« L’usage des téléphones mobiles est devenu banal au sein des hôpitaux », souligne l'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (ANSES) qui publie les conclusions d'un avis sur l'impact des radiofréquences émises, notamment par les téléphones portables sur les dispositifs médicaux.
Trois zones d'usages
Dans cet avis, réalisé à la demande des ministères de la Santé et de l'Environnement, le Comité d'experts de l'ANSES indique qu'une « interdiction de l’usage des téléphones mobiles… dans les établissements de santé, telle que préconisée dans les années 1990, apparaît aujourd’hui peu justifiée » et recommande plutôt la mise en place de 3 zones d’usages : autorisés, limités et interdits. Les porteurs de dispositifs médicaux implantables actifs (pacemaker, neurostimulateur, etc.) doivent veiller à éloigner les sources d’exposition les plus fortes (téléphones mobiles).
Depuis la circulaire d’octobre 1995, qui alertait sur les risques d’interférences des champs électromagnétiques avec les dispositifs médicaux et invitait les établissements de santé à informer leur personnel et les patients sur ce danger potentiel, des données plutôt rassurantes ont été publiées et ont conduit un assouplissement des règles.
En particulier, les conclusions d'une étude du comité d’évaluation et de diffusion des innovations technologiques (CEDIT) réalisée en 2003 indiquaient qu'il n'y avait pas d'interférence et donc pas de danger à une distance supérieure à 1,5 mètre, sous réserve de certaines précautions à prendre pour les porteurs d’implants médicaux actifs.
Les téléphones sont désormais très utilisés dans les hôpitaux par les patients et par les familles mais aussi par les professionnels de santé eux-mêmes, qui l'utilisent à des fins privées mais aussi certaines applications (calculs de score, alarmes de transfert de monitoring, appels d'urgence…).
La nouvelle évaluation porte sur les dispositifs médicaux électriques et électroniques non implantables (DM) : pousse-seringues, respirateurs, systèmes de monitoring, appareils d'échographie, ECG… mais aussi les dispositifs implantables actifs (DIM) : implants cardiaques, pacemakers, défibrillateurs, neurostimulateurs.
Les sources de champ électromagnétiques étudiées sont les téléphones mobiles mais aussi les dispositifs WI-FI, Bluetooth, téléphone sans fil (DECT), talkies-walkies (type TETRA) ainsi que les technologies RFID (Radiofrequency Identification) très présentes en milieu hospitalier. « Le téléphone mobile est la source d’exposition aux radiofréquences potentiellement la plus élevée, en intensité », souligne l'avis. Les dispositifs utilisés en soins intensifs restent les plus sensibles (pousse-seringues…).
Hors des services de soins intensifs
Compte tenu de l'extrême diversité des situations, des sources et des dispositifs, « il n’est pas possible de définir une règle unique concernant une distance minimale à respecter entre les dispositifs médicaux et les sources électromagnétiques, applicable à toutes les situations », relèvent les experts.
Les experts recommandent que les téléphones mobiles restent éteints dans les lieux comportant des dispositifs électromédicaux à fonction critique ou servant au maintien de la vie (unités de soins intensifs, blocs opératoires, néonatalogie, services d’urgence, etc.), ainsi qu’à proximité des lits de patients connectés à des dispositifs électromédicaux.
En cas d'utilisation professionnelle, les personnels de santé doivent passer leurs appels téléphoniques à distance d’appareils électromédicaux. L'avis précise que les téléphones DECT, engendrant une exposition plus faible que les téléphones mobiles, les professionnels médicaux doivent privilégier ce moyen de communication.
Dispositifs implantables : informer patients et professionnels
Concernant les dispositifs médicaux implantés actifs, les patients doivent veiller à éloigner les sources d’exposition les plus fortes (téléphones mobiles) de leur dispositif (ne pas mettre le téléphone dans une poche à proximité d’un implant, téléphoner avec l’oreille opposée, etc.) ou veiller aux précautions recommandées par les fabricants lors du passage sous des portiques de sécurité (antivol, aéroports). Les acteurs de la chaîne de soins (fabricants de matériels médicaux, professionnels de santé) doivent être formés afin de pouvoir relayer les précautions d’usage recommandées par les fabricants auprès des patients et leur entourage.
De même, les professionnels de santé non hospitaliers qui utilisent des électrostimulateurs (kinésithérapeutes, par exemple) devraient bénéficier de formations leur permettant d’analyser le bénéfice/risque pour les patients.
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