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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 16 novembre 2016

Maladies psychiques : la photo pour sortir du cadre

15/11/2016




Douze usagers du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel Louis-Pergaud (CHU de Tours) exposent les œuvres réalisées dans le cadre d'un atelier photo. - Douze usagers du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel Louis-Pergaud (CHU de Tours) exposent les œuvres réalisées dans le cadre d'un atelier photo.
Douze usagers du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel Louis-Pergaud (CHU de Tours) exposent les œuvres réalisées dans le cadre d'un atelier photo.
L’art comme support thérapeutique au Centre Louis-Pergaud : douze anciens patients de psychiatrie exposent un an d’exploration.
Quelques larmes déposées sur une toile, des silhouettes qui s'échappent, une rose qui éclôt. Les 45 photos exposées dans le hall de l'hôpital Bretonneau, à Tours, sont belles, émouvantes, parfois déroutantes, pour qui prend le temps de s'y plonger.
Pour ceux qui les ont créées, elles sont autant de fenêtres ouvertes sur la maladie psychique. « Quand je crée, je veux toujours sortir de la réalité. Pour moi, c'est une échappatoire »,explique Jean-Luc, l'un des douze participants à l'atelier photo du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) Louis-Pergaud. Ce service de l'unité de psychiatrie A du CHRU de Tours intègre depuis des années des activités artistiques dans l'accompagnement de ces adultes « passés par la psychiatrie, stabilisés, mais encore fragiles ». A Tours, on a déjà croisé les œuvres de ses usagers au Printemps des poètes ou en résidence sonore à l'Octroi.
Pendant un an, douze photographes amateurs ont construit leur projet d'exposition comme un jalon dans leur parcours de soin. « C'est d'abord un moyen d'expression, explique Philippe Hénon, éducateur spécialisé. Ces photos deviennent aussi des supports pour déclencher des discussions avec l'entourage ou le thérapeute. Cet atelier a aussi été l'occasion d'un travail de groupe, ce qui est essentiel, car la maladie isole beaucoup. »

Les défenseurs des étrangers malades mettent en cause la politique restrictive du gouvernement français

15.11.2016
Une vingtaine d'associations ont dénoncé mardi les restrictions récemment posées à l'immigration pour raisons de santé. Le collectif qui rassemble notamment la Cimade, la Ligue des droits de l'Homme, Médecins du monde, ou le MRAP a appelé mardi le gouvernement à ne pas "faire primer les contrôles migratoires sur la santé publique" En cause, les dispositions nouvelles posées par le décret du 7 mars dernier, en application de la loi sur l'immigration.

“Les enfants volés d'Angleterre”, une saisissante enquête à suivre sur France 5

Les enfants volés d'Angleterre, le 15/11/2016 à 20h45 sur France 5
Les enfants volés d'Angleterre, le 15/11/2016 à 20h45 sur France 5
© Dream Way Productions
Diffusée en prime-time sur France 5 ce 15 novembre, cette enquête bouleversante met au jour une réalité britannique impensable : le retrait arbitraire d’enfants à leur parents pour répondre aux quotas d’adoption fixés par l’Etat. Edifiant.
Le documentaire s'ouvre sur une scène à peine croyable. Filmée sur un ferry en partance pour la Normandie, Bethany, 22 ans, enceinte, fuit l'Angleterre pour avoir une chance d'élever son premier enfant. Parce qu'elle a été fragilisée, six ans auparavant, par le suicide de sa sœur aînée, les services sociaux britanniques ont menacé de lui retirer son bébé à la naissance pour « probabilité de maltraitance » future. On se croirait dans un épisode de la glaçante série Black Mirror. Pourtant, Bethany est loin d'être un cas isolé. Les réalisateurs Stéphanie Thomas et Pierre Chassagnieux ont aussi suivi Colin et Claire, un jeune couple défavorisé qui perçoit l'aide sociale et affronte la maladie de Claire, épileptique. Lors d'une échographie, au cinquième mois de grossesse, elle est signalée par son médecin aux services sociaux, et reçoit leur conclusion quelques semaines plus tard. Le couple représenterait un risque de « maltraitance émotionnelle » et de « négligences » pour leur futur enfant… La caméra suit avec tact les six mois d'angoisse qui mèneront au verdict de la justice : leur bébé leur sera-t-il définitivement retiré et adopté ?
« Pendant nos deux années de travail préparatoire, nous nous sommes heurtés à l'incrédulité de nos proches et aux regards interdits des chaînes, qui pensaient que c'était impossible », commente Eric Colomer, producteur du documentaire. Tout découle du Children act, une loi adoptée en 1989 par Margaret Thatcher, qui donne la possibilité aux services sociaux de retirer leur(s) enfant(s) à des couples soupçonnés de maltraitance ou de maltraitance future. Ces décisions touchent aussi bien des familles établies, dont les enfants semblent présenter des signes de maltraitance psychologique, physique ou émotionnelle, que des couples en attente d'enfant, qui « risqueraient » d'être de mauvais parents car trop pauvres, trop malades, trop fragiles… Pour traiter de cette politique impensable, « il nous fallait un principe de narration qui rende les faits irréfutables, explique Eric Colomer. Nous avons choisi de suivre des hommes et des femmes qui n'ont jamais eu d'enfants, qui n'ont jamais pu être maltraitants, et qu'on décrète pourtant par avance incapables d'être parents. Beaucoup de nos interlocuteurs dans les chaînes souhaitaient que nous ne suivions que des familles à qui on enlevait des enfants en temps réel. Nous étions persuadés que cela ne permettait pas de documenter la réalité de la justice : sans recul, sans enquête, nous pouvions nous-mêmes avoir un doute, ne pas être sûrs qu'il y avait injustice. Il fallait donc aussi des histoires au passé, qui prouvent de manière incontestable l'innocence de parents à qui on a enlevé les enfants. »

