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lundi 12 octobre 2020

Mon ex, ses enfants et moi

On les a connus échevelés au saut du lit. On leur a lu des histoires et fait des bisous du soir. Puis, un jour, on se sépare. Quand la famille recomposée se décompose, que reste-t-il du lien créé avec ses beaux-enfants ?

Par  Publié le 09 octobre 2020


Que subsiste-t-il de ces histoires ? Que laisse-t-on en héritage lorsque l’on ne partage pas de gènes, mais que l’on a noué des « liens électifs » ?

Si ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, notre affaire est mal embarquée. Car au bout du fil, les mots pour le dire n’arrivent pas aisément. Mais alors, pas du tout. Louise : « Euh… Ma belle-maman… Enfin, mon ancienne belle-maman… Comment dire ? »

Oui, comment dire ? Comment raconter un lien qui n’a pas de nom ni d’existence juridique ? Pour les besoins de cet article, nous choisirons donc un mot, ou plutôt une ribambelle de mots, pour qualifier ceux dont il est question : les ex-beaux-parents, et leurs ex-beaux-enfants. Autrement dit, quel lien garde-t-on avec les enfants de son ex ? La situation se présente plus souvent qu’on ne le croit.

Les familles recomposées sont bien installées dans le paysage démographique. On sait que pour 100 enfants en France, 7 vivent avec un beau-parent, selon les dernières données de l’Insee, publiées en janvier 2020. Mais combien de ces beaux-parents finissent par partir, les statistiques ne le disent pas. Quand l’amoureux de papa/maman ne l’est plus, il disparaît du dictionnaire. Hors cadre lexical, mais aussi légal, puisqu’il n’existe pas de statut du beau-parent, et encore moins de l’ex-beau-parent.

Il a parfois aidé à faire les devoirs, raconté des histoires, fait des bisous du soir, pendant des années. A ressenti de l’amour – oui, de l’amour ! – pour ces petits êtres attachants qu’étaient ses beaux-enfants, qui le lui rendaient bien. Vient la séparation du couple. Et, comme la réplique d’un séisme, cette autre séparation, parfois insupportable : quitter les enfants de l’autre – ou ne pas les quitter, justement. Voici donc cinq histoires de gens qui n’existent pas, en six chapitres…

La vie commune : Sébastien, Nolwenn et la question surprise

« Je peux t’appeler papa ? » La question a surgi un jour, parfaitement inattendue, des lèvres de Nolwenn, 3 ans et demi (les prénoms ont été changés). « Ça fait drôle », se souvient Sébastien, 33 ans aujourd’hui. Il vivait avec la mère de Nolwenn depuis près de deux ans, à côté de Caen. Sa relation avec l’enfant s’était tissée au fil du quotidien, non sans heurts. « Au début, pour la douche, pour le dîner, c’était le rejet complet : “Non, je veux maman !” Mais petit à petit, ça a changé, jusqu’à vivre des moments de fusion totale. »

Jusqu’à ce jour où Sébastien – qui n’avait pas encore d’enfants – se trouve face à cette toute petite fille, et à sa question immense. « Je lui ai dit : “Non, je suis pas ton papa, tu as déjà un papa. Mais explique-moi pourquoi tu demandes ça.” » Nolwenn ne s’est pas démontée. « Mon papa, c’est toi, parce que tu t’occupes de moi, tu m’emmènes à l’école, en vacances, tu viens me chercher. Mon père, c’est celui qui m’a fait avec maman. » Sébastien a dit oui.

« Ce n’était pas simple, car je ne pouvais pas décider de son éducation comme de celle de mes enfants. J’avais des devoirs mais pas de droits. »

Léo, lui, avait trouvé un surnom à sa belle-mère : « demi-maman ». Marie, parisienne de 56 ans, a vécu douze ans avec le père de Léo, de 2001 à 2013. Douze ans, une semaine sur deux, à s’occuper de lui entre ses 4 et ses 16 ans, et des deux enfants qu’elle a eus avec le père de Léo. « Nous avions nos rituels, le panini au Nutella à la sortie de l’école. Le soir, il me tournait autour pendant que je préparais le repas, il me racontait sa journée. Lorsque nous l’avions, c’est beaucoup moi qui gérais le quotidien : la scolarité, les médecins… Ce n’était pas simple, car je ne pouvais pas décider de son éducation comme de celle de mes enfants. J’avais des devoirs mais pas de droits. »

