Alors que les moyens mis en œuvre pour répondre aux objectifs du dernier plan psychiatrie santé mentale ont été insuffisants, juge l'Unafam, l'association attend une prise en compte de la psychiatrie dans les projets médicaux des GHT, à la hauteur des enjeux. Notamment en matière de réponse aux urgences et d'accès au diagnostic et aux soins.
À l'aune de la mise en place des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et des communautés psychiatriques de territoire (CPT), l'Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapé(e)s psychiques (Unafam) fait connaître ce 10 juin ses positions concernant la prise en compte des activités de soins et de recherche dans la filière psychiatrie et santé mentale. Elle souhaite en effet que le projet médical partagé du GHT mais aussi le projet territorial de santé mentale prennent en considération, à leur juste mesure, les enjeux de cette filière. Ceci alors, entre autres raisons, que "les moyens mis en œuvre pour répondre à ces enjeux de société et de santé publique n’ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés par le dernier plan psychiatrie santé mentale" (PPSM) et que "les réponses à apporter, multiples et complexes, demandent synergie et complémentarité de l’ensemble des acteurs des secteurs sanitaire, social et médico-social".
Davantage de dispositifs "réactifs" d'urgence et de crise
L'association formule par conséquent une série de propositions en six axes :
- le développement des dispositifs de prévention ;
- la réponse aux situations de crise et d'urgence ;
- l'accès aux dispositifs de diagnostic et de soins ;
- l'accès aux soins somatiques et la prise en charge des facteurs de comorbidités ;
- la garantie d'une réponse au handicap psychique avec un accompagnement social et médico-social ;
- et enfin le développement de la recherche.
Concernant le volet urgences, l'Unafam identifie plusieurs priorités. Premièrement, développer des "réponses ambulatoires, connues, repérables et réactives". Cela doit passer par exemple par l'amélioration du fonctionnement des centres médico-psychologiques (CMP). Ceux-ci doivent en effet offrir une "amplitude et durée d’ouverture qui répondent aux besoins", une aptitude à répondre et accueillir une demande urgente et des créneaux réservés à l’accueil non programmé. Cela passe aussi par des équipes mobiles d’intervention psychiatrique "aptes à se projeter, là où l’état de la personne se dégrade, 24 heures sur 24" ou encore à répondre aux "situations sans solution rencontrées par l’entourage". L'Unafam attend également davantage de dispositifs répondant à la spécificité de la crise et l’urgence psychiatriques : des centres de crise en ville ou à l’hôpital (type centre d'accueil et de crise (CAC) ou service d'accueil des urgences (SAU)) identifiés comme la porte d’entrée des personnes en état de crise, une cellule téléphonique spécialisée en psychiatrie sur le 15 (7 jours sur 7 et 24 heures sur 24) et, pour finir, un "dispositif organisé d’urgences psychiatriques". L'Unafam détaille ainsi ses attentes à chaque échelon de ce dispositif gradué d'urgences spécialisées. Concernant l'accès aux diagnostics et aux soins, outre la réorganisation des CMP, plusieurs autres priorités sont référencées par l'association.
Un accès aux soins somatiques encore à améliorer
L'Unafam plaide en effet pour un développement des réponses aux soins incluant la mise en place de dispositifs d’accompagnements du parcours de santé, ainsi qu'un développement des dispositifs "d’aller vers". Par exemple, des interventions à domicile des CMP, si nécessaire, ou des équipes mobiles adaptées à différents publics (adolescents, personnes en grande précarité, personnes âgées…). Il s'agit aussi d'étoffer les "dispositifs alternatifs à l’hospitalisation en prenant en compte les possibilités de l’entourage des patients", par exemple les dispositifs de soins intensifs à domicile ou plus globalement l'HAD psychiatrique. L'association préconise aussi le développement des centres de soins de niveau 2 pour une aide au diagnostic et une prise en charge personnalisée des patients ou encore des dispositifs de réhabilitation (éducation thérapeutique du patient, psychothérapie, soins de remédiation cognitive et de réhabilitation psychosociale). Enfin, au volet de l'accès aux soins somatiques, l'Unafam formule une série d'attentes quant à l'attention donnée aux patients, lors de toute admission en soins psychiatriques, à l’hôpital ou en consultation externe, ainsi que dans le cadre du suivi en extrahospitalier. Il s'agit par exemple dans le cas de ce dernier suivi, que le psychiatre vérifie qu’un bilan somatique annuel est effectué.
Organiser l'échange d'informations
Il convient aussi "d'organiser un échange systématique d’informations entre médecin traitant et psychiatre", d'organiser une prise en charge adaptée des troubles somatiques par des équipes pluridisciplinaires (dentistes, diététiciens…) ou encore une prise en charge spécifique des troubles de la sexualité consécutifs aux traitements des psychoses. L'Unafam plaide aussi pour une recherche systématique, par le psychiatre et le médecin traitant, des addictions et mise en place d’un traitement approprié, ainsi que pour une prise en charge, dans le cadre de l’affection longue durée (ALD), des coûts liés aux pathologies somatiques et aux addictions ainsi qu’aux soins bucco-dentaires. Enfin, il s'agit naturellement, appuie l'association, de sensibiliser les familles, l’entourage, ainsi que le personnel paramédical et médico-social, à l'importance d'assurer un suivi somatique à ces personnes souffrant de pathologies psychiatriques. Ceci "pour agir, autant que possible, sur les facteurs de risques liés au mode de vie" (alimentation inadaptée, absence d’exercice physique…) et contribuer à rallonger une espérance de vie, souvent réduite, pour les patients les plus lourds, de dix à vingt ans en moyenne.
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