Les maisons de Lyliane, établissement spécialisé pour handicapés adultes. Photo Edouard Caupeil
Les relations sexuelles ne peuvent pas être interdites dans les établissements qui accueillent des personnes mentalement déficientes. Mais, dans les faits, entre surveillance et prévention des risques, les conditions sont rarement réunies pour une vie intime émancipée.
Vers la fin d’un tabou ? Longtemps occultée ou abordée uniquement sous l’angle des risques, la sexualité des personnes en situation de handicap mental est de plus en plus prise en compte, notamment dans les établissements médico-sociaux. En France, 700 000 personnes présenteraient une déficience intellectuelle, qui entraîne souvent une limitation de l’autonomie, selon les chiffres de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei). Certains d’entre eux résident et/ou travaillent dans des établissements adaptés, médicalisés ou non. Des lieux où la vie affective est soumise à une surveillance.
Vers la fin d’un tabou ? Longtemps occultée ou abordée uniquement sous l’angle des risques, la sexualité des personnes en situation de handicap mental est de plus en plus prise en compte, notamment dans les établissements médico-sociaux. En France, 700 000 personnes présenteraient une déficience intellectuelle, qui entraîne souvent une limitation de l’autonomie, selon les chiffres de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei). Certains d’entre eux résident et/ou travaillent dans des établissements adaptés, médicalisés ou non. Des lieux où la vie affective est soumise à une surveillance.
Si les relations sexuelles entre résidents ne peuvent plus être interdites dans les règlements intérieurs, les personnes handicapées mentales rencontrent néanmoins des difficultés dans leur accès à la sexualité, explique Lucie Nayak (lire ci-contre),docteure en sociologie, dans Sexualité et handicap mental.
«Réguler sans entraver»
Les lois fondamentales, notamment la Convention européenne des droits de l’homme, garantissent à chacun le respect de sa vie intime. «Cela vaut pour nous tous, y compris pour les personnes en situation de handicap», souligne Alain-Camille Miloudi, directeur général de l’Association pour l’accueil des personnes handicapées et des personnes âgées (Apaphpa), qui gère plusieurs établissements dans les Yvelines, dont les Maisons de Lyliane. Des lois protègent ce droit à une vie sexuelle, notamment celle du 2 janvier 2002. «Avant, beaucoup d’établissements n’étaient pas mixtes», se souvient Alain-Camille Miloudi. Les associations gestionnaires ont dû s’adapter, par exemple en mettant en place des chambres pour accueillir les couples, voire des studios. «On doit trouver des modalités qui assurent une vie affective protégée à l’intérieur d’un collectif,estime le directeur de l’Apaphpa. Il faut réguler sans entraver, favoriser le lien, sans oublier que ce sont des personnes vulnérables qu’il s’agit également de protéger contre les risques de violences sexuelles dans les établissements et hors des murs.»
Certains établissements médico-sociaux mettent en place des groupes de parole sur la sexualité, des rendez-vous avec des psys, des ateliers… A l’instar des établissements scolaires, ils sont aussi tenus d’organiser des séances d’éducation à la sexualité. Des sessions qui, malgré la prise de conscience, sont encore loin d’être généralisées. L’accès au Planning familial est également limité. «Des personnes vivent toute leur vie en institution sans aucune information»,déplore Lenaig Péron, responsable de formation au Centre de recherche et d’étude pour le droit à la vie sexuelle (Crédavis). Elle défend l’idée d’une formation «positive» à la sexualité, pas uniquement envisagée en matière de prévention des risques. Son association donne des outils aux professionnels pour apprendre à réagir quand deux résidents s’embrassent dans un couloir, souhaitent s’installer ensemble, se séparent, ou manifestent le désir d’un accompagnement sexuel.
Cette pratique, qui consiste à aider les personnes dépendantes à accéder à leur sexualité en échange d’une rétribution, est autorisée dans plusieurs pays européens comme l’Allemagne ou l’Italie, mais pas en France. Le Comité national consultatif d’éthique a émis un avis défavorable en mars 2013. Il n’est pas interdit d’être accompagnant sexuel mais, en pratique, un éducateur qui mettrait en relation un accompagnant sexuel et une personne handicapée peut être accusé de proxénétisme. Sans parler de la pénalisation des clients, qui expose les accompagnés à des poursuites.
«Hypocrisie française» et «moralisme»
Marcel Nuss, fondateur de l’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (Appas), la seule à former des accompagnants sensuels et sexuels, dénonce une «hypocrisie française» empreinte de «moralisme». Lui-même atteint d’une amyotrophie spinale (une maladie héréditaire qui affaiblit et atrophie les muscles), il réclame la mise en place d’«une exception au proxénétisme». Son association est sollicitée chaque année par des centaines de personnes en situation de handicap moteur ou mental. «Il y a des demandes, on ne veut pas occulter le sujet, mais on ne veut pas que le débat se résume à ça, estime Claire Grisard, chargée des questions d’accessibilité à l’Unapei. Cela pourrait être un outil parmi d’autres, à condition d’en délimiter les contours.» Pour Lenaig Péron du Crédavis,«l’accompagnement sexuel est une réponse mais ce n’est pas "la" réponse».
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