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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 15 avril 2015

Psychiatrie : «Une montée en puissance de l’enfermement»

ERIC FAVEREAU


C’est aujourd’hui que l’Assemblée nationale vote toute la loi de santé de Marisol Touraine. Dans ce très long texte, juste quelques éléments sur la psychiatrie. Et, entre autres, une disposition limitant le placement en chambre d’isolement et la contention des malades dans les hôpitaux psychiatriques.
Que le législateur se penche sur cette question pointe au minimum qu’il y a un problème. Dans le texte, il entend mieux surveiller ces pratiques ; il rappelle que les mesures de privation de liberté «sont des pratiques de dernier recours», uniquement «pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre» et «pour une durée limitée». En outre,«leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin». Un registre devra être tenu dans chaque établissement, mentionnant le nom du psychiatre ayant décidé l’isolement ou la contention, et celui des professionnels l’ayant contrôlé. Le Dr Thierry Najman dirige un important secteur à l’hôpital psychiatrique de Moisselles, près de Paris. Membre du Collectif des 39, qui défend une conception humaniste de la psychiatrie, il va publier Lieu d’asile aux éditions Odile Jacob.

L'Union syndicale de la psychiatrie demande à nouveau une loi spécifique au secteur


 - HOSPIMEDIA
Lors de son congrès, l'Union syndicale de la psychiatrie (USP) a regretté que la psychiatrie soit réduite "à portion congrue" dans le projet de loi de modernisation de notre système de santé. Le syndicat a aussi rappelé son combat contre les dérives des soins sans consentement.

En congrès du 27 au 29 mars dernier, l'Union syndicale de la psychiatrie (USP) a fait part de ses craintes pour le secteur, suscitées par le projet de loi de modernisation de notre système de santé. Il y a un an pourtant lerapport du député Denys Robiliard (SRC, Loi-et-Cher) sur la santé mentale et l’avenir de la psychiatrie semblait "amorcer un nouveau printemps pour la psychiatrie", a rappelé Philippe Gasser, président de l'USP dans son discours de présentation du rapport moral de l'organisation dont Hospimedia a eu copie. Mais l'espoir d'une loi spécifique pour le secteur est de nouveau resté déçu, alors que les professionnels continuent à la demander, comme l'indique une motion votée en ce sens. Philippe Gasser a ensuite regretté que dans le projet de loi de Santé, la psychiatrie soit "réduite à portion congrue" et que ses principes directeurs soient "économie et (re)centralisation". Une autre motion est d'ailleurs venue rappeler l'opposition "globale" du syndicat "à la logique" de ce texte, tout en réaffirmant "son soutien à la notion de tiers-payant généralisé".

Six mois d'attente pour consulter un pédopsychiatre

Vienne Sylvaine Hausseguy 14/04/2015




Sylvie Péron déplore que la psychiatrie soit au plan national une « variable d'ajustement dans le budget de la santé ». - dr

Délais d’attente qui explosent, projets à prioriser… A Poitiers, à l’hôpital Laborit, le manque de moyens devient alarmant.

Aujourd'hui, pour une consultation externe en pédopsychiatrie, les délais d'attente ont doublé. Ils sont passés de trois à six mois, alors qu'il est essentiel de détecter précocement les troubles chez les enfants. » Présidente de la commission médicale de l'établissement de soins, le Dr Sylvie Peron évoque sans détour les difficultés que rencontre aujourd'hui l'hôpital Henri-Laborit qui assure le suivi régulier en consultation de 14.000 personnes (*) par an dont 4.600 en liaison avec d'autres établissements de soins (CHU Poitiers et CH Châtellerault). Alors que l'ARS demande une diminution de ces délais, l'établissement de soins psychiatriques est dans l'incapacité d'y répondre. « Pour y parvenir, il faut augmenter le temps soignant. Notre outil de travail, rappelle le médecin, n'est pas l'acte médical mais la relation humaine et c'est plus long. »






mardi 14 avril 2015

Les députés votent en première lecture la loi santé et s’expliquent sur le tiers payant

