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A Saint-Mandé le 2 avril. Photo Marc Chaumeil pour Libération
La direction de la recherche, des études et de l'évaluation et de la statistique (Drees) a publié une étude montrant que la grande majorité des malades hospitalisés entre 1er mars et le 15 juin étaient des hommes âgés.
Dans un rapport publié vendredi, la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et de la statistique) passe au crible le profil des 90 778 personnes hospitalisées lors de la première vague de l’épidémie du Covid-19 en France. L’étude confirme une surreprésentation des personnes âgées et des hommes.
Les personnes âgées sont surreprésentées, sauf en soins critiques
Un patient sur deux hospitalisés en raison du Covid en soins conventionnels ou critiques (réanimation, soins intensifs, soins continus) entre 1er mars et le 15 juin, avait 71 ans ou plus, et près d’un patient sur trois dépassait les 80 ans, souligne le document de la Drees (1). Et si l’âge médian des personnes décédées à l’hôpital monte à 81 ans, les patients les plus âgés n’étaient pourtant pas les plus nombreux en soins critiques. Dans ces services, les 75 ans et plus n’ont représenté que deux cas sur dix, (et même 8% si l’on considère les plus de 80 ans) alors que les moins de 60 ans réunissaient 39% des effectifs dans ces mêmes unités de soins. Plus surprenant encore : seuls 17% des plus de 70 ans, et 27% de la totalité des patients, sont morts en unité de soins critiques, contre 68% chez les moins de 60 ans. «Ceci peut notamment être dû aux pratiques médicales, car la ventilation-intubation présente des risques élevés pour les plus âgés», explique l’étude.
La majorité des patients sont des hommes
Autre tendance également confirmée par le rapport : les hommes sont surreprésentés parmi les patients Covid hospitalisés : 6 personnes décédées sur 10 à l’hôpital étaient des hommes. Ces derniers comptaient pour 70 % des admissions en soins critiques, et, de manière moins significative, pour 55% de l’ensemble des hospitalisations durant cette période de trois mois. Parmi les patients traités en soins critiques sur une longue durée, les trois quarts étaient aussi des hommes, dont le taux de mortalité reste par ailleurs supérieur à celui des femmes quelle que soit la catégorie d’âge concernée (21% contre 17% chez les femmes).
La mortalité a diminué au cours de la première vague
Si les hommes sont surreprésentés, leur proportion a diminué au cours de la première vague de l’épidémie de Covid-19 en France, passant de 57% sur la période allant du 1er mars au 15 avril à 51% entre la mi-avril et le 15 juin, tandis que la part des femmes – «moins souvent atteintes par des formes graves de Covid», précise l’étude – a progressé sur cette seconde période. La Drees note également une évolution dans l’âge des patients hospitalisés, où la part des jeunes a augmenté, passant de 9% de moins de 40 ans en mars-avril à 14% mai-juin. Ces deux observations corroborent l’idée selon laquelle des patients moins gravement atteints ont été davantage admis à mesure que passait la première vague de l’épidémie, entraînant la chute observée de la mortalité, «divisée par deux au moins entre les entrées début mars et celles de mi-juin». Ce qui, selon le rapport, «pourrait être lié à la diminution de la pression épidémique, ainsi qu’à l’augmentation des capacités de dépistage et à la reprise progressive de l’activité hospitalière hors Covid.» Pour autant, la Drees soutient que cette baisse de la mortalité «n’est pas due à l’évolution de l’âge et du sexe des personnes hospitalisées dans le temps», mais pourrait davantage s’expliquer «par une meilleure connaissance de la maladie, une meilleure prise en charge à l’hôpital […] et un effet de moindre tension sur les capacités hospitalières».
Des hospitalisations d’une durée médiane de dix jours
Les admissions à l’hôpital ont eu lieu en nombre en mars et en avril, soit au plus fort de l’épidémie constate la Drees. Pour la moitié des patients atteints du Covid la durée d’hospitalisation a été de plus de dix jours, et jusqu’à vingt jours pour les personnes passées en soins critiques. La part des très longs passages en soins critiques, ne représente, elle, que 2% des malades, bien que près de la moitié de ces patients étaient encore hospitalisés après trois mois. L’étude liste trois autres parcours pour les patients Covid. Les hospitalisations suivies d’un retour à domicile, d’abord, les plus nombreuses (74%), ce retour s’opérant même dans les dix jours pour la moitié d’entre eux. Les hospitalisations suivies d’un décès (19%), qui survient, pour les trois quarts de ces patients, dans les deux semaines suivant leur admission, et où sont surreprésentés les habitants des régions de l’Ile-de-France (39%) et du Grand Est (19%). Une tendance qui «peut tenir aux disparités des populations de chaque région en termes de comorbidité et de facteurs à risques, à la situation épidémique locale comme la sévérité du virus ou au taux d’hospitalisation dans chaque région», souligne le rapport, qui refuse de trancher. Et enfin les admissions suivies d’une hospitalisation en soins de suite et de réadaptation (SSR), soit 5% des patients. A noter également que les deux tiers des parcours hospitaliers «n’incluent pas de passages en soins critiques et se sont achevés par un retour à domicile».
(1) Pour cette étude, la Drees, organisme rattaché au ministère des Solidarités et de la Santé, s’est appuyée sur un système d’information pour le suivi des victimes (SI-VIC), conçu il y a cinq ans pour analyser les données lors de situations sanitaires exceptionnelles, et «déployé dans les hôpitaux à partir du 16 mars».
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