En sortie sur les écrans français le 22 juin, le documentaire de Joris Lachaise est une passionnante réflexion sur la pratique institutionnelle de traitement de la folie et sa porosité avec les pratiques soignantes traditionnelles.
"La folie n'existe pas". Cette proposition du dramaturge, peintre et sculpteur Issa Samb (Joe Ouakam) en fin de film est en fait à son origine : en pensée traditionnelle africaine, la folie ne peut être abordée individuellement mais comme un symptôme collectif. Il ne s'agit donc pas d'isoler, d'enfermer le patient, mais de le prendre en charge collectivement. C'est à la recherche de ces pratiques et de leurs fondements théoriques que Joris Lachaise s'est rendu à Dakar. Car c'est justement là qu'à partir de 1958, un médecin militaire français a fait rupture avec la psychiatrie coloniale : Henri Collomb a mis en place au centre hospitalier de Fann une psychiatrie désaliénante et ouverte à la culture des patients. Confronté à un cas de possession par des esprits ancestraux, il s'est mis à l'écoute des tradipraticiens pour tenir compte de l'imaginaire qui animait ses patients. Il a également élaboré le principe de l'accompagnant : un proche dispose d'un lit pour maintenir le lien entre l'intérieur de l'institution et le milieu familial.
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