Procès Fiona : «Le décès de ma fille nous a fait partir en vrille»

Par Julie Brafman, envoyée spéciale à Riom (Puy-de-Dôme) — 15 novembre 2016

La mère et le beau-père de la fillette, dont le corps n’a jamais été retrouvé, comparaissent devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme. Les deux premiers jours du procès ont permis d’en savoir plus sur l’histoire et la personnalité des accusés.


Les yeux perdus dans le vague, ils luttent contre leurs paupières trop lourdes. Dans le box vitré, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf semblent ailleurs, la tête dans un coaltar d’antidépresseurs, anxiolytiques ou substituts à la drogue. La jeune femme a énormément forci en prison - près du double de son poids initial, dira-t-elle - et s’abrite derrière un rideau de cheveux blonds peroxydés. Lui sort de trois ans à l’isolement et n’est pas sûr «de pouvoir [s]’exprimer correctement».
Sans échanger un regard, les amants d’hier devenus coaccusés se présentent d’une voix calme et un peu traînante aux jurés de la cour d’assises de Riom. «Parmi les cinq chefs d’accusation, en reconnaissez-vous certains ?» questionne d’emblée Dominique Brault, le président. «Oui», «ceux qui sont délictuels» récitent-ils. Mais «non», «pas les coups».Autrement dit, ni la mère ni le beau-père de Fiona, 5 ans, n’est prêt à endosser la responsabilité de sa mort. Certes, ils ont menti à la France entière, certes ils ont mis en scène l’enlèvement de la fillette dans un parc de Clermont-Ferrand en mai 2013. Pour autant, chacun nie avoir assené les coups qui auraient provoqué le décès au domicile familial. «On n’a pas voulu tout ça, c’est un accident», glisse Cécile Bourgeon. «Cécile n’est pas un assassin et moi non plus», déclare quant à lui Berkane Makhlouf. La cour dispose de dix jours pour percer le secret de ce tandem qui tantôt s’accable, tantôt se protège.
Pour l’heure, il n’est pas question des faits mais de curriculum vitae. Berkane Makhlouf, 35 ans, visage émacié, pull gris et chemise bleue, se lève le premier pour évoquer une «enfance difficile». Il a grandi entre «un père violent et alcoolique» décédé quand il avait 4 ans et une mère malade qui a élevé six enfants de trois conjoints différents. «Mon grand frère m’enfermait dans la cave, il me forçait à boire de la pisse, me frappait», confie l’accusé. En échec scolaire, il décroche en classe de troisième puis se lance dans un CAP de couvreur à Nevers (Nièvre). Dix mois plus tard, il abandonne. Cette fois, c’en est définitivement terminé des études.

mardi 15 novembre 2016

LES DIX ANS DU TUTORAT EN PSYCHIATRIE

Quels bilans et perspectives en Auvergne Rhône Alpes pour demain ?
Écully (69)

Journée organisée par le Centre Hospitalier de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or en collaboration avec le Centre Ressources Métiers et Compétences (CMRC) et l'ARS.

