsabilité de l’hôpital nantais?

PAR THOMAS HENG      17 Juin 2016

Après la mort d’une patiente hospitalisée en psychiatrie, tuée sous les coups d’extincteur d’un patient dangereux, des assurances veulent engager la responsabilité de l’hôpital de Nantes.

C’est une affaire extrêmement douloureuse qui vient toucher aux limites de l’exercice de la psychiatrie, tant, selon un expert,« l’imprévisibilité des passages à l’acte » est une difficulté incontournable.

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Suicide d'un infirmier au CHU de Rangueil: plusieurs enquêtes en cours

17/06/2016
Un infirmier de 55 ans s'est suicidé dans son bureau de Rangueil lundi 13 juin, révèle ce vendredi le syndicat CGT Rangueil/Larrey. "Il est arrivé lundi matin et s'est enfermé dans son bureau où il s'est donné la mort. Il a été découvert par sa voisine de bureau. Le médecin qui a établi le constat de décès a déclaré mardi que le suicide ne faisait aucun doute", explique Patricia Calmettes, représentante syndicale, à "La Dépêche du Midi". Sur les raisons qui ont conduit à ce geste désespéré, la représentante de la CGT évoque "des causes multifactorielles. Celles qui nous préoccupent sont les causalités professionnelles", indique Patricia Calmettes. 
Pour la responsable syndicale, "cet infirmier ne supportait plus les conditions dans lesquelles il travaillait, conditions qui s'étaient dégradées à la suite d'une restructuration professionnelle. Le vendredi qui a précédé sa mort, il avait été reçu par sa cadre pour exprimer ses difficultés. Cette dernière n'est pas à mettre en cause: elle a joué son rôle, s'est tenue à l'écoute et fait ce qu'elle a pu", précise la représentante de la CGT. 

PSYCHIATRIE Les hausses des hospitalisations sans consentement ces dernières années seront-elles explicitées ?

LE FAIT

Les hospitalisations sans consentement ont connu une importante augmentation ces dernières années. Mais derrière les statistiques, les causes en restent pour l'heure indéterminées. Une enquête en cours, notamment, sur les soins sans consentement sur décision du représentant de l'État (SDRE) devrait apporter prochainement de premières réponses.

PSYCHIATRIE Le CH Henri-Ey demande lui aussi une dérogation au GHT

Le CH Henri-Ey de Bonneval (Eure-et-Loire) a demandé à l'ARS Centre-Val de Loire une dérogation à son intégration au groupement hospitalier de territoire (GHT) du département. L'agence a en effet prévu pour la région un GHT par département. Au même titre que d'autres établissements psychiatriques (lire ci-contre), l'hôpital bonnevalais craint que sa spécificité ne soit pas reconnue au sein d'un groupement piloté par un établissement support MCO, ici le CH de Chartres. Comme l'explique à Hospimedia la présidente de la commission médicale d'établissement (CME) du CH Henri-Ey, Dominique Grégoire-Ancelin, "il y a une mauvaise répartition du pouvoir". En effet, la loi de modernisation de notre système de santé prévoit la possibilité d'intégrer un droit de contrôle aux établissements déléguants. "Mais il n'en a pas été question pour le GHT Eure-et-Loire, nous n'avons pas pu l'intégrer à la convention constitutive or c'est important de laisser cette possibilité de contrôle."

PSYCHIATRIE Le CHS de la Savoie n'aura pas de dérogation et intégrera le GHT Savoie-Belley

Le 9 juin la commission médicale d'établissement du CHS de la Savoie a voté une motion demandant dérogation à l'adhésion au groupement hospitalier de territoire Savoie-Belley. Mais l'ARS a tranché : le CHS intégrera bien le GHT au 1er juillet. En parallèle, les jalons d'une communauté psychiatrique de territoire sont aussi posés.

Les présidents de CME de CH listent quinze "points d'attention" pour finaliser les GHT

 - HOSPIMEDIA
À quinze jours de la date butoir du 1er juillet, qui verra naître officiellement les groupements hospitaliers de territoire, la Conférence des présidents de CME de CH fournit quinze recommandations. Périmètre, établissements associés et partenaires, projet médical partagé, gouvernance et instance médicale sont ici passés au crible.

La nouvelle directrice des Bluets joue l'apaisement à Paris mais l'ARS veille au grain

Depuis son arrivée à la tête de la maternité des Bluets, Nadia Ghedifa assure continuellement travailler à apaiser le climat social. Ses éléments de satisfaction : les plannings estivaux sont remplis et les récents départs de médecins et soignants bientôt palliés. À l'ARS, où l'inquiétude reste en revanche de mise, aucune hypothèse n'est écartée.

Médecine d'urgence - Alerte devant l’essor des drogues

Alain Dorra  17.06.2016

Attentats, nouvelles drogues, lombalgies… éclectiques, les communications du congrès « Urgences 2016 » (1er-3 juin, Paris) ont autant porté sur des sujets d’actualité que sur des thèmes plus « quotidiens », ayant pour point commun leur impact sur l’urgentiste.
Actualité oblige, le congrès « Urgences 2016 » était placé cette année sous le signe des attentats de Paris de novembre dernier qui ont mobilisé, selon le Pr Pierre Carli, pas loin de 45 SMUR sur le terrain, avec une réserve prévue de15 SMUR. Les différents « Retex » (retour d’expérience) et analyses a posteriori ont bien montré qu’outre la prise en charge des victimes, qui s’est déroulée aussi conformément que possible aux plans pré-établis, il a fallu prendre en charge la souffrance psychologique des intervenants, fortement traumatisés par ce qui s’apparente à de la médecine de guerre.