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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 10 avril 2015

Les maladies psychiques, miroir de l’accélération de la modernité

Le Monde Blogs 

Et si les maladies psychiques étaient un observatoire privilégié pour appréhender les bouleversements qui affectent une époque?
"Le mal du siècle". Cette expression, qui apparaît au tout début du XIXe siècle sous la plume des auteurs romantiques, désigne la mélancolie. Mélancolie qui semble toucher un nombre croissant des contemporains de Chateaubriand, et qui exprime un état de conscience malheureux face aux mutations profondes qui affectent alors les sociétés occidentales, à l'aube de la Première révolution industrielle.
Aujourd'hui, le "mal du siècle" a changé de visage. Il ne s'appelle plus mélancolie, mais dépression. Le geste dramatique et stupéfiant d'Andreas Lubitz, qui pour mettre fin à ses jours précipita les 144 passagers de l'A320 au sol, nous a plongés au cœur des mystères insondables du geste suicidaire, et de sa racine fréquente : l'état dépressif. Les articles sur le sujet ont fleuri, pour rappeler que la dépression est devenue un véritable fléau qui affecterait aujourd'hui 350 millions de personnes dans le monde. Mais pour rappeler aussi que le diagnostic de "dépression" est bien souvent un non diagnostic, qui recouvre des situations dont le degré de gravité peut varier considérablement (voir à ce sujet le documentaire de Michèle Dominici Dépression, une épidémie mondiale?).
La dépression est devenue un paradigme, une manière de regarder et de définir les maux qui affectent la subjectivité contemporaine du XXIe siècle. Avant elle, il y eut la mélancolie puis, dans la seconde moitié du XIXe, l'hystérie et la neurasthénie, personnifiées à travers des patientes célèbres telles qu'Anna O. à Vienne, ou Augustine à la Salpêtrière, auprès de Charcot. Mais ces véritables "épidémies psychiques" qui se succèdent sont avant tout en résonnance avec une époque, au-delà des situations individuelles particulières. Elles sont le catalyseur des angoisses et des espoirs d'une société, et s'enracinent dans les bouleversements, notamment technologiques, qui les façonnent.
Train, cinéma et hystérie
Dans un article intitulé "Train, cinéma et modernité : entre hystérie et hypnose" (Décadrage 6, 2005), Mireille Berton analyse la manière dont, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le train, puis le cinéma, ont été associés à l'émergence des nouvelles pathologies psychiques qu'étaient alors la neurasthénie et l'hystérie. A partir des années 1840 en effet, le développement du train bouleverse la géographie mentale des populations, en permettant de parcourir en quelques heures des distances qui nécessitaient jusque là plus d’un jour. Il constitue également une nouvelle expérience sensorielle, particulièrement intense et déstabilisante : la grande vitesse, le paysage qui défile alors que le corps reste immobile, le balancement incessant, sans oublier le risque d'accident qui occupe une large place dans les imaginaires collectifs … sont autant de "chocs" sur des psychismes jusqu'ici préservés des affres de la modernité. Associées à cette accélération de la vitesse et des circulations, l'urbanisation et l'industrialisation développent tout un nouvel univers sensoriel, fait de bruits, de lumière et de mouvement.
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Honoré Daumier - Impressions et Compressions de voyage 

Au point que le corps médical s'inquiète très sérieusement, et tente de prévenir le développement de nouvelles pathologies qu'il pense associées à cette nouvelle condition urbaine et moderne. Mireille Berton cite l'astronome Camille Flammarion, qui en 1900, raille les peurs exprimées par les médecins quelques décennies plus tôt : « En Bavière, le collège royal de Médecine consulté déclara que les chemins de fer causeraient, s’ils étaient réalisés, le plus grand tort à la santé publique, parce qu’un mouvement aussi rapide provoquerait des ébranlements cérébraux chez les voyageurs et des vertiges dans le public extérieur, et recommanda d’enfermer les voies entre deux cloisons en planches à hauteur de vagons (sic). » Camille Flammarion, L’inconnu et les problèmes psychiques, Flammarion, Paris, 1900.

