Gestionnaire des Bluets, l'association Ambroise Croizat assure tout mettre en œuvre pour un fonctionnement serein de la maternité. Quant aux accusations à son encontre, elles sont "fausses", "fantaisistes" voire "diffamatoires". Pour les médecins, le constat est tout autre : "l'omerta est la plus totale". D'où leur appel à une médiation de l'ARS.
Entre Thomas Lauret, directeur de l'hôpital Pierre-Rouquès/Les Bluets à Paris (12e arrondissement), et l'association Ambroise Croizat, gestionnaire de cet établissement obstétrical privé non lucratif emblématique de l'Est-Parisien, "des désaccords existent" bel et bien. C'est en substance ce que déclare Anissa Chibane, directrice générale de l'association, dans un courrier adressé le 20 avril à Hospimedia. "Et nous tentons actuellement d'y apporter une réponse. Cette réponse n'est pas encore arrêtée et encore moins mise en œuvre." La maternité des Bluets affiche près de 3 150 accouchements annuels, 1 200 interruptions volontaires de grossesse (IVG) et 1 200 ponctions pour assistance médicale à la procréation.
"L'agitation menée par quelques personnes ne durera pas"
Plusieurs voix se sont en effet élevées ces derniers jours au sein de la maternité, en dehors et jusqu'à l'ARS Île-de-France, parlant d'un directeur relevé de ses fonctions, à tout le moins mis à l'écart (lire ci-contre). "S'agissant d'un salarié titulaire de mandat politique [Thomas Lauret est par ailleurs conseiller socialiste de Paris pour le 16e arrondissement, NDLR], son éventuelle éviction nécessiterait l'autorisation préalable de l'inspection du travail qui devrait s'assurer justement de l'absence de lien entre son mandat politique et cette rupture du contrat de travail, rappelle en outre Anissa Chibane.L'inspection du travail devrait par ailleurs vérifier le sérieux des motifs de la rupture s'il s'agissait d'un licenciement." Raison pour laquelle il est "rigoureusement impossible" qu'une éviction pour simple appartenance politique d'un tel élu puisse intervenir.
Pour la responsable d'Ambroise Croizat, les "allégations" quant à une supposée éviction politique de Thomas Lauret sur intervention de la CGT — l'association est en effet une émanation de la CGT de la métallurgie d'Île-de-France — mais aussi une limitation des fonctions de la directrice des ressources humaines et une grève illimitée au sein des Bluets avec des personnels "atterrés" et "effondrés" par l'attitude de l'association, sont "fausses", "fantaisistes" voire "diffamatoires". "Il n'y a pas eu une minute de grève" au sein de la maternité, écrit Anissa Chibane, ni aucun préavis en ce sens adressé avant le 19 avril. Quant à celui finalement reçu ce même 19 avril pour une grève le 21 avril, il "ne respecte [...] pas les délais légaux en vigueur [...] et ne sera de ce fait sans doute pas suivi d'effet". Face à cela, "tout est mis en œuvre pour assurer un fonctionnement serein de l'établissement et nous ne doutons pas que l'agitation menée par quelques personnes ne durera pas".
"Les directeurs doivent être obéissants et respecter la ligne"
De son côté, le syndicat Sud santé de la maternité évoque "une grève tournante" depuis ce 21 avril, avec une quarantaine de personnels présents à la dernière assemblée générale. Pour sa déléguée, Virginie Gossez, la forte présence de vacataires, du fait des vacances scolaires, pèse inévitablement sur la mobilisation. Elle évoque aussi certaines pressions de l'association. Mais de promettre d'intensifier l'action à compter de début mai. Toujours est-il que lapétition initiée par l'association Touche pas aux Bluets dépasse désormais les 1 100 soutiens au 22 avril.
Quant aux médecins de la maternité, ils ont sollicité ces jours-ci l'ARS, par courrier avec l'appui du président de la commission médicale d'établissement (CME), à faire œuvre de médiation dans le conflit social en cours. L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) pourrait également être de la partie. "La communauté médicale est extrêmement préoccupée face à une situation sur laquelle l'omerta est la plus totale", résume ainsi le Dr Sophie Gaudu, chef du service d'obstétrique des Bluets qui coordonne aussi en tant que médecin-chef la pédiatrie, l'anesthésie et la gynécologie. "On marche sur la tête", comme elle le confie à Hospimedia, s'indignant des "pressions quotidiennes" faites ces jours-ci par la direction d'Ambroise Croizat sur le personnel de la maternité. "Ce 21 avril, l'association a ainsi déclaré illégale une grève pourtant extrêmement mesurée, s'étalant de 8h à 20h et durant laquelle les soins et les urgences étaient pourtant assurés. Ce n'est pas parce que la CGT est le patron qu'on ne peut rien dire !"
Selon Sophie Gaudru, "il n'est pas exclu que plusieurs médecins démissionnent si Thomas Lauret devait réellement partir. Comment voulez-vous travailler avec des gens qui ont aussi peu de respect pour les personnels et les patients ? Les directeurs doivent être obéissants et respecter la ligne. On est dans un autre monde, et certainement pas dans un établissement de soins du XXIe siècle !" À entendre la médecin-chef, la tension sociale qui règne aujourd'hui au sein des Bluets ne relève pas d'un conflit de personnes. "En trois ans, on a connu trois directeurs différents, trois coordonnateurs généraux des soins.
Et ce n'était pas les mêmes personnes à la tête de l'association. Le conflit vient du fait qu'Ambroise Croizat intervient directement en opérationnel dans la maternité et non pas seulement pour y donner le cap à suivre."
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