Le Centre Hospitalier de St Cyr Au Mont d’Or organise, tous les deux ans depuis 2010, la journée du tutorat en psychiatrie portant plus spécifiquement sur le volet « tutorat de proximité ». Les trois journées (de 2010, 2012, 2014) thématisées successivement autour des questions, « Qu’est-ce que transmettre, Comment transmettre ? Que transmettre ? et centrées autour de retours d’expériences ont permis des échanges riches et porteurs d’évolution pour chacun de nos dispositifs.

CET HOMME N'A RIEN D'UN DANGEREUX PSYCHOPATHE…

Christophe, un jeune infirmier, doit prendre en charge un détenu hospitalisé. Cette confrontation le terrifie et le renvoie à l’image du dangereux psychopathe… Pourtant rapidement la peur fait place à l’empathie.

Il a plu toute la nuit. Toutes les nuits et les jours d’avant. Sans discontinuer, depuis une semaine, sans fin, la pluie, toujours la pluie. D'ordinaire, j'aime beaucoup la pluie, apaisante et poétique, mais là c'en est trop. Elle se glisse partout, sous ma porte, sous mes tuiles, dans mes rêves, dans mes pores, le long de tout mon dos, dans chacun de mes pas, dans toutes mes pensées. Désormais, elle m’envahit, me noit.

Ce matin-là,  je suis frigorifié. Après le départ de l'équipe de nuit, je reste quelques instants blotti contre le vieux radiateur, dans l'espoir vain d'un réchauffement. Les patients des urgences m’attendent, mais je ne peux plus bouger, écrasé par cette pluie qui semble me poursuivre jusque dans le poste de soin. À cause d’elle, tout semble sombre autour de moi et en moi.

Pourtant, je dois m’y résoudre et ne plus croire au miracle, le travail m’attend. Dans un effort conséquent, je m’avance avec crainte. Car un des patients que je vais devoir prendre en charge m’inquiète plus particulièrement. Ce n’est pas la raison de son admission dans le service qui me préoccupe le plus, c’est son statut. Ce patient est un prisonnier.
Au loin, dans les couloirs, j'entends quelques cris, des portes qui claquent, des gémissements, des chariots qui roulent. Et parfois le silence. Sombre. Froid.

L'ÉCRITURE AUTOBIOGRAPHIQUE DU "FOU"

Le site "Comme des fous - Petits comprimés de folie" publie un excellent texte d'Agathe Martin sur l'aveu par "l’écriture de soi ou la tentative de résolution d’une injonction paradoxale de l’institution psychiatrique"

« Il apparaît que l’aveu autobiographique du fou, constitue une forme de «super-aveu» spontané et exhaustif qui requalifie le fou en «fou-pas-si-fou» pour l’institution et la société et qui peut constituer un sésame pour l’insertion sociale. Dans mon cas spécifique de sujet «fou», peut-on parler d’une forme d’aveu? » Agathe Martin

L’écriture autobiographique est une pratique très répandue chez les personnes atteintes de pathologie psychiatrique. Que ce soit à travers des ateliers d’écriture réalisés au sein des structures médico-sociales ou par un exercice libre du récit de soi par l’autobiographie, de nombreux malades psychiques se prêtent à cet exercice littéraire sur soi.

Aujourd’hui, ce phénomène de l’écriture de soi des personnes connaissant ou ayant connu une schizophrénie, un trouble bipolaire, des états limites, ou d’autres pathologies psychiatriques graves, prend une autre ampleur avec la publication de leurs récits autobiographiques. Ainsi, une dizaine d’autobiographie de ce type paraissent chaque année en France et ce, depuis une dizaine d’année. Ces écrits autrefois confinés au seul domaine de l’intimité de leur auteur deviennent des livres édités. Accompagnent ce mouvement, des révélations de la part de personnalités se déclarant malades psychiques.