Ouvrez quelques cadavres Une anthropologie médicale du corps mort

 Préface de Yves Coppens

« Ouvrez quelques cadavres : vous verrez aussitôt disparaître l’obscurité que la seule observation n’avait pu dissiper. » Ce conseil, donné par Xavier Bichat en 1801, est-il toujours d’actualité alors que nos sociétés modernes s’interrogent sur le sens à donner au corps mort ?

Exposition de cadavres humains, restitution de restes anatomiques aux peuples premiers, multiplication des études médico-historiques, rénovation complète du musée de l’Homme à Paris, intensification des autopsies judiciaires…, chaque fois se pose la même question : quelle place et quel sens faut-il donner à ces « patients atypiques », ces morts utiles aux vivants ?

Ce regard change-t-il selon le praticien (anthropologue, médecin, biologiste, etc.) ? Est-il influencé par la société du moment ? S’applique-t-il dans les mêmes termes selon l’aspect et le degré de conservation du corps ? Que peuvent nous apporter des moines bénédictins, des étudiants béninois en médecine, un chef de Papouasie Nouvelle-Guinée, une ancienne Kumari népalaise, etc. ? En quoi l’autopsie sert-elle le bien commun ?


«Quelle psychiatrie voulons-nous ?»

Christophe Zoia 11/04/2015



Nicolas Pellizzari et Fabrice Lamarque, deux responsables de la CGT à l'hôpital psychiatrique./ Photo DDM, CZ
Nicolas Pellizzari et Fabrice Lamarque, deux responsables de la CGT à l'hôpital psychiatrique./ Photo DDM, CZ

«Ce n'est malheureusement un changement de directeur qui va changer la situation». Voilà expliqué en quelques mots des dirigeants de la CGT de l'hôpital psychiatrique d'Auch le contenu de leur conférence de presse d'hier.
Nicolas Pellizzari, secrétaire du syndicat sur l'établissement, et Fabrice Lamarque, son adjoint, déclarent : «Depuis l'arrivée du nouveau directeur, au début de l'année, il y a eu des signes d'apaisement notables.» Concrètement, 12 salariés «précaires» ont été stagiérisés, autrement dit intégrés à la fonction publique. «C'était l'une de nos revendications importantes, souligne M.Lamarque. Et ça reste une problématique dans l'établissement, même après cette mesure.» Par ailleurs, «la distribution des primes se fait de façon équitable.»

Andreas Lubitz : le déni psychiatrique des médias

TRIBUNE
Le drame d’Andreas Lubitz, dans le crash de la Germanwings, a autorisé dans les médias les mêmes platitudes que lors d’autres tueries d’origine psychiatrique. On lit, ou on entend, à chaque fois, «on ne comprend pas ses motivations» ; comme pour d’autres criminels, on dit «son entourage ne comprend pas, il était calme bien élevé, très gentil, peut-être un peu renfermé» ; «avait-il des problèmes psychologiques, professionnels, affectifs?». A toutes ces questions banalisantes manque une réponse claire et précise : il s’agit de graves problèmes psychiatriques et non de motivations qu’«on pourrait ne pas comprendre». Assassiner 149 personnes innocentes, en se suicidant, hors contexte de guerre, est forcément un acte délirant, une folie meurtrière. L’absence des mots «psychose», «délire», «folie», «psychiatrie» dans le discours général est peut-être le résultat d’abus d’une psychiatrie ancestrale dramatiquement coercitive et violente ; cela a peut-être permis l’accès de personnes en souffrance à une psychiatrie plus douce et plus humaine (que l’apparition de la psychanalyse a autorisé), mais cela a conduit aussi à l’aplatissement du discours général sur la maladie mentale.
Ces mots, qui sont devenus tabous, doivent pourtant être utilisés afin de ne pas tomber dans une simplification grossière qui empêche une analyse précise des faits. La psychose, c’est la confusion entre un imaginaire personnel et la réalité : se sentir persécuté, ce n’est pas l’être. La dépression et le suicide du sujet âgé ou du malade en phase terminale ne sont pas ceux de l’angoissé, du schizophrène, ni ceux du psychotique mélancolique délirant. On ne peut pas nommer pareillement ces «dépressions suicidaires» fondamentalement différentes.
Ce discours général, aseptisé et simplificateur, remplaçant les mots «psychose» par «problèmes psychologiques» ou «grave dépression» a permis de dédiaboliser les maladies mentales auprès du grand public mais a conduit à rendre la folie taboue. Certes, les sujets sains, en souffrance psychique, ont pu plus facilement en parler et demander de l’aide, mais ce sont les malades graves qui ont été négligés.

