blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 21 avril 2020

Coronavirus : le confinement provoque une crise sociale mondiale

Quelque 22 millions de chômeurs supplémentaires aux Etats-Unis en un mois, des banques alimentaires débordées à travers le monde… Le coût humain du confinement est déjà important. Et cela devrait aussi se traduire par une hausse de la mortalité, même une fois la pandémie vaincue.
Par  et  Publié le 21 avril 2020
Des bénévoles ordonnent des produits de première nécessité à la banque alimentaire de Norwood et Brixton, dans le sud de Londres, le 20 avril.
Des bénévoles ordonnent des produits de première nécessité à la banque alimentaire de Norwood et Brixton, dans le sud de Londres, le 20 avril. PHILIPP EBELING POUR « LE MONDE »
Dans les rues de Naples, des paniers suspendus ont fait leur apparition. La population y dépose de la nourriture pour ceux qui n’ont plus rien. Au Royaume-Uni, le nombre de Britanniques n’ayant pas mangé à leur faim a quadruplé au cours des trois premières semaines du confinement. En France, aux Restos du cœur, « on voit arriver une population nouvelle de bénéficiaires : des personnes hébergées dans les hôtels ou les centres sociaux, ou bien qui vivent dans des squats ou des bidonvilles », décrit Patrice Blanc, son président. Près de Delhi, en Inde, un migrant s’est suicidé le 16 avril. Ce travailleur journalier, père de quatre enfants, avait vendu la veille son téléphone portable pour pouvoir acheter de la nourriture à sa famille.
Partout à travers la planète, le confinement de plusieurs milliards de personnes est en train de provoquer un gigantesque choc social. La première répercussion visible se trouve dans les soupes populaires et les banques alimentaires. Des millions de personnes qui vivaient sans réserve financière ont basculé en même temps, soudain sans ressources. Mais la grande crainte est que ce ne soit qu’un début. « Pendant l’austérité [de 2010 à 2018], ça a déjà été dur, mais cette fois-ci, ça risque d’être le Far West », s’inquiète Alison Inglis-Jones, de la banque alimentaire de Norwood et Brixton, dans le sud de Londres.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), le produit intérieur brut mondial va reculer de 3 % en 2020, bien plus que lors de la grande récession de 2009, quand il avait baissé de 1,7 %. « A moins qu’on trouve une parade, les conséquences sociales risquent d’être bien pires », avertit Michael Marmot, professeur à University College London et auteur d’un rapport de référence sur les inégalités dans la santé au Royaume-Uni.
Bien sûr, cette récession est différente. L’espoir est que la reprise sera forte une fois la pandémie maîtrisée. En Europe, tous les gouvernements ont donc lancé d’énormes plans de soutien pour éviter le chômage de masse, en payant provisoirement les salaires afin que les entreprises conservent leurs employés. Mais tout indique que les pertes d’emplois ne pourront pas être évitées.
Au Royaume-Uni, selon la Resolution Foundation, un groupe de réflexion, environ 11 millions d’emplois (40 % du total) vont être touchés par la crise : 8 millions de personnes pourraient bénéficier de chômage partiel, mais 3 millions d’emplois risquent d’être supprimés. « Soit une hausse plus rapide et sans doute à un niveau plus élevé que ce qu’on a connu dans les années 1980, la dernière grande période de chômage britannique », souligne Torsten Bell, son directeur.

Coronavirus : 50 millions de personnes menacées par la faim en Afrique de l’Ouest d’ici à quelques mois

La pandémie de Covid-19, ajoutée aux problèmes de sécheresse et à l’insécurité dans la région, pourrait faire exploser le nombre de personnes en crise alimentaire, alerte l’ONG Oxfam.
Le Monde avec AFP Publié le 21 avril 2020
Des enfants patientent pour une distribution d’eau, à Taabtenga, quartier de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, le 3 avril 2020.
Des enfants patientent pour une distribution d’eau, à Taabtenga, quartier de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, le 3 avril 2020. ANNE MIMAULT / REUTERS
Le nombre de personnes menacées de famine en Afrique de l’Ouest pourrait quasi tripler en trois mois et concerner 50 millions de personnes en août, contre 17 millions en juin, a alerté Oxfam, mardi 21 avril. L’organisation non gouvernementale (ONG) cite des estimations de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
En ville comme en zones rurales, malgré les efforts des Etats, les populations ont des difficultés d’accès aux marchés alimentaires, et elles font face à un début de hausse des prix et une baisse de la disponibilité de certaines denrées de base, conséquences du confinement ou/et du couvre-feu mis en place, de la fermeture des frontières et de l’insécurité dans certaines zones, ajoute l’ONG.
En quelques jours au Burkina Faso, « le sac de 100 kg de mil est passé de 16 000 à 19 000 francs CFA, et le litre d’huile pour la cuisine a presque doublé. Avec le virus en plus de l’insécurité, je me demande comment le mois de ramadan sera vécu cette année », a souligné Amadou Hamadoun Dicko, président de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en Savane (Apess).
Lire la suite ...

