Depuis son arrivée à la tête de la maternité des Bluets, Nadia Ghedifa assure continuellement travailler à apaiser le climat social. Ses éléments de satisfaction : les plannings estivaux sont remplis et les récents départs de médecins et soignants bientôt palliés. À l'ARS, où l'inquiétude reste en revanche de mise, aucune hypothèse n'est écartée.
Un peu moins d'un mois après son arrivée à la direction de l'hôpital Pierre-Rouquès/Les Bluets à Paris (12e arrondissement), Nadia Ghedifa assure mener continuellement depuis un "travail d'apaisement". Voilà plusieurs mois que cet établissement obstétrical privé non lucratif emblématique de l'Est-Parisien souffre d'une crise interne majeure (lire ci-contre).
Une nouvelle coordinatrice des soins
L'ensemble des plannings estivaux sont aujourd'hui remplis, confie l'intéressée à Hospimedia, indiquant avoir augmenté les moyens alloués aux personnels et "mis le turbo" sur les recrutements : "Les renforts arrivent pour pallier les départs et la création de nouveaux postes". Plusieurs postes clés sont en effet à pourvoir. C'est le cas de la sage-femme coordinatrice des soins, avec une nouvelle personne recrutée depuis le 14 juin. D'autres arrivées doivent suivre, notamment un pédiatre, un gynécologue-obstétricien, deux anesthésistes-réanimateurs et un médecin hygiéniste. Quant au médecin-chef actuellement en arrêt maladie, la directrice laisse entendre qu'aucun départ formel ne lui a été remonté quand même bien certains bruits de couloir le laissent croire. En attendant, c'est la présidence et la vice-présidence de la commission médicale d'établissement qui ont pour l'heure pris le relais.
"Un hôpital ne peut pas fonctionner sans être en convergence avec son association gestionnaire", ajoute Nadia Ghedifa, qui ne nie pas les désaccords de gouvernance. En l'occurrence dans le cadre de la maternité des Bluets, l'association Ambroise-Croizat. "On ne peut pas être en rupture." La nouvelle directrice ne cache pas que l'établissement est difficilement en mesure aujourd'hui de tenir un équilibre budgétaire. La maternité a donc "un grand challenge" devant elle sur son processus de certification auprès de la Haute Autorité de santé (HAS), d'organisation du travail et de capacité à bâtir un dialogue interne. De fait, elle a donné son accord à l'idée d'une expertise demandée par le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Le choix du cabinet retenu par les syndicats doit lui être sous peu soumis. Elle promet également d'associer systématiquement le corps médical à toute décision. En parallèle, la responsable souhaite parvenir à rencontrer "en urgence" le délégué territorial de Paris de l'ARS Île-de-France, Gilles Echardour. Et cela dans une démarche qu'elle entend "constructive" pour "envisager l'avenir".
"Le maintien d'une coupure extrême"
Du côté de l'ARS, pas question aujourd'hui de spéculer sur la situation aux Bluets. La dernière inspection diligentée début mai par l'agence, à un moment où Nadia Ghedifa n'était pas encore en fonctions, n'avait pas à l'époque relevé d'écarts sur la sécurité de la prise en charge. "Pour autant, l'inquiétude ne diminue pas. On constate le maintien d'une coupure extrême du personnel, notamment d'une grande partie des médecins, avec l'équipe dirigeante, souligne Gilles Echardour à Hospimedia. Nous sommes prêts à toutes les hypothèses..." Le collectif Touche pas aux Bluets reste pour sa part extrêmement remonté contre les agissements de l'association Ambroise-Croizat, présidée par Anissa Chibane. Sa pétition, lancée en soutien à l'ancien directeur des Bluets, Thomas Lauret, avoisine désormais les 2 150 signatures. Il doit tenir son assemblée générale le 24 juin prochain.
Le 2 juin, ce sont une quarantaine de médecins, soignants et autres personnels de la maternité qui ont tenu la leur, estimant une nouvelle fois, de sources proches du dossier, être "humiliés", "bafoués" et "maltraités". Plus d'un s'accordent à dire que "la situation ne va pas pouvoir durer éternellement", pointant "un déni total de la situation" de la part de la direction. Les inspecteurs de la HAS se sont d'ailleurs montrés "troublés" à la suite de leur visite de certification, glisse pour sa part Gilles Echardour : l'absence de stratégie d'entreprise et le manque d'encadrement sont ici en cause. Le rapport final est attendu sous six mois. Selon certains, une nouvelle visite de l'ARS n'est pas à exclure dans les prochaines semaines. Et d'après eux, sans amélioration, le risque plane à l'horizon d'une éventuelle suspension de la maternité. Une décision qui serait lourde de conséquences vu l'activité de l'établissement, qui affiche plus de 3 000 naissances annuelles, plus d'un millier d'interruptions volontaires de grossesse et à peu près le même nombre de ponctions dans le cadre d'assistances médicales à la procréation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire