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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 27 février 2024

Rencontre Deuil périnatal : soixante-quinze ans après, «Mamie pleure en répétant son prénom»

par Marie Piquemal   publié le 26 février 2024

Odette Pichard, 99 ans, se bat pour obtenir l’inscription sur le livret de famille de son bébé, mort quatre heures après sa naissance, le 12 mai 1949, et dont elle n’a jamais vu le corps. Sa petite-fille avocate, spécialiste des questions de filiation, a plaidé sa cause devant le tribunal judiciaire de Paris.

Elle trotte dans les couloirs de l’Ehpad, alerte et solide. Odette Pichard, 99 ans, envoie du rêve – la recette tiendrait à ses années de natation et de vélo sur les routes de Savoie, «sans grande circulation à l’époque, on croisait juste des Allemands». Jusqu’à l’été dernier, elle vivait autonome dans le même appartement depuis 1943, à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. «Nous étions en zone rouge, près des usines Renault.» De temps en temps, elle revient papoter avec le concierge. Odette Pichard sait où elle en est. Incollable sur les dates, les noms de rue qui ont jalonné sa vie.

Encéphale 2024 – Bien-être : le paradoxe de l’âge

Caroline Guignot     15 févr. 2024

On sait que le bien-être subjectif, la santé et le vieillissement sont corrélés, mais vieillir ne signifie pas systématiquement une diminution du bien-être. Des enquêtes menées dans les différentes régions du monde suggèrent que dans les pays à haut niveau de revenu, la fréquence de la rumination, du stress, de la colère ou de la tristesse diminue avec l’âge, malgré les comorbidités et le raccourcissement de la durée de vie. Dans le cadre du congrès de l’Encéphale, qui a eu lieu à Paris du 24 ou 26 janvier 2024, Samuel Bulteau (psychiatre, CHU Nantes) a décrit quelques éléments pouvant expliciter ce paradoxe de l’âge.


lundi 26 février 2024

Peut-on soigner les fous autrement qu’à coups de médicaments ?

Camille Robcis, propos recueillis par Frédéric Manzini publié le 

Généalogie d’une idée

Peut-on traiter les personnes atteintes de troubles mentaux sévères autrement qu’à coups de chimie ? Dans Désaliénation (Éditions du Seuil, 2024) qui paraît dans sa traduction française, l’historienne Camille Robcis, qui enseigne les French Studies aux États-Unis, à l’université Columbia (New York), raconte l’aventure de la « psychothérapie institutionnelle », ce (contre-)courant de la psychiatrie qui a tenté une approche expérimentale et innovante refusant tout rapport d’autorité entre soignants et soignés et valorisant au contraire la vie partagée. Entretien.

Comment définiriez-vous la “psychothérapie institutionnelle” ? 

Camille Robcis : L’idée de départ est que nous avons tous besoin d’institutions dans notre vie, qu’il s’agisse des écoles, des syndicats, des partis politiques, des familles et aussi des hôpitaux, donc. Cependant, ces institutions ont également le potentiel de devenir autoritaires, hiérarchiques voire « concentrationnaires », comme disait François Tosquelles, le médecin qui est à l’origine de cette approche innovante de la psychiatrie. Le défi de la psychothérapie institutionnelle est alors de savoir s’il est possible de soigner les institutions pour les conserver mais sans qu’elles nous oppriment. Dans le cadre de l’hôpital, le but est d’utiliser l’institution et son potentiel social, psychique, et politique pour soigner les patients, pour produire, selon leur expression, « un collectif soignant ».

Où va la psychiatrie contemporaine ?

  

par Stéphane Zygart , le 20 février 2024









Tout en affirmant la liberté des malades et la nécessité d’une conception non discriminante de la pathologie, la psychiatrie ne s’est pas pour autant émancipée de toute forme de contrainte et de normalisation.