IVG : un gouvernement volontaire pour les femmes

LAURE EQUY ET VIRGINIE BALLET

Voilà que la droite s’érige en garante scrupuleuse de l’esprit de la loi Veil. Oser amender le texte reviendrait à bouleverser le subtil équilibre trouvé par la ministre de la Santé de Giscard, ont averti les députés UMP, qui sont montés au créneau, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour s’opposer à la suppression du délai de réflexion que la loi Veil imposait pour toute interruption volontaire de grossesse (IVG). Quarante ans après, la gauche, considère, elle, que le texte n’est pas gravé dans le marbre. «La loi de 1975 résulte d’un équilibre qui n’a pas vocation à être figé pour l’éternité. La société a évolué», a défendu la ministre de la Santé, Marisol Touraine, à l’Assemblée. Y revenir peut améliorer l’accès des femmes à ce droit.

Dans un lycée rural, des clichés très enracinés

ALICE GÉRAUD (ENVOYÉE SPÉCIALE À SAVY-BERLETTE)

Au lycée agricole de Savy-Berlette, à une quinzaine de kilomètres d’Arras dans la plate campagne du Pas-de-Calais, il y a «du racisme comme partout», dit le directeur de cet établissement d’enseignement professionnel privé. Pas vraiment de problèmes, de dérapages ou d’altercations. «On est dans le milieu agricole, c’est plutôt calme», explique Jean Marcy. Ici, les élèves se ressemblent. Ce sont des garçons, uniquement, fils d’agriculteurs de la région pour la plupart. Et blancs. «Il n’empêche, le racisme, ici, cela peut commencer avec un roux à lunettes, alors on est vigilants», dit encore le directeur. Il y a quelques semaines, cet établissement recevait les médiateurs de CoExist, une méthode assez originale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme mise au point il y a plus de dix ans par deux psychologues, Joëlle Bordet et Judith Cohen-Solal, et portée sur le terrain par l’UEJF, SOS Racisme et la Fabrique, un réseau d’étudiants. Le but : faire réfléchir les élèves de façon très libre sur leurs préjugés racistes, homophobes, antisémites, sexistes… Le principe : les élèves sont invités à écrire des «mots associés» à une liste de termes qui leur sont présentés, puis à en discuter avec les médiateurs. «A partir du moment où l’on ouvre le sujet du préjugé, on s’aperçoit qu’il commence à tomber», explique Judith Cohen-Solal.

Qui consulte le plus souvent en psychiatrie ?

09/04/2015
Quels sont les sujets recourant le plus volontiers aux professionnels de santé mentale, et pourquoi ? C’est la question à laquelle tente de répondre une étude longitudinale, réalisée à Montréal (Canada), dans la lignée du modèle comportemental d’Andersen[1] décrivant les facteurs d’utilisation des services médicaux selon trois catégories de variables (facteurs prédisposant, facteurs favorisant et facteurs de besoin) intégrées dans un modèle de hiérarchie logistique.

Non à la déshumanisation de l'hôpital Philippe PINEL

Auteur : intersyndicale CFDT-CGT-FO-SUD 09/04/2015


Pétition : Non à la déshumanisation de l'hôpital Philippe PINEL

À l'attention : du directeur de l’hôpital Philippe Pinel, du directeur de l'agence régionale de santé Picardie, de la ministre des affaires sociales et de la santé

NON à la déshumanisation de l’hôpital Philippe PINEL.

Climat de tension à l'hôpital, comment travailler sereinement ?

Quand les valeurs portées par les soignants se heurtent à la logique comptable d'une direction poussée par l'ARS et le gouvernement : 

L’Agence Régionale de la Santé (ARS) diminue d’année en année le budget des hôpitaux. Notre hôpital est en déficit ! A qui la faute ? L’ARS asphyxie le fonctionnement de l’hôpital.

L’ARS oblige notre hôpital, comme tant d’autres, à faire des économies, des difficultés de trésorerie sont donc mise en avant par la direction, les fournisseurs se voient désormais impayés et le personnel de l’hôpital voit également le versement de la paie décalé, un ras-le-bol général se fait sentir : qui se soucie des répercutions désastreuses pour ces fournisseurs et ce personnel ?

Les mesures d’austérité imposées par l’ARS, n’obtiennent comme réponse que les économies sur le dos des salariés. Cela porte un joli mot « baisse de la masse salariale ». 

Dans le cadre de son plan d’économie, Le Directeur tente d'imposer en force : 

- Des suppressions d’emplois, les retraités ne sont pas remplacés, les emplois précaires et aidés se multiplient, les CDD ne sont pas renouvelés. 
- Une baisse des revenus des salariés, en supprimant 13 jours de repos par an pour le même salaire. L’objectif est clair, cela permet d’embaucher moins. Une bonne idée, il suffit que plus de mille salariés donnent gratuitement 13 jours de travail par an et qu’ils fassent la même « masse de travail » ! Travailler plus pour gagner moins !
- Des fermetures et des fusions de services sont en cours, avec au passage moins de capacité d’accueil des patients.




Loi de santé : les députés votent l’article 13 qui redessine l’organisation de la psychiatrie

Coline Garré
| 09.04.2015



L’Assemblée nationale a voté mardi 8 avril l’amendement déposé par le gouvernement en mars qui réécrit l’article 13, en redessinant l’organisation de la psychiatrie et en modifiant le dispositif des soins sans consentement. « Cet amendement a été déposé afin de tirer les conséquences du travail qui a été réalisé sur l’article 12 (sur l’organisation territoriale) et de rassembler un certain nombre d’amendements qui avaient été présentés », a expliqué Marisol Touraine.
Le nouvel article définit la politique de santé mentale mise en œuvre par des « actions de prévention, de diagnostic, de soins, de réadaptation et de réinsertion sociale ».

Projet territorial de santé mentale, sur la base d’un diagnostic territorial

Il instaure un projet territorial de santé mentale. Son objet :« l’amélioration continue de l’accès des personnes concernées à des parcours de santé et de vie de qualité, sécurisés et sans rupture ».
Ce projet est à l’initiative des professionnels et établissements travaillant en santé mentale (ou, en l’absence d’initiative, du directeur général de l’agence régionale de santé). « J’ai souhaité mettre au cœur de la réflexion la nécessité pour l’ensemble des acteurs de la santé mentale de travailler en partenariat » a défendu Marisol Touraine.
Il est défini sur la base d’un diagnostic territorial partagé en santé mentale, établi par les représentants des usagers, les professionnels de santé, les établissements sanitaires, sociaux, et médico-sociaux, les organismes locaux d’assurance-maladie, les collectivités territoriales, et les conseils locaux de santé mentale (CLSM). Les projets des équipes de soins primaires et des communautés professionnelles territoriales de santé doivent être pris en compte. « L’éducation nationale et la protection judiciaire de la jeunesse » seront aussi parties prenantes, a précisé la ministre en séance publique.
Le DG d’ARS arrête, après avis des CLSM, le diagnostic et le projet territoriaux, révisables à tout moment.

Coordination territoriale de second niveau

Ce projet territorial organise la coordination territoriale de second niveau, qui dans le détail, organise les conditions d’accès à la prévention, à la prise en charge, à l’accompagnement et à l’insertion sociale. Cette coordination s’inscrit dans l’organisation des parcours de proximité.
L’ARS et les acteurs participant à la mise en œuvre du projet territorial de santé mentale signent un contrat territorial de santé mentale. Les établissements de service public hospitalier signataires d’un même papier peuvent se constituer en une communauté psychiatrique de territoire.

Réaffirmation du secteur

L’article redéfinit la mission de psychiatrie de secteur, assurée par les équipes pluriprofessionnelles, comme la garantie d’un recours de proximité en soins psychiatriques, leur accessibilité territoriale et financière, leur continuité, avec une déclinaison spécifique pour les enfants et les adolescents.

jeudi 9 avril 2015

Tu vas au club ?

