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samedi 10 octobre 2020

Vivre avec un mort chez soi

 

Psychose (1960). Alfred Hitchcock. © Paramount Pictures

Des médecins légistes italiens rapportent le cas de deux hommes ayant vécu plusieurs mois à leur domicile avec le corps momifié d’un proche. Autant dire qu’on n’est pas très loin du film Psychose d’Alfred Hitchcock avec ces histoires relatées dans un article publié le 23 septembre 2020 dans la revue Journal of Forensic Sciences.

Dans le premier cas, tout commence par la banale dispute entre voisins à l’occasion de laquelle la police, appelée sur les lieux, pénètre dans une maison. Elle y découvre alors qu’un homme de 52 ans vit en présence du corps momifié de son père. Le cadavre git sur le lit. Les policiers ne relèvent pas de trace de violence. L’individu déclare que son père est décédé environ cinq mois auparavant. La maison est en désordre et les conditions d’hygiène sont déplorables. L’homme a un comportement agressif. Il est admis d’office en psychiatrie. Les premiers entretiens montrent que ce patient présente une  distanciation émotionnelle, un syndrome délirant et un délire de persécution. Le diagnostic de trouble psychotique est évoqué.

Les enquêteurs apprennent que la mère de l’individu, qui elle-même souffrait de troubles mentaux, est décédée douze ans plus tôt d’un cancer du sein et avait refusé tout traitement. Cette personne est fils unique, célibataire et n’a jamais travaillé de sa vie. Une relation forte le liait à ses parents. Lorsque les policiers l’interrogent sur les raisons pour lesquelles il vit avec le corps de son père, il répond que sa mère lui avait demandé de bien veiller sur lui.

Isolement social et délire de persécution

Le fils est persuadé que lui et sa famille sont persécutés par leurs voisins qui leur veulent du mal, au point de les rendre malades et de vouloir les tuer. Il a donc naturellement cherché à protéger le corps de son père des ses tortionnaires. Il croît que les voisins exercent une influence sur la police et les médecins, mais également que le Pape et le premier ministre italien sont impliqués dans un complot contre lui.

Après le décès de son père, il est retourné à une « vie normale », afin, dit-il, « de ne pas permettre aux voisins de savoir qu’ils avaient réussi à tuer son père car sinon ils seraient venus le prendre et moi avec ».

Désodorisants pour masquer l’odeur

Cet homme indique aux enquêteurs utiliser des désodorisants pour masquer l’odeur pestilentielle du cadavre en décomposition et ainsi dissimuler le décès de son père. Il fait preuve d’un très grand détachement émotionnel.

Les psychiatres posent le diagnostic de trouble schizophréniforme (caractérisé par des symptômes identiques à ceux de la schizophrénie mais durant depuis moins de six mois). La décompensation psychotique de ce patient remonte au décès de son père intervenu quatre à cinq mois plus tôt, les idées de persécution ayant empiré à partir de ce moment-là.

Selon les auteurs, il est probable que la mère, le père et le fils partageaient un délire de persécution. Ils présentaient ce que l’on appelle « une folie en famille », dans ce cas précis une « folie à trois », trouble psychiatrique dans lequel l’isolement social est un facteur prédominant dans la majorité des cas.

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