C’est ainsi que les jeunes surfent sur Internet

10/11/2016

Pour combler l’absence de données précises à propos des problèmes de dépendance à Internet chez les adolescents du Canada (et en particulier dans la province du Québec), une enquête a été consacrée aux différences dans l’utilisation d’Internet et les problèmes liés à son usage en fonction du sexe  chez des élèves du secondaire.
Collectées en 2012 auprès de 3 938 adolescents, les données proviennent d’un “vaste projet de recherche sur les jeux de hasard” (gambling) chez les adolescents[1]. Les auteurs constatent que les garçons québécois “passent significativement plus de temps que les filles” à naviguer sur Internet. On observe cependant qu’une “plus grande proportion de filles fait un usage intense des réseaux sociaux” comme Facebook ou Twitter, alors qu’une “plus grande proportion de garçons” fait plutôt un “usage intense des jeux en ligne massivement multijoueurs”, d’autres jeux en lignes, ou de sites dits pudiquement “pour adultes.”

Plus de filles sur Facebook et plus de garçons joueurs en ligne mais un même taux de dépendance

Le film "Patients" de Grand Corps Malade primé au Festival de Sarlat

14.11.2016


Grand Corps Malade et Mehdi Idir tournent Patients
"Patients", long métrage de Mehdi Idir et du slameur Grand Corps Malade (photo), adapté du livre éponyme de ce dernier sur son expérience de rééducation après un grave accident, a été récompensé samedi au Festival du film de Sarlat-la-Caneda (Dordogne).
"Patients", dont la sortie est prévue en mars 2017, a remporté la Salamandre d'Or, consacrant le meilleur film du festival parmi les 11 œuvres en compétition. Il a obtenu aussi le Prix des lycéens, désigné par le vote d'élèves spécialisés en cinéma, dont l'accueil est une spécificité de ce festival.

La psychiatrie à la rencontre du public en Limousin

Limousin  
  • Par Angélique Martinez
  •  le 


  • Avoir peur de consulter un médecin psychiatre en cas de besoin... une réalité aujourd'hui en Limousin. Trois ciné-débats sont organisés pour tordre le cou aux idées reçues. La psychiatrie peut venir en aide à tous à un moment de sa vie où l'on rencontre des difficultés. 

    Résultat de recherche d'images pour "La psychiatrie à la rencontre du public en Limousin"

    Elodie Audebert-Merilhou, psychiatre au Centre Hospitalier Esquirol à Limoges était l'invitée du journal de midi de France 3 Limousin en ce mercredi 16 novembre.


    lundi 14 novembre 2016

    Stress et compétition : « J'arrête médecine en 4e année », le témoignage poignant d'une étudiante Youtubeuse


       Sophie Martos    14.11.2016

    video
    Laura, une étudiante rémoise de 21 ans en 4e année de médecine, connue pour ses vidéos conseils sur les études médicales publiées sur sa chaîne Youtube, explique dans sa dernière publication les raisons qui l'ont poussée à mettre entre parenthèses son cursus carabin.  
    Dans un argumentaire (d'une quarantaine de minutes quand même…), la jeune femme évoque l'esprit de compétition permanent et un rythme trop soutenu ne permettant pas de s'épanouir dans d'autres activités. Sa décision a eu un écho certain sur les réseaux sociaux. La vidéo « J'arrête médecine en quatrième année », postée le 16 octobre 2016 a déjà été visionnée plus de 213 000 fois.
    « En 2e et 3e année, il n'y a pas de concours donc vous êtes plus détendue mais les étudiants restent des compétiteurs dans l'âme. Il y a toujours une compétition de vouloir être le meilleur (...) En 3e année, un tiers de la promo avait créé un groupe secret pour s'échanger les corrections des annales. C'était étrange. La compétition perdure en 4e, 5e et 6e année lorsque vous préparez les ECN », témoigne-t-elle encore. « Malgré ce que les gens peuvent dire, la première année n'est pas la plus dure », résume-t-elle.
    Enfermée 
    La charge de travail est considérable et laisse peu de place aux activités personnelles, explique Laura, passionnée de fitness et de musculation. « On bosse, on bosse, mais le temps pour les autres passions est réduit. Moins de temps pour voir mes amis et mes proches. C'était un sacrifice, j'avais le sentiment qu'il fallait que je me coupe de tout pour faire médecine (..) je n'avais pas envie de m'enfermer dans un domaine », poursuit-elle.

    La folle histoire des idées folles en psychiatrie

    Par  16 novembre 2016   
    Beaucoup d’idées fausses circulent sur la psychiatrie. C’est un domaine qui fait peur… Comment mieux expliquer les maladies psy et le rôle des psychiatres ?

