La maternité Paule-de-Viguier à Toulouse a ouvert en février dernier une salle d'accouchement nature. Ce dispositif s'inscrit dans la filière à bas risque que le CHU développe actuellement. La prise en charge, qui va du premier rendez-vous à la sortie de la patiente, met l'accent sur la coordination avec les sages-femmes libérales.
Connue pour son haut degré de médicalisation et la sécurité de ses accouchements, la maternité Paule-de-Viguier au CHU de Toulouse développe une filière d'accouchement physiologique. L'établissement a ouvert le 22 février dernier une salle d'accouchement nature pour compléter son offre de soin. En pratique, les femmes qui en font la demande donnent naissance de manière naturelle et sans péridurale dans une salle dédiée. Avec cette nouvelle organisation en filière, la prise en charge se fait de la première prise de rendez-vous jusqu'à la sortie de la patiente selon un projet construit avec le couple. L'accent est mis sur le lien avec les sages-femmes libérales. "Il n'y a pas de valeur ajoutée à faire l'ensemble des examens au CHU puisqu'il s'agit de cas à bas risque", explique Estelle Oussar, directrice déléguée du pôle femme-mère-couple. Si la première consultation et les examens permettant de constituer le dossier se font toujours à la maternité, la future mère est ensuite suivie à l'extérieur. "En cas de besoin, des rencontres entre professionnels sont organisées permettant de réorienter la patiente dont la situation aurait évolué", précise la responsable. "Nous pensions que le dossier patient informatisé faciliterait la coordination mais le module périnatal n'est pas encore opérationnel. Donc nous utilisons encore le papier", regrette-t-elle.
Un partenariat avec les sages-femmes libérales
La filière physiologique "concerne tout le parcours de la patiente, de l'anténatal (consultations) à l'accouchement, au post-partum et jusqu'à la sortie précoce, avec des partenariats avec les sages-femmes libérales et les médecins de ville. L'accouchement en salle nature s'inscrit dans une trajectoire complète. Ce n'est pas une étape isolée, comme ce qui existe dans d'autres structures publiques ou privées", complète le Pr Olivier Parant, responsable du groupe d'activité obstétrique et co-chef du projet. Lancé à l'automne 2014, ce projet est en cours d'élaboration avec les équipes afin de définir les modalités d'organisation et d'établir un agenda pour la mise en œuvre. Il devrait être validé en juin par les instances de l'établissement. Dans un même temps, des formations sur les prises en charge physiologiques sont proposées aux personnels concernés. "Le plusimportant est de bien expliquer la manière dont les choses vont se passer", souligne Estelle Oussar. Elle rappelle que la majorité des patientes suivies au CHU du début à la fin de leur parcours le sont dans le cadre des filières à risque : "C'est le cœur de notre activité". Et d'ajouter que confier le suivi des grossesses à bas risque aux sages-femmes libérales ne s'apparente donc pas à un transfert d'activité.
Une réponse aux nouvelles orientations de santé publique
Innovante, la mise en place d'une filière physiologique a été permise par les nouvelles orientations nationales de santé publique : création de filières à bas risque, diminution de la durée moyenne de séjour en maternité, lien avec les professionnels de santé libéraux et maintien d'un haut niveau de sécurité de la naissance. Ces évolutions font suite aux décisions relatives au statut des sages-femmes, prises en mars 2014 par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, en réponse au mouvement de protestation de la profession. Elles répondent par ailleurs aux nouvelles demandes des couples et à leurs besoins. La nouvelle salle s'accouchement nature est équipée d'une baignoire, de lianes suspensives pour adopter des positions relaxantes, de ballons, d'une d'une table d'accouchement qui permet de choisir avec la sage-femme la position la plus confortable, d'une banquette large pour que le père puisse accompagner et soutenir la future mère. Afin de garantir la sécurité, la salle se situe au sein du secteur naissance et peut être transformée en salle d'accouchement "classique" dont elle possède tous les équipements. "Les grossesses à bas risque représentent 60% des suivis, observe Estelle Oussar. Nous estimons à 10% le nombre de femmes qui pourraient être intéressées".
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