« J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président », déclarait Sibeth Ndiaye, en juillet 2017 dans L’Express. Et maintenant que cette fidèle parmi les fidèles, ex-responsable des relations avec la presse, est devenue la secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement ?
Se demander s’il y a de bonnes raisons de mentir n’est pas neuf. Une controverse historique a opposé Emmanuel Kant à Benjamin Constant. Pour le premier, champion de la déontologie, dire la vérité est un commandement sacré de la raison, car personne ne peut vouloir que le mensonge devienne une maxime universelle : imaginez un peu si tout le monde mentait.
À cette intransigeance, l’essayiste Benjamin Constant oppose un exemple qui vaut toutes les arguties : imaginez qu’un assassin poursuive un ami, auquel vous donnez refuge. Le meurtrier frappe à votre porte et demande s’il se trouve bien chez vous. Que répondriez-vous ? Vous mentiriez, évidemment, pour le protéger en vertu d’un principe intermédiaire entre le devoir de dire la vérité et le droit de mentir, que Constant explicite : nous n’avons de devoir qu’envers ceux qui ont des droits, donc nullement envers ceux qui s’apprêtent à vous nuire, qui de fait perdent leurs droits.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire