Si vous habitez Paris et que vous vous êtes senti particulièrement anxieux ces derniers temps, ne cherchez plus d’explication à ce mal-être : vous êtes peut-être victime de la pollution. C’est en tous cas ce que suggère une étude publiée par le British Medical Journal.
Il s’agit d’une étude observationnelle menée sur la cohorte de la Nurses’ Health Study, cohorte composée de plus de 70 mille femmes suivies depuis 1976. Les auteurs ont mis en lien l’apparition des symptômes d’anxiété et l’exposition de ces femmes à la pollution, 1 mois, 3 mois, 6 mois, 1 an et 15 ans auparavant. Leur exposition à la pollution était estimée par leur lieu de résidence et la distance les séparant de 2 axes routiers importants. Le degré d’anxiété était déterminé par l’indice de Crown-Crisp, défini par un questionnaire qui dépiste la présence de signes d’anxiété : phobie des espaces clos, peur de sortir seule, angoisse quand les proches tardent à rentrer, etc. La prévalence de signes sévères d’anxiété dans cette cohorte est de 15 %.
L’exposition aux particules fines (PM 2,5) est bien associée à une augmentation significative du risque de symptômes majeurs d’anxiété, mais seulement quand il s’agit d’une exposition récente. Cela ne concerne que la pollution aux particules de diamètre inférieur à 2,5 micromètres, car au-delà de ce diamètre il ne semble pas y avoir d’impact sur l’anxiété. La résidence à proximité de grands axes routiers modifie sensiblement le risque, en l’augmentant, sans qu’il y ait toutefois de relation linéaire entre la proximité et le risque.
Cette association entre exposition récente à la pollution et anxiété pourrait s’expliquer par une aggravation des pathologies chroniques, pulmonaires ou cardiovasculaires, effet déjà connu. Mais l’effet pourrait être indépendant et être secondaire à une augmentation du stress oxydatif et de l’inflammation systémique. Le mode observationnel de cette étude ne permet pas d’établir avec certitude un lien de cause à effet, de nombreux facteurs confondants peuvent agir sur le résultat. La piste n’est toutefois pas inintéressante et mérite d’être explorée.
En attendant, si vous êtes très irrité quand l’air est pollué, ce n’est pas la circulation alternée qui vous agace, mais peut-être les particules fines qui agissent sur vos neurones.
Dr Roseline Péluchon
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