14.04.2015

"Ce vote est un encouragement à défendre, puis à mettre en œuvre au plus vite cette grande réforme de gauche, synonyme de progrès pour le quotidien de tous les Français ». Satisfaction de Marisol Touraine, à l’issue du vote solennel à l’Assemblée nationale. Sans surprise, le projet de loi sur la santé, dont la mesure phare est la généralisation du tiers payant a en effet été voté mardi après-midi par les députés avec une confortable majorité par 311 voix pour, 241 voix contre et 10 abstentions, même si la gauche n’a pas complètement fait le plein de voix. Le texte, qui a été défendu durant deux semaines par la ministre de la Santé comportait suffisamment de mesures symboles pour fédérer l’ensemble du PS, "frondeurs compris" : outre le tiers payant généralisé, le texte inclut des dispositions emblématiques comme la suppression du délai de réflexion pour l’IVG, l’expérimentation des salles de shoot, le rétablissement du service public hospitalier ou l’instauration du paquet neutre de cigarette. Autant de points très appréciés par le PS dont tous les élus sauf deux ont voté pour. Pour le groupe PS, Martine Pinville a expliqué concernant la réforme phare du projet : "le tiers payant généralisé est une avancée sociale pour tous les assurés sociaux, à commencer par les plus en difficulté (...) Renoncer à uneconsultation à 23 euros pour son enfant, c’est à la foi incacceptable et intolérable", a -t-elle martelé, satisfaite. Les écologistes ont tous voté le texte, leur coprésident François de Rugy, se disant satisfait les jours précédents qu'il n'y ait "pas eu de recul" sur le tiers payant. En séance,Jean-Louis Roumegas a toutefois émis un très léger bémol sur la généralisation du tiers payant qui "va dans le sns d’un meilleur accès aux soins, à condition de ne pas désagréger le panier de soins."

L’Hôtel-Dieu transformé en pôle de psychiatrie et en logements

LE MONDE | 
L’Hôtel-Dieu gardera sa vocation médicale, mais sera pour moitié transformé en logements. Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), devait présenter, mardi 14 avril, son projet de restructuration pour l’hôpital de l’île de la Cité, à Paris. La commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, qui représente les médecins, devait rendre un avis consultatif sur le projet dans la matinée. M. Hirsch sait qu’il avance en terrain miné : c’est ce dossier extrêmement sensible qui avait provoqué l’éviction de sa prédécesseure, Mireille Faugère, en novembre 2013.

Quand le psychiatre sort son bloc d’ordonnances…

 27/03/2015

Prescrire est devenu un acte si courant qu’il arrive souvent d’oublier sa signification symbolique, indépendamment de sa portée strictement thérapeutique. Dans un courrier à la revue Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, un lecteur de Wellington (Nouvelle-Zélande) rappelle que le « fantasme du traitement parfait » hante certains patients, désireux de recevoir une « intervention dont l’efficacité serait immédiate, spécifique, et dénuée d’effets indésirables. » Pour d’autres (ou les mêmes), une absence de prescription semble perçue comme un « manque de soins » de la part du praticien. Et les compétences professionnelles d’un médecin sont volontiers jugées (par sa patientèle) à l’aune de la longueur de ses ordonnances...

Les fantômes de Zofiówka

10/04/2015

 

Le programme « Aktion T4 » d’euthanasie[1] de l’Allemagne nazie (préfiguration de la Shoah) a été qualifié d’«holocauste psychiatrique » : voulant éviter la «dégénérescence de la race » et refusant d’entretenir des «bouches inutiles », le Troisième Reich pratiqua notamment l’extermination des malades mentaux.
History of Psychiatry consacre un article au triste sort des patients hospitalisés à l’hôpital psychiatrique de Zofiówka, à Otwock, au sud-est de Varsovie (Pologne). Construit en 1908, et soutenu financièrement par des donateurs et une organisation caritative juive «en faveur des indigents et des malades mentaux », cet hôpital « au milieu des chênes, des genévriers et des pins » comportait environ 300 lits vers 1940 et passait, avant la Seconde Guerre Mondiale, pour l’un des plus prestigieux de Pologne. Son premier directeur, Samuel Goldflam (1852–1932) y avait introduit la notion de « travail thérapeutique » (développée par le psychiatre allemand Hermann Simon), en encourageant les malades à « servir dans les cuisines, les ateliers de couture et les fermes de l’hôpital. » Après lui, un autre directeur, Jakub Frostig (1896–1959) fut « un pionnier de l’insulinothérapie » proposée alors contre la schizophrénie. Frostig échappa in extremis à la tragédie en marche, car il accepta une offre d’emploi pour exercer aux États-Unis en 1938.