Pour trouver la juste place, pour apprendre à être beau-père, Jim, lui, s’est inspiré de son propre beau-père. En 2016, à 38 ans, il a emménagé dans le Luberon avec sa compagne et le fils de celle-ci, Florent, alors âgé de 5 ans. « J’ai moi-même eu un beau-père pendant vingt ans, que je continue à voir aujourd’hui, après sa séparation d’avec ma mère. Son comportement avec moi a été mon modèle pour Florent : on n’est pas un père, on n’est pas un ami. Je n’avais pas à mener son éducation. Je lui lisais une histoire, je l’embrassais tous les soirs avant de le coucher. Je faisais à manger. Je me suis attaché à lui. »

La séparation : Cécile, les filles et le café

Je me suis attaché à lui, à elle : tous le disent, avec pudeur ou avec emphase, avec tristesse ou avec joie. Qu’ils aient vécu ensemble un an ou quinze, ils ont créé un lien fort, fait de silences de petit-déj, de priorité à la salle de bains ou d’embrouilles pour la télé. Un lien parfois si fort qu’il est inenvisageable de le rompre, quitte à renoncer à l’autre rupture, la rupture conjugale. C’est ce qui est arrivé à Cécile, 57 ans, qui a vécu avec ses deux belles-filles à temps partiel depuis leurs 12 et 14 ans, en banlieue parisienne.

Au bout d’une vingtaine d’années de vie commune, elle découvre que son mari a une liaison depuis sept ans. Pendant des mois, il nie, minimise, malgré des visites chez un conseiller conjugal, jusqu’à ce qu’elle craque. Un beau jour, avant une réunion de famille où elle redoute de devoir encore faire semblant, elle passe un coup de fil à l’aînée de ses belles-filles. « Je ne peux plus mentir », dit-elle. « Tu veux aller boire un café ? », lui propose la jeune femme.

Au bistrot, Cécile lui raconte tout. « Je peux appeler ma sœur ? », demande alors sa belle-fille. « Et me voici dans un café avec les deux filles et une solidarité féminine incroyable, se souvient Cécile. Elles en ont parlé à leurs copines, un petit cercle qui condamnait fermement l’attitude de mon mari. L’aînée lui a téléphoné : “Il faut que t’arrêtes de déconner, il n’est pas possible que tu détruises tout ce qu’on a construit avec Cécile.” » Plus tard, le conseiller conjugal a demandé au couple de noter les fondamentaux de leur vie commune sur une feuille. Sur la première ligne de celle de Cécile, il y avait les filles. Elle n’a pas quitté son mari.

C’est plus ou moins l’inverse qui s’est produit chez Françoise, aujourd’hui âgée de 55 ans et installée près de Nîmes. Posons le décor, qui pourrait tenir lieu de scénario de série télé sur les familles recomposées. Ici, dans la grande maison de Cherbourg, on est régulièrement neuf à la maison : Françoise, son mari, les quatre enfants de celui-ci, qu’il a eus de deux mariages précédents, les deux fils de Françoise, qu’elle a eus de deux pères différents, et leur fille, la petite dernière. Ce qui donne, aujourd’hui et dans l’ordre : Pierre, 30 ans, William, 29 ans, Lise, 25 ans, Samuel, 23 ans, Louise, 22 ans, Martin, 21 ans, Rose, 12 ans.

