| 20.03.2018
« Les soignants ne vont pas bien du tout. Ils ont l'impression qu'on leur a piqué leur idéal. L'hôpital rend malades ses personnels. » Une fois encore, l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et son président le Dr Patrick Pelloux alertent sur la dégradation des conditions de travail à l'hôpital, 48 heures avant la manifestation nationale des agents de la fonction publique hospitalière, prévue ce jeudi.
Trois fois plus de passages aux urgences en 20 ans
« La situation est terriblement inquiétante aux urgences, et plus largement, à l'hôpital », a assuré l'urgentiste parisien à l'occasion d'un point presse, ce mardi. Selon lui, la dégradation des conditions de travail est « beaucoup plus importante qu'avant » et s'inscrit dans un contexte économique « avec beaucoup moins de moyens ».
L'AMUF appuie son argumentaire sur des chiffres : sept millions de passages dans plus d'un millier de services d'urgences en 1998, date de création du syndicat ; 21 millions de passages dans 650 services 20 ans plus tard !
La nature des prises en charge a elle aussi évolué. « Qu'on arrête de dire qu'on fait de la bobologie aux urgences, jette le Dr Pelloux. On a des malades graves. Et 56 % des certifications de décès sont faits par des urgentistes. »
L'ambulatoire, cette escroquerie intellectuelle
A contrario du discours politique ambiant, l'AMUF veut « rouvrir des lits ». « La médecine et la chirurgie ambulatoires sont une escroquerie intellectuelle, assène le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole du syndicat et membre de la CGT. On supprime des lits alors qu'on accueille de plus en plus de patients polypathologiques âgés incompatibles avec l'ambulatoire. Or, quand un patient reste plus d'1h30 sur un brancard, le risque de surmortalité globale augmente de 9 % à 30 %, selon la gravité de son cas. Ce sont des données scientifiques prouvées ! »
L'urgentiste du SAMU 93 (Bobigny) trouve également « incohérent » d'envisager de fermer des services d'urgences selon des critères de seuil « alors que les urgences existent au cas où ». « Chaque Français doit être en mesure de trouver à moins de 30 minutes un service d'urgences ouvert 24 heures sur 24. C'est ce qui nous définit », a-t-il conclu. Selon l'AMUF, un contingent de 100 à 200 médecins urgentistes manque aujourd'hui en France pour faire tourner correctement les services.
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