Maladies mentales, huit millions de morts chaque année…

13/04/2015

Bien qu’il soit important de comprendre la surmortalité observée chez les malades souffrant d’une affection psychiatrique, rares sont les études épidémiologiques visant à quantifier précisément ce risque. Une équipe d’Atlanta (Géorgie, États-Unis) a consacré une méta-analyse explorant la littérature médicale sur ce surcroît de mortalité dans les maladies mentales.
Mettant à contribution les grandes bases de données classiques (EMBASE, MEDLINE, PsychINFO…), les auteurs ont retenu, parmi près de 2 500 études, 203 articles ayant les critères d’éligibilité pour leur recherche et représentant « 29 pays sur 6 continents[1]. » Dans cette méta-analyse, les statistiques concernent près de 340 000 décès, rapportés dans 133 études et attribuables à des causes naturelles (dans 67,3 % des cas), non naturelles (17,5 % des cas) ou inconnues (le reste).

Vous êtes anxieux ? C’est peut-être à cause de la pollution

28/03/2015


Si vous habitez Paris et que vous vous êtes senti particulièrement anxieux ces derniers temps, ne cherchez plus d’explication à ce mal-être : vous êtes peut-être victime de la pollution. C’est en tous cas ce que suggère une étude publiée par le British Medical Journal.
Il s’agit d’une étude observationnelle menée sur la cohorte de la Nurses’ Health Study, cohorte composée de plus de 70 mille femmes suivies depuis 1976. Les auteurs ont mis en lien l’apparition des symptômes d’anxiété et l’exposition de ces femmes à la pollution, 1 mois, 3 mois, 6 mois, 1 an et 15 ans auparavant. Leur exposition à la pollution était estimée par leur lieu de résidence et la distance les séparant de 2 axes routiers importants. Le degré d’anxiété était déterminé par l’indice de Crown-Crisp, défini par un questionnaire qui dépiste la présence de signes d’anxiété : phobie des espaces clos, peur de sortir seule, angoisse quand les proches tardent à rentrer, etc. La prévalence de signes sévères d’anxiété dans cette cohorte est de 15 %.

La prison favorise le suicide

Par Yves KLEIN 14/04/2015
L’Institut de veille sanitaire a étudié pendant dix-huit ans la mortalité de plus de 40 000 agents et ex-agents de l’administration pénitentiaire (32 000 hommes et 11 000 femmes). Une somme de chiffres de laquelle il ressort un fait incontournable : tous personnels confondus, le nombre de suicides recensés est supérieur de 21 % à la moyenne observée dans le reste de la population alors que, globalement, les personnels pénitentiaires affichent une sous-mortalité, notamment dans la filière de direction.
Depuis l’ouverture de la prison en 1991, six agents se sont suicidés. Un seul sur son lieu de travail.
Cet « excès de suicide » est observé en particulier chez les hommes de la filière surveillance âgés de 35 à 44 ans et de 45 à 54 ans avec 166 décès enregistrés contre 136 statistiquement prévus. Étrangement, la période 2000-2004 n’est pas touchée par ce phénomène.

lundi 13 avril 2015

L'indice qui calcule autrement la prospérité d'un pays

Le Monde.fr  | Par 

Pour évaluer la richesse d'un pays, il existe depuis les années 1930 le produit intérieur brut, ou PIB – il avait été créé pour mesurer l'effet de la Grande Dépression sur l'économie américaine. Cet indice, souvent critiqué en raison de ses critères strictement économiques, n'avait pas jusqu'à présent d'alternative ; désormais, il existe le SPI, pour « Social Progress Index », qui mesure le progrès social de chaque pays.