Le couple bat de l’aile depuis longtemps quand Françoise se résout à en parler à ses beaux-enfants. « Je suis restée un peu pour eux. Cela faisait longtemps qu’on était ensemble et je ne voulais pas encore une fois tout casser. Mais ils savaient que notre couple n’allait pas. Ils m’ont dit : “Va-t’en, Françoise.” L’un de ses fils m’a aidée à emménager ici, dans le Sud. Et l’une de ses filles m’a inscrite sur un site de rencontres ! » Aujourd’hui, quatre ans après sa séparation, Françoise parle à ses belles-filles et à l’un de ses beaux-fils très souvent au téléphone, et ils lui rendent visite. « Une commence un nouveau travail ce matin, je l’ai eue hier soir. Je suis très attachée à eux, c’est comme mes enfants. Je n’imagine pas être coupée d’eux. »

« Du jour au lendemain, elle m’a dit : “Nolwenn, c’est du passé. Désormais, tu ne pourras plus la garder ni la voir, c’est mon nouveau compagnon qui s’occupera d’elle.” »

Sébastien, que la petite Nolwenn appelait papa, n’a pas pu continuer à voir sa belle-fille, après cinq ans de vie commune. Pour lui, la rupture s’est faite en deux temps. « Je me suis séparé en décembre 2018, mais le lien avec Nolwenn n’a pas été coupé tout de suite. Je suis resté très arrangeant parce que mon ex-compagne avait des horaires décalés. La petite dormait à la maison quand sa maman travaillait. Jusqu’à ce qu’elle refasse sa vie, et là, du jour au lendemain, elle m’a dit : “Nolwenn, c’est du passé. Désormais, tu ne pourras plus la garder ni la voir, c’est mon nouveau compagnon qui s’occupera d’elle.” Je devais la sortir de ma vie complètement. Je sais que je n’ai aucun droit, mais je ne m’étais pas préparé à une séparation aussi radicale. » A plusieurs reprises, il répète un même mot : « déchirement ».

L’absence : Jim, Florent et la PS4

Jim, lui, a fait le choix de partir sans un mot. Sa compagne et lui se sont séparés pendant l’été, tandis que Florent, 6 ans, était en vacances chez son père. « Quand il est revenu, je n’étais plus là. Il n’y a pas eu d’au revoir. A vrai dire, je ne sais pas comment j’aurais réussi à gérer ça  c’est peut-être une forme de lâcheté. On s’en va un jour en douce, en se disant qu’il est jeune et qu’il n’en souffrira pas trop. Mais j’y repense souvent : a-t-il pleuré mon départ ? A-t-il eu de la peine ? Ou bien a-t-il pris la manette de sa PS4 et oublié aussi sec ? » Le jeune homme semble osciller entre l’espoir que son beau-fils se souviendra de lui et la crainte qu’il souffre de son absence. « J’ai vécu un an avec lui, c’est à la fois court et long, dit-il. Est-ce que ça justifie d’entretenir cette relation avec cet enfant ? Je n’en suis pas sûr. » Reste le manque.

Le manque est une blessure ouverte pour Sébastien, qui continue de voir Nolwenn à la sortie de l’école d’en face, lorsqu’il va chercher son fils. « Bien souvent, elle me fait un coucou. Je l’ai vue il y a peu au détour d’un centre aéré. Elle m’a dit : “Moi je suis triste parce que j’aimerais bien venir chez toi.” Je lui ai répondu que quand elle serait grande, ma porte serait toujours ouverte. A la rentrée scolaire, pour sa fête, son anniversaire, je pense à elle : est-ce que ça s’est bien passé, est-ce qu’elle va bien ? Je lui prévois toujours un cadeau. »

Le lien avec ses beaux-enfants est parfois si fort qu’il amène à renoncer à la rupture conjugale.

Pour Marie, la brutalité de la séparation – un divorce houleux, long – s’est lentement muée en rancœur. Pourquoi Léo, qui avait 16 ans au moment de la rupture, n’a-t-il pas cherché à la revoir ? Le jeune homme a aujourd’hui 24 ans et vit à Paris, comme elle. Elle ne l’a croisé qu’une fois, lors d’un pacs, et ne l’a pas reconnu. « Mes sentiments auraient pu s’adoucir avec le temps, mais c’est plutôt l’inverse qui s’est produit, dit-elle. Au début, j’aurais aimé le voir, prendre de ses nouvelles, savoir ce qu’il faisait. Aujourd’hui, ce lien est passé. »