La psychiatrie suscite souvent un intérêt qui va bien au-delà des psychiatres et de leurs patients. On n’hésite pas, aujourd’hui, à éditer et à lire les témoignages de patients, les échanges épistolaires de psychiatres, ou encore à donner à voir les aspects apparemment les plus triviaux et les plus quotidiens de la psychiatrie. C’est peut-être parce que la souffrance psychique paraît toucher en totalité les personnes qu’elle atteint, et provoque ainsi un intérêt pour tous ses aspects. C’est sans doute aussi parce que les techniques médicales y rencontrent toujours des valeurs sociales par rapport auxquelles elles doivent se positionner, et souvent, entrer en débat. Quand et pourquoi priver de liberté ou de responsabilité pénale ? Quel type de guérison, pour quelle vie sociale et professionnelle, convient-il de rechercher avec les personnes considérées comme malades mentales ?

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Soin’Soin : un journal pour voir la psychiatrie autrement

Publié le 

Le journal contributif « Soin’Soin » veut clairement faire bouger les choses, ou en tout cas participer aux changements qui s’opèrent aujourd’hui en psychiatrie, en alertant les institutions sur ce qui se passe réellement de délétère pour les patients. L’objectif est de diffuser gratuitement cette revue au plus grand nombre de personnes en souffrance psychologique dans les établissements de soin et en dehors.

Ce journal d’une cinquantaine de pages est co-construit avec des personnes usagères de la psychiatrie « qui en ont marre », et veulent être mieux prises en charge, mieux considérées car il y a encore des pratiques qui sont vraiment à revoir ! La plupart des auteurs sont des psychiatres, des sociologues, des médiateurs de santé, des éducateurs, des journalistes, des dessinateurs touchés eux aussi souvent par la souffrance psychique. Ainsi leur discours de professionnels est renforcé par une expérience personnelle, témoignant plus justement des fonctionnements et dysfonctionnements de la psychiatrie en France.

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« L’Acte psychanalytique » : Jacques Lacan surpris par Mai 68

Par  (Historienne et collaboratrice du « Monde des livres »)  Publié le 12 février 2024

Jacques-Alain Miller livre son édition du Livre XV du séminaire du psychanalyste, qui traite de la relation entre maître et disciple – à point pour les événements de mai 1968.

Consacré à « l’acte psychanalytique », ce séminaire, délivré à l’Ecole normale supérieure entre novembre 1967 et juin 1968, occupe une place singulière dans l’œuvre orale de Jacques Lacan (1901-1981). Celui-ci affronte, cette année-là, une crise interne au sein de l’Ecole freudienne de Paris, qu’il a fondée en 1964. Il veut en effet introduire une nouvelle procédure de nomination des psychanalystes (la « passe »), peu appréciée de ses compagnons de route. Quant à la révolte ­étudiante, elle vient perturber son enseignement dès avril 1968.

Prison de la Santé à Paris : le détenu tente de se suicider et se retrouve envoyé au mitard

actuParis 

Publié le 

Un détenu qui avait été lourdement sanctionné après sa tentative de suicide, en février 2022, à la prison de la Santé, s'est retourné contre l'administration pénitentiaire.

L'homme soupçonné d'avoir empoisonné son ex-compagne a été retrouvé mort dans sa cellule de la prison de la Santé

La justice a considéré que la sanction à l’encontre du détenu de la prison du 14e arrondissement de Paris était « sans rapport avec la gravité des faits (…) commis », et l’a donc annulée. (©AdobeStock)

Le tribunal administratif de Paris a donné raison un détenu qui avait été envoyé deux semaines en « cellule disciplinaire » pour avoir tenté de suicider à la prison de la Santé, dans le 14e arrondissement de la capitale, en février 2022.

Déjà auteur de différents incidents 

Cet homme, qui avait été écroué le 19 décembre 2021, avait en fait fait l’objet de « comptes-rendus d’incident » deux mois plus tard après s’être jeté par-dessus « la rambarde d’une coursive en étage » le 22 février 2022 : déterminé à vouloir « se casser les dents au sol », il avait finalement atterri dans « le filet de protection de la rue haute de l’établissement ».

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« Nos cris d’alerte restent sans réponse. La psychiatrie attend urgemment de l’action »

Publié le 

Marie Jeanne-Richard, Présidente de l’Unafam.

Après le drame survenu aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse le 14 février, Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), adresse une lettre ouverte au Ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux afin de l’alerter, une fois encore, sur l’état d’extrême urgence dans lequel se trouve la psychiatrie en France. Voici son texte, in extenso. 

Monsieur le Ministre,
Le 14 février dernier, un patient concerné par un trouble bipolaire a mis fin à ses jours aux urgences psychiatriques de l’hôpital Purpan à Toulouse, après être resté 10 jours sur un brancard de consultation, faute de places pour une hospitalisation. Ce drame, qui aurait pu, qui aurait dû être évité, reflète les graves manquements de notre système de santé en psychiatrie. Quotidiennement, des situations critiques nous sont partagées par nos adhérents, et plus globalement par les familles ou les proches de personnes concernées par un trouble ou une maladie psychique.

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Crise de la santé mentale. "Ce n'est que la partie visible de l'iceberg" : personnels, familles, cliniques privées critiquent les propos du ministre


 



Écrit par Catherine Léhé   Publié le 

Les "dysfonctionnements inacceptables" pointés par le ministre de la santé Frédéric Valletoux en visite au CHU de Purpan à Toulouse en Haute-Garonne, le 20 février 2024, entraînent de vives réactions notamment des cliniques privées mais aussi des salariés qui espèrent un réel sursaut.

Le ministre de la santé, Frédéric Valletoux à gauche lors e sa visite au CHU de Purpan à Toulouse , mardi 20 février 2024 aux côté du directeur de l'établissement, Jean-Francois Lefebvre.

Le ministre de la santé, Frédéric Valletoux à gauche lors e sa visite au CHU de Purpan à Toulouse , mardi 20 février 2024 aux côté du directeur de l'établissement, Jean-Francois Lefebvre. • © MATTHIEU RONDEL / AFP

Après la visite de Frédéric Valletoux, ministre de la Santé et de la Prévention au CHU de Purpan à Toulouse en Haute-Garonne, les réactions sont vives. Sa visite a fait suite à une série d'événements graves en quelques jours : une agression sexuelle d'une patiente, un viol d'une autre patiente, le suicide d'un père de famille de 49 ans laissé sur un brancard depuis dix jours dans un bureau du service des consultations des urgences psychiatriques, de multiples agressions du personnel et un incendie. Des "dysfonctionnements inacceptables", a jugé le membre du gouvernement, en soulignant un manque de coopération entre les huit cliniques privées psychiatriques et l'hôpital public, accusant ces premières "de ne pas prendre leur part", alors qu'elles concentrent 75 % des lits dans le département.

Démenti de la FHP

Des critiques vivement démenties par Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l'hospitalisation privée qui regroupe 1 030 établissements privés, qui appelle l'Etat à leur donner plus de moyens. "Je tiens à redire que l’hospitalisation privée prend toute sa part, sans aucune sélection de patients. Au-delà, faisons en sorte que les événements dramatiques de Toulouse permettent de refonder notre système de santé sur la base d’une reconnaissance égale de ses acteurs, à égalité de droits et de devoirs, dans un cadre de complémentarité. Il revient à l’Etat d’en être le garant sur les territoires", rétorque-t-il dans un communiqué diffusé sur X ce jeudi 22 février 2024, plaidant pour une coopération entre public et privé. 

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Pourquoi ça marche Thomas Schlesser, le tour de l’art en 52 semaines

par Claire Devarrieux   publié le 17 février 2024 

De Botticelli à Soulages, un grand-père octogénaire fait engranger à sa petite-fille aux yeux malades un maximum de beauté.

La couverture des Yeux de Mona arbore une phrase flatteuse : «Le roman français qui a conquis le monde.» La formule plaira à certains et fera fuir les autres. Eh bien ceux qui se méfient ont tort. Le livre de Thomas Schlesser est une excellente initiation à l’histoire de l’art – c’est son domaine –, d’autant plus vivante qu’elle se transmet à travers deux personnages. Un grand-père octogénaire emmène Mona, sa petite-fille de 10 ans, au Louvre, à Orsay et à Beaubourg chaque mercredi pendant un an. De Botticelli à Soulages, il lui montre cinquante-deux chefs-d’œuvre, un par semaine. Ce sont autant de chapitres où l’approche du tableau, ou de la sculpture, s’accompagne des péripéties de la vie de l’enfant, en classe, dans la brocante de son père, et chez l’ophtalmologue. Il arrive à Mona de se retrouver dans le noir. Aveugle. Nul ne peut dire s’il s’agit d’un phénomène irréversible. Son grand-père lui fait donc engranger un maximum de beauté. Les 36 000 exemplaires du premier tirage des Yeux de Mona ont été suivis d’une réimpression à 50 000, indiquait Livres Hebdo le 7 février. La prestation de l’auteur à la Grande Librairie le 31 janvier a aidé. Le succès s’est amorcé l’an dernier à la Foire de Londres. Trente traductions sont en cours.

S'aimer en France

Dimanche 18 février 2024

Deux cadenas entremêlés accrochés au grillage ©Radio France - Nathanael Charbonnier

C’est une préoccupation quotidienne et universelle : l’amour ! Alors que 80% des Français affirment que la vie amoureuse prend une part importante dans leur quotidien, Interception dresse le portrait d’une France pleine d’amour.

L’amour, ah… l’amour. Il nous percute, nous éblouit. Il fait chavirer nos cœurs et nos corps. Il peut nous faire planer dans les nuages mais aussi nous noyer dans un océan de détresse.

C’est indéniable, on a tous besoin d’amour, besoin d’aimer et surtout de se sentir aimé. Cela tombe bien car les rencontres amoureuses sont plus faciles aujourd’hui que dans le passé. La France de 2024 n’est pas celle de 1970, ni même de 2000.

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Au Palais de Tokyo, l’art et la psychiatrie dans un cheminement en zigzag

Par   Publié le 24 février 2024

Avec son exposition « Toucher l’insensé », l’institution parisienne présente, jusqu’au 30 juin, un ensemble de documents, des films et des œuvres sur des lieux d’internement et de soins.

Image tirée du film « Le Divan de Félix » (1986), de François Pain. 

Art et psychiatrie : depuis quelque temps, cet immense sujet est de plus en plus présent dans les musées. En 2021, aux Abattoirs, à Toulouse, une remarquable exposition avait remis au premier plan le psychiatre François Tosquelles (1912-1994). Sa pensée et son action furent décisives dans la mise en œuvre de ce que l’on nomme psychothérapie institutionnelle, qui se fonde sur une analyse critique du fonctionnement habituel de lieux d’internement et de soins, afin d’en réformer le fonctionnement et d’en finir avec l’internement de type carcéral.

Aussi Tosquelles est-il l’une des figures tutélaires de « Toucher l’insensé », qui, au Palais de Tokyo, à Paris, reprend ces questions. On ne saurait trop conseiller de prendre le temps de regarder, dans sa totalité si possible, le film que le réalisateur François Pain fit avec lui, François Tosquelles, une politique de la folie (1989), ainsi que, dans le même cycle de projections, dans une salle en périphérie du parcours, l’ensemble des films de Pain, dont Le Divan de Félix (1986), consacré à son ami le philosophe et psychanalyste Félix Guattari (1930-1992). Certes, tout regarder prend du temps, mais c’est sans doute la meilleure manière de procéder pour saisir le propos de François Piron, commissaire de l’exposition, et insérer celui-ci dans une vision plus longue et large.

Suicide d'Evaëlle dans le Val-d'Oise : un procès pour harcèlement requis contre l'enseignante et deux ados

Samedi 24 février 2024

Par France Bleu Paris , France Bleu

De Faustine Mauerhan

Cinq ans après le suicide de la jeune Evaëlle, 11 ans, à Herblay (Val-d'Oise), le parquet de Pontoise a demandé un renvoi en procès pour "harcèlement moral" contre deux adolescents, mais aussi contre l'une des enseignantes de la collégienne.

