La comédienne présente en tournée sa conférence-spectacle poétique et drôle sur les interactions entre les espèces. Rencontre.
On aurait entendu les mouches voler, et sûrement les orchidées pousser au centre Wallonie-Bruxelles, où l’on a vu l’ébouriffante comédienne Sofia Teillet détailler fin septembre la fécondation des végétaux devant un auditoire recueilli. Tout part de sa détestation des orchidées. Ces fleurs «louches» qui se prétendent rares sans l’être, que l’on croise dans «les toilettes d’à peu près tous les restaurants chinois», et dont la physionomie n’aura jamais tant évoqué une vulve que sur ce schéma en coupe projeté au-dessus de la scène. De la sexualité des orchidées : le programme a beau être transparent, on s’attend à ce qu’il s’agisse d’un appât, l’alibi d’une conférence-spectacle à travers lequel son autrice et interprète chercherait en fait à discourir sur autre chose. A tout hasard, le couple, la sexualité au sein de notre espèce, voire celle des femmes en particulier.
Autant l’annoncer d’emblée : c’est bien de l’intimité des fleurs qu’a prévu de nous parler Sofia Teillet, en intarissable biologiste de l’absurde armée d’un paperboard et d’un powerpoint. Plus particulièrement du système de reproduction que dissimule ce tubercule fuchsia, si combinard, dont elle a découvert les secrets en tombant dans un «gouffre joyeux» de recherches. Et c’est une fabuleuse épopée du minuscule que cette leçon de choses, qui pourrait bien croître et s’épanouir des heures tant la conférencière y trouve matière à créer du jeu. Gesticulant pour mimer le voyage des grains de pollen, Sofia Teillet s’essouffle à reproduire la course erratique des insectes dans l’air, s’énerve, bafouille et reprend le fil de sa pelote verbale. Des graines de clownerie entre les touffes de savoir.
Bouture
«Le projet est né de l’envie de travailler une forme légère, avec une dimension d’improvisation, en relation directe avec le public - d’en faire mon partenaire et metteur en scène. Je m’intéressais à l’agriculture après avoir fait plusieurs stages dans des fermes, mais j’ai choisi la reproduction végétale comme un prétexte, justement parce que je n’y connaissais rien. Je n’ai jamais été très bonne en sciences…» Entre la première bouture de sept minutes, écrite à l’issue d’un stage théâtral, et l’actuel format d’une heure, quatre années ont passé au cours desquelles Sofia Teillet absorbe les lectures scientifiques, et déplace sa conférence de bars en cabarets, entre deux projets (elle joue dans En manque de Vincent Macaigne en 2017, et participe aux créations de la compagnie suisse Old Masters entre 2018 et 2019).
Nectar
De la sexualité des orchidées de et avec Sofia Teillet Le 9 octobre au Centre culturel de Berchem-Sainte-Agathe (Belgique), les 6 et 7 novembre à l’Etoile du Nord (75018), les 13 et 14 à Agglo Pays d’Issoire (63)…
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