Un annuaire recense les documents pratico-pratiques en période d'épidémie au Covid-19

Publié le 20/04/20

Comment nettoyer les poignées de portes ou des toilettes ? Comment organiser les repas en salle ? Comment, en somme continuer à organiser son établissement en pleine période d'épidémie de Covid-19 ? Devant les nombreuses interrogations de professionnels démunis, le Dr Alain Sommer, ancien enseignant de la chaire de gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers, a travaillé à la cocréation d'un annuaire spécialisé. Baptisé covidorg.com, l'outil est entièrement gratuit. Il permet à tout professionnel de retrouver les documents pratiques mis en ligne sur les sites des réseaux de professionnels ou d'autres structures du secteur.

Les bilans préliminaires de l'épidémie en Ehpad sont tirés en France et au Québec

Publié le 20/04/20

Des appels à plus de moyens en France et au Québec, des plaintes en Occitanie et en Grand-Est, des personnalités mobilisées en ligne... La rédaction d'Hospimedia a sélectionné des événements marquants de la semaine écoulée.
[International] Des deux côtés francophones de l'Atlantique, des premiers enseignements sur l'épidémie de Covid-19 sont tirés. Le président de l'Uniopss, Patrick Doutreligne, appelle à ne pas oublier que les secteurs du domicile et des Ehpad ont également tiré la sonnette d'alarme, à l'instar de l'hôpital, sur le manque de moyens et les sous-dotations chroniques. "Les grandes leçons à retenir devront aborder le décloisonnement des politiques publiques entre le sanitaire et le médico-social", estime-t-il. Au Québec, les structures équivalentes aux Ehpad sont également parfois des lieux de concentration des décès. Les acteurs du secteur appellent à une refonte complète des centres hospitaliers de soins de longue durée, avec notamment davantage de personnel dédié et plus de moyens pour accompagner la prise en charge des résidents nécessitant de nombreux soins.
Lire la chronique de Patrick Doutreligne
Lire l'article du Devoir

La mise en place de solutions de répit révèle l'agilité des opérateurs du secteur handicap

Publié le 20/04/20

Solutions sur mesure construites dans l'urgence pour répondre aux besoins des personnes handicapées, les accueils temporaires et autres dispositifs de répit qui se mettent en place montrent la capacité de réaction et de coopération des opérateurs.
À l'Institut médico-éducatif de Villeneuve d'Ascq, comme ailleurs la règle d'accompagnement, c'est un pour un.
À l'Institut médico-éducatif de Villeneuve d'Ascq, comme ailleurs la règle d'accompagnement, c'est un pour un.

Le 2 avril, lors de leur présentation des mesures pour soutenir les établissements et services médico-sociaux, garantir l’accès aux soins des personnes handicapées et prévenir l’épuisement des aidants, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées, ont incité les opérateurs à développer des relayages à domicile et à rouvrir des accueils temporaires (lire notre article) dans le cadre de la gestion de la crise Covid-19. La doctrine nationale a été modifiée en conséquence. Un petit tour de France, non exhaustif, montre que les professionnels ont su répondre à cette demande dont les modalités varient beaucoup en fonction des contextes locaux, des coopérations préexistantes et des interprétations de la doctrine par les ARS.

Coronavirus : la prolongation du confinement, un danger pour notre santé mentale ?

LCI

19 avril 2020

CRISE SANITAIRE – Alors que le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai en France, plusieurs spécialistes de la santé mentale s’inquiètent de ses conséquences psychologiques sur la population.

Cette semaine, plusieurs pays touchés par la pandémie de Covid-19, dont la France, ont prolongé la durée du confinement. Mais cette mesure inquiète les professionnels de la santé mentale, qui demandent une vraie prise en compte de la question. "L'extension du confinement était attendue, mais la nouvelle va profondément décevoir beaucoup de gens", notait Linda Bauld, professeur en santé publique à l'université d'Édimbourg, après l'annonce jeudi de la prolongation pour trois semaines du "lockdown" au Royaume-Uni.
"Les conséquences indirectes s'accumulent", poursuivait-elle, soulignant que "de récentes études montrent une augmentation inquiétante de l'anxiété et de la dépression" dans la population générale. Le constat se répète dans tous les pays soumis à cette mesure drastique, oubliée depuis des décennies dans nos sociétés modernes. Ainsi en France, un consortium d'unités de recherche, dont l'École des hautes études en santé publique, a lancé CoConel (coronavirus et confinement), "étude longitudinale" (sur la durée) d'un panel d'un millier de personnes, réalisée par l'Ifop.