    •    Dr Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, directeur d’enseignement à l’Université de Toulon. Auteur de l'ouvrage « La folle histoire des idées en psychiatrie »  aux éditions Odile Jacob

    •    Dr Patrick Lemoine, psychiatre, spécialiste du sommeil, directeur médical international du groupe Clinéa Psy. Professeur visitant à la Faculté de Médecine de Pékin
    •    Pr Aida Sylla, professeur de psychiatrie au CHU de Fann à Dakar, et chef de la Division santé mentale au ministère de la Santé du Sénégal.


    samedi 12 novembre 2016

    13 novembre : que peut la psychanalyse ?

    Par Jacques André , Psychanalyste — 12 novembre 2016 à 16:29
    Scène de panique le 13 novembre 2015 à Paris. Scène de panique le 13 novembre 2015 à Paris. Photo Dominique Faget. AFP

    «Réfléchir, essayer de penser la folie collective comme elle analyse la folie privée», répond le psychanalyste Jacques André.

    «L’esprit du 11 janvier»… la formule est volontiers reprise, sur le mode de l’invocation. Ce jour-là (11 janvier 2015), une foule presque immobile, assemblée trop puissante (ou fragile) pour marcher, occupait tout l’espace de la République à la Nation en passant par la Bastille. Foule étrangement sereine, là où la simple esquisse d’une panique aurait pu tourner à la catastrophe. De ce rassemblement, Freud a écrit ce qu’il y a psychanalytiquement à penser. Un tel élan collectif n’est possible que par l’intensité d’un moment identificatoire. Identifications des uns aux autres qui n’est rendu possible que par l’identification à un idéal (du moi) commun, ici la Liberté, dont la liberté d’expression est la représentation la plus concrète qui soit : libre de dire ou dessiner ce que je pense, ou condamné à mort. La Terreur, comme l’inconscient, est régie par la loi de Dracon, elle ne connaît que deux verdicts : l’acquittement ou la mort, avec une nette inclination pour la dernière extrémité. Le 7 janvier, l’assassinat simultané des journalistes de Charlie et des juifs de l’HyperCacher ne manquait pas de symbolique, celle d’une synthèse de la barbarie.
    Sous les nouveaux coups de boutoir de la Terreur, le Bataclan, Bruxelles, Nice que reste-t-il de cet «esprit» ? Pas grand-chose… Le 7 janvier, des symboles ont été assassinés. Et la réponse symbolique et vivante n’a pas tardé, le 11 janvier tout le monde était place de la Liberté. Rien de tel après le 13 novembre. S’il y a eu une réaction collective, c’est celle de tous ces jeunes hommes et femmes prêts à s’engager dans l’armée. Non plus pour défendre la liberté, mais pour détruire la Destruction. Le 7 janvier était encore politique, le 13 novembre est apocalyptique. Chacun, quand il n’a pas perdu un proche, connaît au moins quelqu’un qui connaît quelqu’un… Écho personnel de cette anxiété généralisée : c’est un patient, le matin du 7 janvier, qui m’avait appris pour Charlie, mais plus étrangement le 13 novembre, alors qu’il était plus de 21 heures et que j’étais tranquillement posé chez moi, ce sont aussi deux patientes, via deux SMS au texte semblable, qui m’amènent à penser que quelque chose de grave se passe : «Où êtes-vous ? Vous êtes en sécurité ?» Ce voisinage de la mort rend celle-ci présente tout autrement que le 7 janvier, au point de l’ériger en figure centrale. Les morts du 7 janvier étaient singuliers, les auteurs de Charlie, ou identifiés, les juifs. Ceux du 13 novembre (ceux de Nice ensuite) sont anonymes et quantitatifs, ils sont 130.
    Le travail de la symbolisation, de l’humanisation, a bien fait quelques tentatives. Paris, d’abord. Notre Paris est leur Sodome. Écouter de la musique, parler, rire, boire un verre… autant d’abominations et de perversions. Mais on a vite senti que «Je suis Paris» n’aurait jamais la force de «Je suis Charlie». La jeunesse, ensuite. Le délire de l’Apocalypse combat l’idée qu’il puisse y avoir un lendemain à sa propre mort. Sa mort, sa propre mort, est la mort du monde. C’est bien la génération de demain qui a été visée, celle de l’espoir.

