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samedi 30 avril 2016

Vade retro satanas, formule médicale ou religieuse ?

30.04.2016
L'exorciste
Possession diabolique ou délire mystique ? Voilà la question à laquelle ont essayé de répondre les participants – exorcistes, psychiatres et psychologues – réunis à Rome à l'occasion d'un séminaire organisé par l'institut Sacerdos des légionnaires du Christ en collaboration avec l'association internationale des exorcistes, l'AIE.
Devant deux cent cinquante participants venus du monde entier et appartenant aux sphères religieuse, médicale et même judiciaire (le procureur de la République de la ville de Pérouse ayant fait le déplacement), les orateurs ont débattu pendant une semaine.

À chaque religion son prisme
Pas de jets de bave verte comme dans le film « l'Exorciste »* ou de crise de possession en direct mais des débats sur le droit canonique et la perception différente du mal selon les religions, comme l'a expliqué le grand rabbin de Rome, Riccardo di Segni. « Je ne suis pas venu pour faire de la publicité comparative et dire que le produit que je vends est meilleur que celui des autres mais pour expliquer que dans la tradition rabbinique, l'attaque provient plutôt du côté des âmes des défunts qui errent à la recherche de la paix et non pas du malin en personne », a affirmé le grand rabbin.

Rationnel et irrationnel

Pour le père Pedro Barrajon, directeur de l'institut Sacerdos, il n'y a pas de doute : « Dans les cas de possession, le rationnel et l'irrationnel sont mêlés mais les exorcistes, doivent savoir discerner, comprendre si la personne est atteinte de troubles psychologiques ou si elle est possédée par le diable ou l'un de ses démons ». Il raconte avoir « rencontré un psychiatre belge qui ne croyait pas à l'exorcisme et privilégiait la thèse de la maladie mentale. Il affirme avoir soigné des patients qui avaient le sentiment d'être possédés… mais en appliquant le rituel de l'exorcisme ».
« La religion est essentielle pour des milliers de personnes. Je ne pense pas que l'on puisse rationnellement expliquer un cas de possession. Les exorcistes sont incontournables ! »,assène pour sa part, une jeune psychologue américaine sous anonymat, armée d'un badge aux couleurs des Légionnaires du Christ.

Un traitement médical ciblé

Le Pr Patrizio Bernini, ancien chef de service du département psychiatrique de l'hôpital Saint Jean de Rome, est venu faire entendre la voix de la raison : la question relève uniquement du domaine de la psychiatrie. « Certains exorcistes sont sérieux et commencent par conseiller une évaluation médicale. Reste que de nombreux "possédés" atteints de ce que j'appelle "le délire mystique", qui entendent des voix et parlent d'odeur de soufre ont toujours été guéris grâce à un traitement médical ciblé », explique le Pr Bernini.
Mais c'est avec une pointe d'humour qu'il raconte l'histoire de ce patient amené par sa femme et qui se disait possédé par le diable. « C'était il y a longtemps. Il disait que sa fille était elle aussi victime du diable. Quelques jours plus tard, la femme me confiait qu'elle avait expédié sa fille chez l'exorciste et son mari chez un psychiatre. Aujourd'hui, je me demande encore comment la différence de diagnostic a été établie », confie le Pr Bernini.
* « L'Exorciste », film d'horreur américain réalisé par W. Friedkin et sorti en 1973, est une adaptation du roman de W. Peter Blatty.

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