Par Robert Maggiori — 27 avril 2016
Le philosophe israélien Moshe Halbertal analyse les mécanismes du sacrifice, depuis les dons de Caïn et d’Abel jusqu’aux immolations meurtrières des kamikazes d’aujourd’hui.
C’est de la crainte que naît le sacrifice, ou, mieux, de la tentative de l’effacer. En ce sens, il est au foyer même de la culture, si par culture on entend l’ensemble des pratiques qui visent à ce que les choses et les êtres «poussent» (mûrissent, grandissent, s’élèvent…) en étant protégés des menaces - l’épidémie qui décime les populations, la grêle qui détruit le raisin, la tempête qui emporte le navire… On imagine que «derrière» ces forces indomptables, il est des divinités. Alors l’homme, pour les amadouer, les rendre bienveillantes et protectrices, leur adresse des prières, des chants, des danses, leur offre les dons les plus précieux : les fruits de sa récolte, les bêtes de son troupeau, la chair de sa chair. Tel est le sacrifice : l’offrande aux dieux qui en retour veut obtenir qu’ils «rendent sacré», c’est-à-dire intouchable, à l’abri de toute «profanation», ce que les hommes font (ensevelir leurs morts, ensemencer les champs, ériger des demeures…), ce qu’ils ont, ce qu’ils sont.
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