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lundi 8 avril 2019

Lusofolies

Le Monde Blogs , par Lunettes Rouges

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Danielo Gonçalves, #298, 2018, Artpen sur papier, 100x70cm
Sans doute que je rabâche, mais il me semble que je ressors de chaque exposition d’art brut en me disant que, si certaines oeuvres sont la preuve d’un remarquable talent artistique, d’autres ne sont là que du fait de la personnalité atypique de leur auteur, n’ont d’intérêt qu’à titre clinique ou de curiosité, et n’attireraient guère l’intérêt si leur auteur n’était pas classé comme marginal, outsider ou schizophrène. C’est donc une fois de plus le cas lors de l’exposition Lusofolia qui présente à la Fondation Arpad Szenes Vieira da Silva (jusqu’au 12 mai) quelques oeuvres de la collection Treger – Saint Sylvestre (qui est conservée au centre d’art Oliva, près de Porto), toutes créées par des Lusophones du Portugal, du Brésil (et un ou des Angolais anonymes : art brut et colonisation ?). Excepté des poupées naïves (Ti Guilhermina), des azulejos (Ana Carrondo), et une huile sur toile (Rui Lourenço), ce sont tous des travaux sur papier, dessins, aquarelles ou gouaches. Je me contenterai donc d’explorer ici trois thèmes qui m’ont paru émerger parmi les plus intéressants chez les 18 artistes de cette exposition.
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Raimundo Camilo, ST, SD, recto-verso, feutre et stylobille sur papier, 10.1×20.4cm
D’abord, l’obsession géométrique, celle qui consiste à couvrir tout l’espace de la feuille, de manière ordonnée, rigoureuse : l’ennemi, c’est le vide. C’est une manière assez fréquente de travailler dans l’art brut, une forme de relation au monde sans doute liée à certaines pathologies, et cela donne des constructions assez remarquables comme celle-ci (en haut) du Portugais Daniel Gonçalves(1977) (et aussi) qui semble vouloir oublier dans cette poésie graphique bien ordonnée le chaos de sa propre vie. Le Brésilien José Teofilo Resende (né en 1919) projette dans des dessins architecturaux une approche assez similaire. D’autres jouent avec des petits formats qu’ils couvrent aussi de traits, comme les « billets de banque » du Brésilien Raimundo Camilo (1935-2015), qu’il donnait à ses infirmiers et aux autres internés, non comme des oeuvres d’art, mais comme des gages d’appréciation (ci-dessus). A noter aussi les dessins au stylobille du plus connu des artistes ici présentés, le Portugais Jaime Fernandes (1900-1969), au point qu’il est le seul artiste cité dans l’essai du catalogue.
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Marilena Pelosi, ST, 2005, crayons noir et couleur et feutre sur papier, 40×28.2cm

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