09/04/2015
Le Grenoupharus réalisé par le club de la Chesnaie. - Le Grenoupharus réalisé par le club de la Chesnaie. - drLe Grenoupharus réalisé par le club de la Chesnaie. - dr
Le Grenoupharus réalisé par le club de la Chesnaie. - dr
Patients et soignants des cliniques psychiatriques, auteurs du journal La Gazette proposent leur regard sur l’actualité. Cette semaine : leurs clubs.
Samedi 11 avril à la Halle aux grains à Blois va se tenir la Journée nationale de la psychothérapie institutionnelle, berceau des clubs thérapeutiques mis en place dans les établissements psychiatriques pratiquant la psychothérapie institutionnelle. Que ce soit à La Chesnaie, à La Borde, à Saumery, il y a un club et même un interclubs.
« A La Chesnaie, explique Pierre, c'est une association loi 1901, la composition est paritaire patients-moniteurs, il y a un conseil d'administration, une assemblée générale, un président… » « Et il y a dedans des gens extérieurs à la clinique, les donateurs », ajoute François. « Le club organise différentes activités, dispatche les sommes allouées à chacune, poursuit Pierre. Il y a des activités ponctuelles, des voyages… » 

Dans certains hôpitaux publics, il y a aussi des clubs et aussi des budgets pour l'ergothérapie. « L'ergothérapie c'est occupationnel, juge Pierre. Ce n'est pas à but thérapeutique. » 

« La fonction club est-elle nécessaire dans un établissement psychiatrique ? »demande Alain. « Oui, c'est le vide sans le club, dit Michèle. Il nous apporte des activités, de la communication. Depuis que j'ai des activités à Saumery, j'aime ça, je m'intéresse aux autres. Avant je m'ennuyais beaucoup. » 

« Avec le club, le patient est force de proposition, interaction avec la clinique, souligne Pierre. Dans les HP (*), ça vient d'en haut et le patient n'a pas son mot à dire. » 


collectif des 39

12.000 signataires à l’Appel « Ça suffit ! »http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=7446

Après le meeting du 01 novembre 2104 à la Maison de l’Arbre à Montreuil qui a réuni près de 700 personnes mobilisées dans une grande qualité d’écoute et de débats, c’est le nombre de signatures recueillies à ce jour. Dans cette période de troubles et d’évènements qui interrogent les rapports à la démocratie, de désinvestissement et d’abandon par les pouvoirs publics et de certains professionnels de ce qui fait l’essentiel dans le soin à savoir la relation, le temps et l’accueil, cette mobilisation est un bon signe, signe d’une vitalité d’oppositions qui se doivent d’être créatrices.

La situation dans les lieux de soins continue cependant de se dégrader, le découragement est toujours manifeste, les attaques au nom de la gestion de plus en plus insupportables.

Ainsi l’A.R.S. du Languedoc –Roussillon a imposé la fermeture du C.A.T.T.P. et de l’Association de suivi en appartements de l’équipe rattaché à la Clinique de Saint Martin de Vignogoul. Une psychologue de l’équipe du secteur de Corbeil, créé par Lucien Bonnafé, a vu son CDD non reconduit du jour au lendemain, sans aucune prise en compte de tous les patients en traitement ; l’équipe déjà réduite, avec des non –remplacements des nombreux départs en retraite, voit même son C.A.A.T.P. –seul lieu d’accueil de jour- menacé. Une éducatrice d’un SAMSAH à Marseille est virée sans préavis ni indemnité pour « faute grave » pour avoir alerter sur les risques pesant sur la qualité du suivi par une décision de déménagement et de cessation de suivi d’un certain nombre de patients.

Il est important, essentiel de signaler au Collectif toutes les attaques, les dérives dans les pratiques, les effets dans la continuité des soins de la stricte gestion comptable, des économies justifiant fermeture de lieux de soins, licenciements, etc.

L'Atih a finalisé un logiciel pour évaluer la qualité des données des établissements en psychiatrie

 - HOSPIMEDIA
L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih) a mis en place un outil pour accompagner les médecins des départements d’information médicale dans les établissements ayant une activité de psychiatrie. Son but est de les aider à repérer les erreurs et améliorer la qualité de codage des informations recueillies dans le Rim-P.
L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih) propose depuis le 31 mars 2015 la version finale de son logiciel de détection des atypies liées aux informations d’activités (Dalia Psy), indique le Dr Anne Buronfosse, chef de service adjoint en charge du projet psychiatrie. La validation de ce logiciel fait suite au comité technique psychiatrie du 2 avril dernier qui a réuni les représentants des fédérations de l'hospitalisation (FHF, Fehap, UNCPSY), du Collège national de l'information médicale (Cnim), des administrations (DGOS, DSS, Drees) et de l'Assurance maladie. Son objectif est l'amélioration de la qualité des données collectées dans le recueil d'informations médicalisé en psychiatrie (Rim-P) au niveau de l'exhaustivité et du codage. "Nous mettons en place des outils ainsi qu'un guide méthodologique pour accompagner les médecins Dim dans les établissements afin de leur faciliter la tâche en matière de qualité de codage", explique Anne Buronfosse.

Figures libres. L’animal qui a inventé le monde

LE MONDE DES LIVRES |  | Par 

La chronique de Roger-Pol Droit, à propos de « L’Invention du réalisme », d’Etienne Bimbenet.


Animal parlant : cette définition de l’humain, depuis Aristote, peut paraître usée jusqu’à la corde. Chacun sait qu’entre la vie animale et la nôtre il y a quantité de points communs : tous les organismes biologiques se nourrissent, se reproduisent, croissent, dépérissent. A tel point qu’on oublie souvent combien le langage instaure, en fait comme en droit, une rupture radicale. Il est possible de la résumer ainsi : l’animal agit dans un milieu, alors que nous parlons du monde. Au premier abord, ainsi formulée, pareille distinction peut paraître mince. A la réflexion, elle s’avère décisive.

Parce qu’elle sépare, effectivement, deux univers dissemblables. Dans celui de l’animal, aussi sophistiqué qu’on l’imagine, ne règne toujours que « son » monde, le seul qu’il perçoit, en fonction de son mode d’existence. Ce milieu est le sien, relatif à son espèce. Au contraire, dans la sphère humaine et parlante, s’impose d’emblée cette évidence : « le » monde existe, indépendamment de nous, de nos perceptions, de nos courtes vies. La frange minime que nous en captons n’épuise pas le tout. Notre existence ne marque nullement, à elle seule, le commencement ni la fin du réel : nous savons qu’il est ­pérenne, et notre propre présence éphémère. Mais pourquoi cette évidence ? D’où vient-elle ? Du fait que nous parlons : « Le relativisme est ce qu’un vivant, dès qu’il parle, laisse en ­arrière de soi », écrit Etienne ­Bimbenet.

Ce jeune philosophe, auquel on doit déjà des travaux sur Merleau-Ponty et un essai remarquable, L’Animal que je ne suis plus (Gal­limard, 2011), approfondit sa réflexion sur cette énigme : l’invention humaine du réel. Elle constitue un défi pour la pensée, car il n’est plus question d’imaginer, comme autrefois, une radicale différence de nature séparant notre espèce des autres.

FAUST À L'HÔPITAL PSYCHIATRIQUE


L’auteur et metteur en scène Frédéric Ferrer et sa compagnie Vertical Détour sont en résidence depuis 2005 à l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard à Neuilly-sur-Marne. Ils y ont mené en 2012 un chantier de création théâtrale avec des patients et le personnel de l’hôpital. Ce documentaire retrace les étapes de ce chantier. Dans la chaleur du mois d’août, des malades et le personnel ont rendez-vous tous les après-midis aux Anciennes Cuisines, un vieux bâtiment désaffecté de l’hôpital. Ils viennent ici jouer Faust, Méphistophélès, Marguerite, Dieu et les Anges.


Christine Bergé, du corps à l’ouvrage

LE MONDE CULTURE ET IDEES | Par 


L'anthropologue Christine Bergé.


La Voix des espritsL’Au-delà et les LyonnaisHéros de la guérisonLa Vie entre chien et loup, et son tout récent La Peau. Totem et Tabou : les titres de ses livres parlent d’eux-mêmes. Anthropologue, philosophe des techniques, Christine Bergé est avant tout une exploratrice des cas extrêmes, des états limites. Intelligence vive, sensibilité à fleur de peau, elle a pour fil rouge ce qu’elle appelle les « catastrophes biographiques ». Quand une cassure survient dans l’existence, un accident, une maladie, comment se reconfigure-t-on à partir de cette faille ? Comment une culture ou un individu peut-il survivre à un péril extrême ? Fragments de réponses sur le terrain d’une chercheuse éclectique.


Déracinement


Le dialogue avec les morts fut son tout premier sujet de recherche. « J’avais envie de travailler sur la mort, mon directeur de DEA avait commencé une recherche sur le spiritisme. Je ne croyais pas aux esprits, mais cela m’intéressait de comprendre comment les gens se débrouillaient pour vivre la présence d’un mort qui, pour eux, n’était pas mort puisqu’il continuait, selon eux, à exister sous un autre mode. » Né aux Etats-Unis avant le milieu du XIXe siècle, le spiritisme arrive au Royaume-Uni en 1852, en France et en Allemagne en 1853. Son développement est concomitant à l’essor du libéralisme industriel et à la mécanisation croissante des moyens de production. Pour Christine Bergé, ce n’est pas une coïncidence. « La base du mouvement spirite, c’est l’essor du monde ouvrier. Un monde fait de gens dont beaucoup ont été arrachés à leur territoire rural, déracinés de leurs valeurs, et qui essaient de se reconstruire. Le spiritisme s’est développé sur ce grand deuil de la terre et de la famille. Dialoguer avec les morts, c’est partir sur la trace des ancêtres perdus. »


Héros de la guérison


Dans la foulée de ce premier travail, Christine Bergé part aux Etats-Unis, à la recherche de « médiums thérapeutes » – des guérisseurs censés communiquer avec les esprits. C’est le début des années 1990. Le mouvement New Age a encore de beaux restes, sur lesquels prospère notamment le courant du « channeling » : de prétendues communications entre les humains et des entités évoluant sur d’autres plans de conscience. En Floride, la jeune chercheuse part à la rencontre de médiums thérapeutes. Et surtout des malades qu’ils guérissent, ou du moins qu’ils soulagent.

« Il s’agissait de gens gravement malades, pour lesquels la médecine traditionnelle s’était révélée impuissante, et qui s’étaient souvent ruinés pour se faire soigner, raconte-t-elle. Les médiums leur proposaient des techniques assez simples (auto-hypnose, contrôle mental) pour faire en sorte qu’ils puissent reconfigurer leur vie. J’ai expérimenté et observé ces différentes techniques, qui sont toutes fondées sur le rapport de l’esprit et du corps. Et j’ai été frappée de voir combien ceux qui en bénéficient parviennent à réinterpréter leur corps et leur relation à la douleur en dehors de la médecine. Au point, parfois, de guérir ou, en tout cas, de continuer à vivre avec leur maladie. » Ces travaux feront l’objet de sa thèse d’ethnologie, soutenue en 1994 à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) sous le titre : « Rhétoriques et techniques de la médiumnité contemporaine aux Etats-Unis ».

Refus de soins des médecins : le « testing » sera possible, sans être inscrit dans la loi

Le Monde.fr | Par 


Marisol TOURAINE, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmesà l'Assemblée nationale, le 8 avril.


Après avoir voté la généralisation du tiers payant, les députés ont adopté, jeudi 9 avril, en séance, l’article 19 du projet de loi santé visant à mieux évaluer « l’importance et la nature des pratiques de refus de soins » aux bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) ou de l’aide médicale d’Etat (AME).

Ils avaient auparavant adopté à l’unanimité un amendement remplaçant le mot « tests », qui suscitait le mécontentement d’une partie des praticiens libéraux, par une formulation plus souple laissant la possibilité pour un Ordre professionnel (médecins, dentistes, etc.) « de mesurer l’importance et la nature des pratiques de refus de soins par les moyens qu’il juge appropriés ». En clair, le « testing » sera possible, mais pas inscrit dans la loi. Il consiste à réaliser des enquêtes en se faisant passer pour des patients, dans l’idée d’y voir plus clair sur la pratique de certains médecins.