Accusée d'"humiliations régulières" ayant "fragilisé le psychisme de l'enfant", une enseignante d'Evaëlle, collégienne de 11 ans qui s'était suicidée en 2019 dans le Val-d'Oise, risque un procès pour harcèlement moral sur mineur, tout comme deux camarades de la jeune fille. En effet, le 12 février dernier, le parquet de Pontoise a requis le renvoi de l'enseignante de français, âgée de 61 ans, et de deux camarades de classe pour harcèlement moral sur mineure, a appris samedi l'AFP, confirmant une information du Monde.



dimanche 25 février 2024

Pouvoir et vieillissement

BOISSEL AnneHOURCADE SCIOU Annie

Cet ouvrage collectif est constitué des actes d’un colloque international et interdisciplinaire « Pouvoir et vieillissement » qui s’est tenu en janvier 2022 à l’Université de Rouen Normandie. Il reprend également un certain nombre de contributions présentées au webinaire « Vieillissement, participation sociale et empowerment » (juin 2021-décembre 2022). 


"30% des psychiatres tourangeaux font un dépassement d'honoraires de plus de 50%", explique l'UFC-Que Choisir


 




Vendredi 23 février 2024

Par France Bleu Touraine

Plus de la moitié des spécialistes pratiquent des dépassements d'honoraires, selon une enquête réalisée par l'UFC-Que Choisir. Un constat qui cache de grosses disparités entre les départements. Quelle est justement la situation en Indre-et-Loire ?

L'association UFC-Que Choisir dénonce une envolée des tarifs de consultation chez les médecins de huit spécialités libérales (cardiologues, ophtalmologues, psychiatres, pédiatres etc.). Dans une enquête, elle dévoile que plus de la moitié des spécialistes pratiquent des dépassements honoraires et que le prix d’une consultation est parfois "jusqu’à 2 fois et demi" plus cher d’un département à l’autre.

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« A ma place d’aide-soignante en psychiatrie… »

STÉPHANIE BOULOC, AIDE-SOIGNANTE

Dynamique, jamais à court d’idées pour stimuler les patients de son unité, Stéphanie Bouloc, aide-soignante au CH Sainte-Marie, à Rodez, s’est formée tout au long de son parcours. Passionnée, elle est aujourd’hui une formidable ambassadrice d’un métier peu reconnu.

Adolescente, Stéphanie rend régulièrement visite à sa grand-mère, qui souffre de la maladie d’Alzheimer, au Centre hospitalier Sainte-Marie, à Rodez. Du haut de ses 15 ans, elle observe les soignants et se dit qu’apporter aide et réconfort à des personnes vulnérables peut être une voie professionnelle à suivre. Elle s’engage en BEP sanitaire et social puis obtient un baccalauréat professionnel en médico-social. En 1998, Stéphanie a 18 ans. Son intuition était la bonne, la voilà à présent élève aide-soignante. Un stage la ramène au CH Sainte-Marie où elle découvre la psychiatrie (1). « J’entre de plain-pied dans un univers insoupçonné, je suis confrontée à l’irrationnel, au délire, à la violence, à la douleur, à la fragilité. C’est comme une grande claque en pleine figure. » Une première expérience qui s’avère fondatrice. « Je débarque dans un service fermé. Les patients sont en crise, très souvent contenus. Certains ne sont guère plus âgés que moi. C’est un choc pour la jeune fille que je suis. Je ne sais rien de la maladie psychiatrique ni comment me comporter avec ceux qui en souffrent. 

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Suicide : les jeunes femmes, toujours vulnérables selon Santé publique France

Caroline Guignot    23 févr. 2024

À retenir

  • Selon le Baromètre de Santé publique France 2021, les français de 18-85 ans étaient 4,2 % a déclaré avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois et 0,5 % à avoir fait une tentative au cours de l’année écoulée. La prévalence des pensées suicidaires et des tentatives était en légère baisse par rapport à 2014.
  • Cependant, les chiffres sont plus inquiétants parmi les 18-24 ans, au sein desquels ces chiffres ont progressé depuis une dizaine d’années, particulièrement chez les femmes.
  • Cette étude confirme les données de passage aux urgences et d’hospitalisation qui rapportent une dégradation de la santé mentale des jeunes adultes, qui a été mise en évidence et accentuée par la pandémie de Covid-19. Outre les mesures de prévention générales, des mesures spécifiques à ce groupe de population sont nécessaires.