Ses concepteurs, des économistes et des statisticiens, ont pu présenter cette année les premiers résultats de leur travail entamé en 2009. Après une version bêta en 2013, l'édition de l'an dernier ne portait que sur 50 pays. Cette année, 133 pays représentant 99 % de la population mondiale sont passés au crible.

La méthodologie du SPI s'articule autour de trois axes : la capacité d'une société à satisfaire les besoins de base de ses citoyens (qualité et accès au système de santé, au logement, à la sécurité…), à construire les fondements de leur bien-être sur la durée (en leur donnant accès à l'éducation et à l'information) et à leur donner l'opportunité de s'accomplir.

Si les deux sont corrélés, il s'avère que la croissance économique n'est pas forcément le moteur du progrès social. Ainsi, dans ce classement, la France se positionne en 21 e position, loin derrière sa 6e place au classement plus traditionnel du FMI, et les Etats-Unis en 16e position, abandonnant leur 1re place mondiale.

[edit] Si l'on prend le même classement en le comparant au PIB par habitant, la France n'a qu'une seule place de décalage (20e) et les Etats-Unis 7 (9e place au classement du FMI).



Hommes, femmes : modes d’emploi

HAYDÉE SABÉRAN LILLE, DE NOTRE CORRESPONDANTE


On frappe à la porte. Voilà Frédérique Luczkow, petite brune aux grands yeux, longue tresse noire sur l’épaule. «A votre avis, quel métier fait-elle ?» demande Jean-Christian Fonteyne, documentaliste et référent égalité garçons-filles, devant la classe de 15 élèves de seconde du Lycée Maxence-Van-Der-Meersch de Roubaix. «Un truc d’homme, sinon, elle serait pas là», dit Sofia. C’était la matinée de sensibilisation à la mixité professionnelle, jeudi dernier, comme chaque année depuis trois ans, dans ce lycée où la plupart des élèves sont d’origine modeste. On commence par le jeu de la devinette. «Maçon !»«Pompier !»«Policière !» Perdu. La jeune femme brune sur l’estrade sourit, impassible. Tristan : «Mécanicien ?» Bernard : «Ferrailleuse ?» Alassana : «Menuisier !» Gagné. L’Atelier de la menuisière, c’est le nom de l’entreprise de la dame, près de Lille. Un garçon s’inquiète : «Est-ce que dans votre formation, les garçons vous considéraient comme plus bas qu’eux ?»
Vocations. Le but de cette journée : casser les stéréotypes de genre sur les métiers, essayer de faire viser haut et susciter des idées. Le lycée Van-Der-Meersch recrute surtout dans les collèges d’éducation prioritaire de la ville. Quelques enfants des classes moyennes et, surtout, beaucoup de fils et filles d’ouvriers, de chômeurs, qui n’ont pas la «culture scolaire», explique Claire Mecarelli, conseillère principale d’éducation (CPE). La culture scolaire ? «Beaucoup de parents n’ont pas le bac, n’ont pas connu le lycée. Chez certains, il n’y a pas de livre, et les parents sont au chômage depuis plusieurs générations. Sur les choix de métiers, ils ne sont pas très inventifs.»Au-delà de la lutte contre les stéréotypes, il s’agit de leur faire rencontrer des gens, d’ouvrir des perspectives. «On a tous dans nos connaissances des gens qui sont arrivés là où ils n’auraient pas dû s’il y avait eu reproduction sociale. Ils ont fait une rencontre qui a changé leur vie. C’est ce qu’on veut offrir à nos élèves, une rencontre.» Les profs et les CPE ont bricolé sans argent : ils ont cherché dans leurs familles, leurs amis, des professionnels intéressants ou décalés. Et prêts à donner une matinée. Ça a créé des vocations. David Becqueret, tee-shirt noir, carrure de bûcheron, est assistant maternel. Les lycéens se sont étonné qu’il change des couches. L’an dernier, un garçon lui a demandé comment faire pour exercer ce métier.