La création dans la loi de santé du médecin traitant de l'enfant est en train de raviver les tensions entre pédiatres et généralistes, sur fond de querelles de tarifs et de territoire. Ce sujet est notamment l'objet de vives discussions lors des négociations conventionnelles.
L'Académie de médecine avait la première ouvert un débat polémique en réclamant une« refonte urgente » du cursus des généralistes pour les former davantage (et mieux) à la pédiatrie. Les académiciens souhaitent notamment que tous les internes de médecine générale réalisent un stage de six mois obligatoire dans un pôle mère-enfant au cours duquel les internes seraient en pédiatrie ou en gynécologie – ou dans les deux services en alternance – pour se former à la pédiatrie ambulatoire et aux situations à risque.
Cette recommandation a été épinglée par l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). « Est-il raisonnable d'imaginer qu'un stage de quelques mois, une formation continue et un exercice non ciblés sur l'âge pédiatrique, puissent conférer aux généralistes des compétences équivalentes aux pédiatres ? », a mis en doute l'association, qui sera en congrès du 17 au 19 juin à Tours.
Plutôt que de remplacer les pédiatres par des généralistes mieux formés, l'AFPA met en avant l'augmentation nécessaire du nombre de pédiatres en formation et les incitations à s’installer en libéral. Elle souhaite que les pédiatres, dont le DES devrait passer de 4 à 5 ans en 2017, puissent préférentiellement être consultés lors de bilans de santé remboursés à 100 % à des moments clés du développement de l'enfant : à 6/10 jours de vie, 18/20 mois, 3 ans, 7 ans, 11/13 ans et en fin d'adolescence…
Halte au dénigrement
Très agacé par ces interventions, le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) a réagi mercredi en renvoyant l'Académie et l'AFPA à leurs études. « Les pôles mère-enfant, stages ambulatoires et stages optionnels en PMI proposés par l'Académie existent déjà dans la majorité des facultés », affirment les généralistes enseignants.
Quant à l'idée d'augmenter le nombre de pédiatres libéraux « au nom d'une prétendue hiérarchie des compétences des pédiatres sur les généralistes », elle est « dépassée », balaie le SNEMG, les généralistes suivant déjà près de 8 enfants sur 10.
Selon le syndicat, la formation des pédiatres est « presqu'exclusivement hospitalière », et« tournée sur des pathologies rares et graves ». Les généralistes enseignants recommandent d'orienter les pédiatres sur les pathologies de second recours « où leurs compétences sont importantes ». « Les pédiatres libéraux doivent arrêter de dénigrer les généralistes et leur formation qu'ils connaissent fort mal », conclut le syndicat présidé par le Dr Anas Taha.
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