Les chiffres de décès par suicide et de tentatives de suicide ayant conduit à une hospitalisation ou une prise en charge médicale ne reflètent pas l’exhaustivité des cas. Depuis 2000, l’enquête du Baromètre de Santé publique France permet de compléter ces chiffres en mesurant les pensées suicidaires et les tentatives déclarées par un échantillon de plus de 24 000 personnes de 18 à 85 ans vivant en France. Ses derniers résultats viennent d’être publiés dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire.

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Interview Enfants ukrainiens kidnappés : «Ils subissent un lavage de cerveau et des mauvais traitements»

par Izia Rouviller  publié le 25 février 2024

Mykola Kuleba, fondateur de l’ONG Save Ukraine qui rapatrie des mineurs déportés en Russie ou en territoire occupé, explique comment le Kremlin œuvre à cacher ces enfants et effacer leur identité ukrainienne.
publié aujourd'hui à 7h49

Près de 20 000 enfants ukrainiens manquent toujours à l’appel. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, des milliers de jeunes ont été séparés de force de leurs parents ou de leur orphelinat par les forces russes. Déportés en Russie ou en territoire occupé, ils sont placés dans des foyers, des familles d’accueil ou des collèges techniques et poussés à acquérir la citoyenneté russe. Une stratégie fomentée depuis des années au plus haut sommet du Kremlin, qui réfute toute accusation de déportation et assure qu’il s’agit d’orphelins.

Mykola Kuleba a été Commissaire aux droits de l’enfant du gouvernement ukrainien de 2014 à 2021. L’année de sa prise de fonction, il a créé Save Ukraine, une ONG qui organise régulièrement des missions de sauvetage pour rapatrier des enfants ukrainiens enlevés par la Russie. Pour Mykola Kuleba, il y a urgence à ramener ces jeunes chez eux, alors que les autorités russes s’échinent à effacer leur identité ukrainienne.

Les jeunes sont désormais plus touchés par les idées suicidaires que la population générale, un mal aux causes profondes

Par  et    Publié. le 25 février 2024

En pleine crise de la psychiatrie, idées suicidaires et tentatives de suicide sont en hausse chez les 18-24 ans, tandis qu’elles stagnent dans les autres classes d’âge. Crise écologique, guerre, absence de perspectives... Le contexte anxiogène, même s’il n’explique pas tout, pèse sur les esprits des jeunes.

Crise écologique, guerres, risques sanitaires, manque de perspectives… « Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les discours de “désespérance” et les messages fatalistes ont des conséquences, à un âge où on se construit », rapporte Charles-Edouard Notredame, psychiatre au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, qui coordonne la ligne d’écoute nationale 3114 de prévention du suicide.

Dans la bouche des médecins, psychiatres et pédopsychiatres, en première ligne face à la souffrance des adolescents et des jeunes adultes, un constat revient : le contexte anxiogène, s’il est loin d’expliquer à lui seul le mal-être d’une frange de la jeunesse, pèse sur les esprits. Mais c’est un enchevêtrement de facteurs qui mène certains jeunes jusqu’aux « idées noires » ou à la tentative de suicide. Des jeunes, semble-t-il, de plus en plus nombreux : c’est la tendance dessinée par le baromètre sur le sujet rendu public, le 6 février, par Santé publique France.

Cette enquête, déclarative, menée en 2021 – l’an II de la crise sanitaire liée au Covid-19 – auprès d’un échantillon de près de 30 000 personnes de 18 à 85 ans, a mis un coup de projecteur sur la détérioration de la santé mentale des 18-24 ans : les pensées suicidaires déclarées ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 dans cette tranche d’âge, passant de 3,3 % à 7,2 %. Une évolution d’autant plus marquante que les données pour les autres classes d’âge tendent à stagner, avec une prévalence de 4,2 % pour l’ensemble des répondants.