Nonfiction 08 octobre 2020
Cette étude socio-anthropologique vise à redonner la parole aux éducateurs de rue en étudiant le sens qu’ils attribuent à leur travail, afin de déjouer les instrumentalisations politique du métier.
L’univers du travail social est depuis quelques temps confronté à un phénomène global d’industrialisation : marchandisation des cadres d’activité, gestionnarisation et standardisation des pratiques, instrumentalisations politiciennes, précarisations psychiques et matérielles des professionnels… Chaque secteur de cet univers est placé dans l’incertain quant à son utilité, sa signification précise.
Cependant, de nombreux travailleurs et travailleuses de terrain poursuivent coûte que coûte leur activité minutieuse, au service – dans la mesure du possible – de l’autonomie de chacun et de la solidarité de tous. C’est qu’ils et elles se construisent un sens du métier, au contact des personnes accompagnées, au quotidien. Et bien souvent, contre toutes les instrumentalisations possibles, le sens du métier est d’être un métier du sens. C’est-à-dire que le travail social est un mode de production d’un sens qui aspire à être partagé par les membres de notre société.
En prenant l’exemple de la prévention spécialisée, cet ouvrage aspire plus précisément à faire entendre la parole d’éducateurs et d’éducatrices, dont le secteur est confronté à des enjeux décisifs et paradoxaux. En étudiant les discours qu’ils et elles tiennent à l’égard de leur propre travail, de son intérêt et de ses enjeux, cet ouvrage propose de brosser le sens du métier et le métier du sens propres à la prévention spécialisée. En montrant que celle-ci peut habilement tirer parti de l’incertain qui caractérise les relations socioéducatives entre individus, l’analyse en arrive à revendiquer une dimension proprement artisanale de ce métier, contre toutes les tendances à l’industrialisation.
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