    Machines à rêver

    Par Rémi Sussan


    Si le champ du Quantified Self (QS) est généralement associé à la santé et la performance, certains de ses domaines d’application se révèlent plus exotiques. Nombre des adeptes du QS s’adonnent à la méditation, par exemple, mais l’un des champs les plus intéressants investis par la nouvelle science personnelle est celui du « rêve lucide ». Un sujet – et un marché – auquel s’est intéressé Nymag dans un récent article.

    Un phénomène longtemps méconnu

    Qu’est-ce qu’un rêve lucide ? En gros c’est ce qui arrive quand on se rend compte qu’on se trouve à l’intérieur d’un rêve. Depuis toujours, nombreux sont ceux qui affirment avoir cette capacité, mais elle a peu attiré les psychologues pendant des années. La psychanalyse, notamment, ne lui accorde aucun intérêt. C’est dommage parce qu’avant Freud, quelqu’un comme Hervey de Saint-Denys s’était penché sur le sujet et avait écrit un traité sur le sujet, « Les rêves et les moyens de les diriger ». Ce manuel est aujourd’hui en ligne.
    A quoi sert le rêve lucide ? On ne sait pas trop, et pour être franc, l’utilité n’est pas la grande préoccupation des adeptes de cette discipline : c’est plutôt l’esprit d’aventure et le goût de l’exploration, voire du fun pur et dur, qui reste la motivation principale… Du rêve érotique avec la star de cinéma de son choix aux visites de pays lointains, voire d’autres planètes, sans compter la bonne vieille activité favorite des rêveurs : voler ! Certains toutefois considèrent le rêve comme une forme de discipline spirituelle. Ils suivent en ce sens les enseignements tibétains du « yoga du rêve », méthode par laquelle le pratiquant arrive à se distancer de l’illusion de l’état de rêve, avec pour but avoué de lui permettre à terme, de transcender aussi l’illusion du « réel ».
    Mais précisons bien que le rêve lucide n’a rien de paranormal ou spécifiquement « mystique ». Il a été pratiqué par des gens de toutes croyances et de toutes idéologies ; Allan Hobson, l’un des plus fameux spécialistes du rêve aujourd’hui (et qui considère que ce dernier ne révèle rien d’autre qu’un « bruit neurologique ») est un rêveur lucide. Tout comme l’était apparemment Richard Feynman ou même Ray Kurzweil. A noter que Christopher Nolan, réalisateur d’un des rares films sur le sujet, Inception, serait également un rêveur lucide…

    vendredi 11 novembre 2016

    « La Sociale » : la Sécu auscultée sans modération

    Gilles Perret retrace l’histoire de l’institution, née après la Libération et attaquée désormais de toutes parts.
    LE MONDE  | Par Jacques Mandelbaum
    Le réalisateur Gilles Perret sur le tournage de son documentaire « La Sociale ».
    Le réalisateur Gilles Perret sur le tournage de son documentaire « La Sociale ». ROUGE PRODUCTIONS
    Avec plus de dix documentaires au compteur, trouvant assez régulièrement le chemin des salles, Gilles Perret incarne une certaine singularité dans le paysage du film militant, enraciné qu’il est dans une région, la Savoie, et irradiant depuis ses montagnes des problématiques sociopolitiques intéressant tous les Français. Ma mondialisation (2006) proposait ainsi un regard savoyard sur ce phénomène ; Walter, retour en résistance (2009), une chronique du dévoiement des idéaux de la Résistance à travers une figure locale ; De mémoires d’ouvriers (2012), une histoire à grands traits du prolétariat savoyard et de son démembrement programmé.
    Le réalisateur s’attaque ici à un sujet vital, avec cette histoire, plus engagée que raisonnée, de la ­Sécurité sociale. La méthode reste la même, donnant le beau rôle à la parole et au témoignage, illustrant le propos par de nombreuses archives filmées. Panel de spécialistes – les sociologues Colette Bec, Emmanuel Pierru ou Bernard Friot, l’historien Michel Etiévent, l’hépatologue et porte-parole du Mouvement de défense de l’hôpital public Anne Gervais – couplé avec ce que l’on pourrait appeler « un grand témoin », personnalité forte crevant l’écran. Jolfred Fregonara, 96 ans, bon pied bon œil et gnaque intacte (nonobstant rattrapé par la Camarde au mois d’août, paix à son âme), syndicaliste CGT et membre du Parti communiste, qui participe dès 1946 à la mise en œuvre de la caisse de sécurité sociale de Haute-Savoie.