Publié le 11/10/2020
Dans un contexte sanitaire largement dominé par la pandémie de Covid-19, des éditorialistes du British Journal of Psychiatry rappellent que les traitements psychotropes de nombreux patients sont parfois compromis, suite aux difficultés pratiques (comme la fermeture de certaines structures) et aux réticences des intéressés pour retourner consulter, par crainte d’une contagion. Les auteurs estiment que nous devons garder ces considérations à l’esprit et ne pas négliger l’intérêt des stratégies alternatives (par exemple, la psychothérapie en ligne) pour limiter l’impact négatif de cette situation sur la continuité des soins.
Une politique de Gribouille
Cette nouvelle maladie virale pose des défis aux médecins et aux patients, notamment parce que les incertitudes qui l’entourent compromettent l’utilisation de certains médicaments en toute sécurité. Les auteurs donnent un exemple caractéristique : une patiente âgée bipolaire ne se rend plus au laboratoire pour effectuer son dosage régulier de lithium, afin de réduire la probabilité de contracter le fameux virus. Mais elle adopte ainsi une vraie politique de Gribouille (lequel « se jette à l’eau pour échapper à la pluie ») : elle court un risque accru de souffrir à la fois des conséquences psychosociales et physiques du nouveau virus et d’une toxicité du lithium, puisque ce traitement n’est plus surveillé ! La situation est d’autant plus épineuse que cette personne n’est plus en contact avec une équipe soignante et ne dispose même pas de l’outil informatique, nécessaire pour communiquer avec son médecin par téléconsultation.
L’alternative des interventions cognitivo-comportementales
Plus généralement, un paradoxe s’installe : alors que les traitements psychotropes sont devenus « encore plus nécessaires » (pour contrer en particulier l’angoisse et l’insomnie fréquentes en ces temps anxiogènes), les prescriptions de ces médicaments se révèlent simultanément « plus difficiles » et moins sûres, comme dans cet exemple d’une prescription de lithium sans surveillance de son dosage plasmatique, gage d’une sécurité d’emploi. Les auteurs espèrent qu’échanger sur leurs expériences cliniques permettra aux praticiens d’identifier les situations où des psychothérapies sont préférables à des prescriptions de médicaments : par exemple, certaines interventions cognitivo-comportementales pourraient entraîner un apaisement plus soutenu de l’anxiété liée au virus qu’un traitement pharmacologique.
Dr Alain Cohen
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