L’héritage : Marie, Léo et la menuiserie

Que subsiste-t-il de ces histoires ? Que laisse-t-on en héritage lorsqu’on ne partage pas de gènes, mais que l’on a noué des « liens électifs », comme les qualifie Agnès Martial, directrice de recherche au CNRS, qui a publié, en 2003, S’apparenter. Ethnologie des liens de familles recomposées (Maison des sciences de l’homme) ? Marie se souvient qu’enfant, son beau-fils était un peu bringuebalé entre son père, qui voulait qu’il fasse du rugby, et sa mère, qui voulait qu’il fasse de la danse. Il allait d’une activité à l’autre, les mercredis, en glissant à sa belle-mère de temps à autre que ce qu’il aimerait faire, lui, c’est de la menuiserie. Marie lui avait donc trouvé un cours. Elle sait, aujourd’hui, qu’il a passé un bac pro en menuiserie et poursuivi ses études dans une école spécialisée. Elle qui n’a plus aucun lien avec ce garçon a au moins cette certitude : elle l’a aidé dans ses choix.

C’est aussi la grande joie de Sébastien, dont la belle-fille, Nolwenn, fait du football. « Elle était toujours à vouloir taper dans un ballon. Moi, je faisais partie du comité directeur d’un club, elle m’accompagnait. Elle a commencé avec moi en tant que féminine dans le club, puis elle a été détectée par un autre, à un plus haut niveau. » Il est allé la voir jouer plusieurs fois et lui a offert le nouveau maillot de l’équipe de France à l’occasion d’un rendez-vous avec sa mère pour la garde de leur fils. « C’est une fierté, glisse-t-il, surtout que sa maman déteste le foot ! »

Laisser une trace, envers et contre tout. Jim n’a vécu qu’un an avec Florent, mais ils ont beaucoup partagé. La manette de la PS4, donc – les parties de FIFA, de Lego Star Wars –, mais aussi des balades à vélo, et les films avec Pierre Richard. « Notamment Le Jouet, qu’il a beaucoup aimé. Avant de partir, je lui ai offert le coffret de Pierre Richard. » Les regardera-t-il ? Est-ce assez pour que quelque chose en reste ? Jim n’est pas certain que Florent deviendra spécialiste du grand blond à la chaussure noire. En revanche, il est sûr de ce que l’enfant lui a appris. Le jeune homme s’apprête à devenir père. « J’ai dit à ma compagne : “Je te laisse gérer de 0 à 5 ans, moi, j’ai l’expérience de 5 à 6” », plaisante-t-il. Les héritages ne sont pas à sens unique.

Les fêtes et les naissances : « Mamie Françoise »

Une famille, définition à géométrie variable. Avec un invariant, ou presque : les fêtes et les grands événements. Où l’on se retrouve autour d’une naissance ou d’une mort. Où l’on danse et l’on boit pour Noël ou un anniversaire. Où l’on constate avec une joie mauvaise que tante Odette a grossi, que le bébé de Jennifer a une drôle de tête, que le beauf est toujours un beauf… Où l’on se réjouit et l’on s’énerve, où l’on s’aime et l’on se déteste.

« J’ai essayé de me projeter dans le Noël suivant, sans elles : quelle tristesse ! Et soudain, c’est apparu évident que ce n’était pas possible. »

Quand Cécile a annoncé à ses belles-filles qu’elle envisageait de quitter son mari, elles lui ont rétorqué : « Et les Noëls, alors ? ! » Impossible pour elles d’imaginer se passer de cette réunion de famille. « J’aime beaucoup les traditions et les fêtes, dit Cécile, je suis d’origine alsacienne. Je fais un grand sapin, très décoré, une belle soirée. Pour elles, c’est exotique, mais elles adorent. J’ai essayé de me projeter dans le Noël suivant, sans elles : quelle tristesse ! Et soudain, c’est apparu évident que ce n’était pas possible. »

Françoise, qui a vu grandir ses quatre beaux-enfants, qui leur a cuisiné des spaghettis bolognaise et un gâteau de riz tous les vendredis soir pendant des années, qui leur a fait vivre « des Noëls de dingue », selon sa belle-fille Louise, ne sait pas comment nommer le lien qui l’unit à eux. « C’est à part, dit-elle. Je ne sais pas si c’est une famille. » C’est ainsi qu’elle exprime le flou de cette relation. Depuis deux ans, cependant, une chose est sûre : elle est grand-mère. Enfin, un lien qui porte un nom. Quand son ex-belle-fille a eu un bébé, elle le lui a tout de suite dit : « Tu seras Mamie Françoise. » Elle parle régulièrement à l’enfant par téléphone. « Et cet été, je suis allée le voir, ce petit garçon », dit-elle avec tendresse.

