Femmes en couple et/ou avec enfants, si vous avez trouvé un moyen de vous isoler, écrivez-nous.
« Vous l’avez pas fait finalement votre article sur la fillonière ? » Cette question m’est posée l’air de rien par une collègue qui mange un panini en face de moi. J’y réponds abruptement (« non ») alors que je mesure toute l’attente qu’il y a derrière. Ma camarade termine certains jours avec de la bave d’enfant dans l’oreille (le dernier a moins de 5 ans) et elle veut vraiment lire l’expérience de femmes ayant une « chambre à soi ». La fillonière est le mot qu’on a inventé à Rue89 pour désigner cette pièce destinée aux femmes, qui ne soit pas la buanderie. Nous avons en tête l’équivalent d’une garçonnière : une pièce d’environ 10 mètres carrés, dans laquelle notre genre pourrait écrire, penser, s’affaler, dormir seule, coucher avec des gens nouveaux. Leur dire, comme dans la chanson « la Garçonnière » de Biolay :
« Allongez-vous, moi je reste debout. »
« Je rêve surtout d’un lieu où personne ne me ferait chier », me recadre mon amie.
Au cours du déjeuner, elle et moi admettons avoir entré quelques alertes sur Seloger.com pour des surfaces minuscules. Et nous faisons le même constat : à Paris, une petite pièce vaut au moins 50 000 euros. Et encore, pour ce prix-là, il ne faut pas compter sur une vraie fenêtre, mais sur un velux. En attendant la fortune, je conseille ici à ma camarade, ayant moi-même deux jeunes enfants, de se rabattre sur de la fuite réalisable. Si rester trop longtemps aux toilettes est louche et dégradant, la salle de bain fait bien l’affaire. Grâce au patriarcat, personne ne peut reprocher à une femme d’y passer du temps. Je m’y assois par terre et je scrolle mon téléphone, sans avoir le père de mes enfants en stéréo :
« Tu peux pas lâcher un peu ton portable ? Tu lis quoi là encore ? »
A travers la porte, je l’entends dire : « Non, maman est dans la salle de bain. » Eh ouais. Injoignable parce que je mets du mascara. C’est reposant. En fait, j’y lis un article du « New York Times » sur le Covid de Trump ET je regarde des stories de Marie Papillon.
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