Avant cette modification, les élus UMP avaient qualifié cette pratique de « profondément vexatoire » pour les médecins. « C’est jeter la suspicion et le discrédit sur l’activité des professionnels de santé », avait fait valoir le député UMP Jean-Pierre Door. Pour son homologue Gilles Lurton, « les médecins ont tous une déontologie et en général ne refusent jamais de dispenser des soins sauf pour des raisons bien particulières ».


« Faire respecter l’éthique »


Sur les bancs de la majorité, on mettait au contraire en avant la nécessité de mesurer ces refus. « L’essence même d’un Ordre est de faire respecter l’éthique », a expliqué Gérard Bapt (PS). Pour Jacqueline Fraysse (PCF), « ceux qui pratiquent la médecine normalement n’ont rien à redouter ». Dans un rapport remis en 2014, le Défenseur des droits avait jugé nécessaire de développer le testing.





Des enfants dessinent l’horreur infligée par Boko Haram

Le Monde Blogs 
Dans un des camps de réfugié au Tchad. (AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES)
Dans un camps de réfugiés au Tchad. (PHILIPPE DESMAZES/AFP)
L'Unicef accompagne l'exode massif de populations depuis le nord du Nigeria, où les islamistes de Boko Haram sèment la désolation depuis plus d'un an en multipliant les attaques contre les villes et les villages. Selon l'ONG, "près de 150 000 personnes, parmi elles une majorité de femmes et d’enfants, ont trouvé refuge dans l’extrême sud-est du Niger, sur les îles du Lac Tchad" depuis août 2014.
En plus des besoins matériels et sanitaires, l'Unicef offre un appui "psychosocial".Un dispositif itinérant prend notamment en charge les enfants traumatisés par la violence. Une des techniques utilisées est, simplement, de leur donner aux enfants "un papier, des stylos et des crayons de couleur afin qu’ils puissent dessiner, raconter, témoigner, extérioriser".
L'ONG a ensuite mis en ligne une dizaine de dessins, avec les descriptions poignantes des jeunes auteurs. "Chaque après-midi, les ateliers de dessin sont aussi l'occasion d'aborder d'autres thèmes comme l'amour ou l'école, entre deux parties de football, de tricot"raconte l'AFP. Mais lorsqu'on aborde les attaques des islamistes "devant la grande feuille de papier blanc, un feutre à la main, le silence s'installe (...). Chacun se concentre pour reconstituer le fil des événements dont il a été témoin".

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L’enfance contaminée par l’épidémie du TDAH « made in USA »

 / ON 9 AVRIL 2015
trouble_mental_psychiatriqueL’épidémie du TDAH « made in USA » s’est répandue avec le DSM, c’est lui l’agent de la contamination. Il s’agit là, évidemment, d’une image. Le DSM est devenu l’ouvrage de référence, publié par l’APA, la Société américaine de psychiatrie, classifiant les critères diagnostiques et statistiques de soi-disant troubles mentaux. Le DSM est devenu le « bréviaire de la domination idéologique » quasi-religieuse de la psychiatrie consumériste nord-américaine. (DSM : de l’anglais, signifie Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders).
Le DSM est suivi bêtement par des psychiatres-fonctionnaires, dépourvus d’opinion personnelle et de réflexion. Ils sont habituellement dénués de toute originalité créatrice en matière d’action psychothérapeutique vis-à-vis des « enfants turbulents », en classe et/ou à la maison.
Si les connaissances, en matière de psychiatrie clinique, ne sont pas inutiles à des pédopsychiatres pro-TDAH, l’expertise de psychiatrie médico-légale exige que soient éliminées les mauvaises habitudes et les fausses théories, selon le dogmatisme syndical abstrait du DSM, en matière de TDAH « made in USA ».
En une décennie, l’épidémie du TDAH « made in USA » a gagné du terrain et la propagande pro-TDAH de la Haute Autorité de Santé (HAS) a tout fait pour en favoriser le développement, alors que nous essayons vainement d’en maîtriser l’extension, notamment avec le soutien des familles « en plein désarroi ».