La naissance d’un petit-enfant est bien souvent ce qui permet de clarifier les choses, confirme la chercheuse Agnès Martial. « Il est très difficile de donner un statut parental à un beau-parent. En revanche, on peut être grand-parent de façons très différentes. Donner ce titre à son beau-parent est une manière de lui donner une place et de qualifier ce lien. »

La place : Louise, Françoise et « la première fois »

Tout est question de place. A défaut d’en occuper une dans un arbre généalogique, on peut savoir que l’on en conserve une auprès de ses beaux-enfants, durablement. Louise, l’une des quatre enfants de l’ex de Françoise, aujourd’hui âgée de 22 ans, le raconte d’une petite voix, avec des mots d’une force extraordinaire. « A la fin de l’adolescence, j’ai pris conscience de tout ce qu’elle avait fait pour nous. Elle m’a aidée à me construire en tant que femme, à me sentir jolie, elle m’a transmis le goût des belles choses. Ma belle-mère a été celle à laquelle j’ai parlé quand j’ai voulu vivre ma première relation sexuelle, vers 16 ans et demi. C’est vers elle que je me suis tournée car je ne voyais pas d’alternative. Notre conversation a été très douce. Elle ne m’a pas fait le moindre reproche, m’a demandé si je me sentais bien avec lui. Elle m’a dit qu’il était important que je ne me force pas, que je ne me sente pas obligée de quoi que ce soit. Et elle m’a raconté sa première fois. Ça m’a rassurée et permis d’être plus à l’aise avec ma décision. »

« Peut-être que quand elle prendra le bus toute seule, elle reviendra de temps à autre… J’espère du fond du cœur avoir une place dans sa vie. »

Ce que décrit Louise, c’est effectivement une place à part, mais à part entière : celle d’une figure à côté des parents, avec laquelle la parole est plus libre. « Ma mère est très anxieuse, surtout pour ses enfants. Si quelque chose ne va pas, ça la met physiquement mal. Quand j’ai des choix importants à faire, j’en parle souvent à ma belle-mère. Elle aussi peut être angoissée pour moi, mais elle me laisse suivre mon chemin dans les voies que j’ai choisies. » L’attachement que la jeune femme porte à sa belle-mère est grand. « Je la considère comme un troisième parent. D’ailleurs, pour la Fête des mères et des pères, j’achète quatre cartes : deux pour ma mère et ma belle-mère, deux pour mon père et mon beau-père ! »

Bien sûr, tout ne se passe pas toujours aussi bien. Lorsque le contact est rompu, depuis peu ou depuis longtemps, on s’interroge sur la place qui nous échoit. A Caen, Sébastien espère que Nolwenn, une fois adolescente, prendra l’initiative de lui rendre visite. « Peut-être que quand elle sera au collège, au lycée, et qu’elle prendra le bus toute seule, elle reviendra de temps à autre… J’espère du fond du cœur avoir une place dans sa vie. »

Marie, elle, ne saura peut-être jamais quelle place elle occupe dans l’esprit de Léo, son ex-beau-fils. Presque huit ans après son départ, leur lien est suspendu. Cette place incertaine, elle la raconte d’un autre point de vue, à travers une anecdote frappante. « Ma fille n’a jamais revu mon ex-mari. Elle a donc elle aussi perdu un beau-père. Deux ans après notre séparation sont arrivés les attentats de novembre 2015. Et là, soudain, alors qu’elle ne me parlait jamais de lui, elle m’a demandé : “Est-ce que tu crois qu’il aurait été triste si j’étais morte ?” »



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