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L’Hôtel-Dieu gardera sa vocation médicale, mais sera pour moitié transformé en logements. Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), devait présenter, mardi 14 avril, son projet de restructuration pour l’hôpital de l’île de la Cité, à Paris. La commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, qui représente les médecins, devait rendre un avis consultatif sur le projet dans la matinée. M. Hirsch sait qu’il avance en terrain miné : c’est ce dossier extrêmement sensible qui avait provoqué l’éviction de sa prédécesseure, Mireille Faugère, en novembre 2013.
« Je veux que ce site ait une entière vocation hospitalière », affirmait M. Hirsch au Monde en décembre 2013, peu après sa nomination, alors que l’ancienne direction voulait consacrer la moitié de l’Hôtel-Dieu aux bureaux du siège de l’AP-HP. Finalement, seule la moitié des 55 000 m² du site sera dévolue aux services hospitaliers.
« Ce projet médical se propose de faire de l’Hôtel-Dieu un pôle fort de psychiatrie (urgences, hospitalisations, consultations), en y regroupant les services des hôpitaux Tarnier, Cochin et Hôtel-Dieu », explique Martin Hirsch. L’Hôtel-Dieu devrait voir son nombre de lits en psychiatrie passer de 12 à 29. L’hôpital Cochin, à l’étroit dans ses locaux, envisageait de s’étendre dans une partie du Val-de-Grâce, mais l’hôpital militaire va fermer ses portes. Le transfert de son service de psychiatrie dans l’Hôtel-Dieu vient résoudre le problème.
L’Hôtel-Dieu conservera un service des urgences, qui sera mutualisé avec celui de l’hôpital Cochin. « Ce sont les médecins qui définissent le type de pathologie qui relève de l’un ou de l’autre site. Mais l’Hôtel-Dieu n’a pas de service de chirurgie ou de réanimation, donc les cas les plus lourds iront à l’hôpital Cochin », précise M. Hirsch.
Entre 80 et 100 millions d’euros
C’est la décision de fermer les urgences, pour ne garder à l’Hôtel-Dieu qu’un centre de consultation ouvert 24 heures sur 24, mais sans hospitalisation de patients, qui avait cristallisé l’opposition d’une partie du corps médical au projet de la direction précédente. « Ils sont en train de vider et d’asphyxier des urgences qui ont été rénovées il y a moins de cinq ans », déclarait à l’époque au Monde le médecin urgentiste Gérald Kierzek. Dès son arrivée, Martin Hirsch avait joué l’apaisement en ouvrant des « lits-portes » pour accueillir les patients admis en urgence en attendant qu’ils soient dirigés vers les services adéquats.
La restructuration défendue aujourd’hui par Martin Hirsch tente de trouver un compromis entre les partisans du « tout-hôpital » et les adeptes d’une fermeture du site qui estiment que les économies réalisées pourraient servir les autres hôpitaux parisiens. Dans le projet défendu par M. Hirsch, la moitié des locaux devrait être dévolue à des logements étudiants et peut-être aussi à des logements sociaux. Un centre de recherche en économie de la santé devrait aussi prendre ses quartiers sur l’île de la Cité.
La transformation du site devrait courir « sur les quatre ou cinq prochaines années » et coûter entre 80 et 100 millions d’euros. Un « coût neutre » pour l’institution, assure le directeur général, qui entend « compenser » le coût de l’opération par la vente de deux immeubles. « Les cessions immobilières toucheront l’hôtel Scipion et le Fer à moulin, où se trouve l’école de chirurgie, qui pourrait devoir déménager », avance le professeur Loïc Capron, le président de la commission médicale d’établissement. Sur un budget de 7 milliards d’euros, l’AP-HP accusait en 2014 un déficit de 49 millions d’euros.
En attendant l’avis de la CME sur le nouveau projet, Loïc Capron assurait : « Je vais tout faire pour que la décision du directeur général soit accompagnée d’un vote favorable, mais avec une réserve financière. » La CME a en effet toujours jugé l’hypothèse d’une transformation de l’Hôtel-Dieu trop onéreuse. La commission préférerait que l’AP-HP vende le bâtiment à des entrepreneurs privés pour en faire des projets immobiliers.
Maurane Speroni
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