Un risque de "pathologies psychiatriques sévères"

Au terme de la deuxième vague, sortie le 8 avril, avant l'annonce du prolongement d'un mois du confinement en vigueur depuis le 17 mars en France, "globalement 37% des enquêtés présentaient des signes de détresse psychologique", sans variation notable avec la première vague publiée en mars. "La comparaison avec les dernières données collectées en population générale en 2017 suggère une dégradation de la santé mentale au cours du confinement. Si cette situation perdure encore plusieurs semaines, elle pourrait favoriser la survenue de pathologies psychiatriques sévères, et un rebond de la demande de soins en levée de confinement, auquel il convient de se préparer", avertissent les chercheurs.
Même préoccupation aux États-Unis, où "plus d'un tiers des Américains (36%) disent que le coronavirus affecte sérieusement leur santé mentale" soulignait l'American psychiatric association, dans une lettre adressée le 13 avril aux dirigeants du Congrès.

Niort : Radio Pinpon cloue le bec au confinement

Publié le 



Lancée en septembre 2018 avec le soutien de l’hôpital de Niort et de l’association Peppsy, Radio Pinpon est une webradio thérapeutique dont les animateurs volontaires sont les usagers de l’hôpital psychiatrique de Niort. Ici, pas de programme, pas de formatage, mais plutôt des cartes blanches au micro, au fil des envies et des besoins, dans tous les registres, pour donner la parole à ceux qui ne la prennent pas habituellement. Elle est un incubateur de confiance, une formidable manière de démystifier la maladie et de déformater le regard que peut porter le grand public sur la psychiatrie.

Maroc : La prise en charge des troubles addictifs s’adapte au confinement sanitaire

Maroc : La prise en charge des troubles addictifs s’adapte au confinement sanitaire

Faute d’accéder à un suivi des troubles psychiatriques et surtout en addictologie, familles et patients se trouvent dans l’impasse du confinement sanitaire. Pour pallier ces contraintes, des praticiens de la santé publique ont ouvert un service de prise en charge, gratuit et à distance, permettant aux uns et aux autres de ne plus se sentir abandonnés.

Les services d’addictologie existants au Maroc couvrent des régions larges. Les patients doivent effectuer de longs trajets pour y accéder. Facteurs de risques pour des personnes souvent à l’immunité fragilisée, ces déplacements deviennent difficiles en temps d’urgence sanitaire, ce qui conduit à une interruption du suivi psychiatrique. Afin de tirer ces personnes de l’abandon, des psychiatres spécialistes en addictologie ont ouvert une ligne téléphonique.

Avant le lancement de cette ligne téléphonique par l’Association marocaine d’addictologie (AMA), celle-ci a mis en place des recommandations de bonnes pratiques, destinées au personnel médical dans les différents domaines de la santé mentale, afin de mettre en phase la prise en charge avec le confinement sanitaire.

«Nous faisons des téléconsultations pour répondre aux sollicitations des patients et des familles, on leur envoie même des ordonnances, de manière à leur éviter de multiplier les déplacements», déclare à Yabiladi Fatima El Omari, présidente de l’ONG, psychiatre et cheffe du service d’addictologie à l’hôpital Razi de Salé.


"Sur le plan psychologique, il peut aussi y avoir une deuxième vague Covid-19" note une psychiatre de Limoges

France Bleu Limousin — Wikipédia


Chaque semaine, des dizaines d'appels, liés aux difficultés de vivre le confinement, arrivent à la cellule d'urgence médico-psychologique du centre hospitalier spécialisé Esquirol, à Limoges. - © Hôpital Esquirol

Du petit coup de blues ponctuel à la grosse déprime, nos nerfs sont parfois mis à rude épreuve par le confinement qui dure depuis plus d'un mois. En Haute-Vienne et en Corrèze, des cellules d'aide médico-psychologiques sont joignables par téléphone, pour nous aider à surmonter cette épreuve inédite. Chaque personne explique sa situation, afin d'être rappelée par un psychiatre ou psychologue, en fonction du problème soulevé.

Tout le monde peut appeler

En Haute-Vienne, c'est le docteur Nathalie Salomé, psychiatre au centre hospitalier spécialisé Esquirol, qui s'occupe de cette cellule d'aide médico-psychologique. La structure s'adresse à la population en général, même si elle reçoit aussi des appels de professionnels de la santé. Il y a aussi des personnes en deuil, pas forcément pour des décès liés au Covid-19, mais pour qui l'accompagnement des défunts est plus compliquée en raison des restrictions imposées par le confinement. 
Surtout, "la plupart des gens qui appellent n'ont jamais eu de liens avec la psychiatrie, ni de problèmes psychologiques. Ils se retrouvent dans des situations d'angoisse importante directement liées au confinement" précise le docteur Salomé. Pour elle c'est un nouveau public, à qui il faut apporter une écoute, des conseils et un accompagnement ciblé. 

Comment le centre hospitalier Sainte-Marie s’est-il adapté pour faire face au coronavirus ?

L’Eveil

Publié le 20/04/202

Comment le centre hospitalier Sainte-Marie s’est-il adapté pour faire face au coronavirus ?

La psychiatrie fait figure de parent pauvre dans cette crise sanitaire. Comment le centre hospitalier Saine-Marie s’est-il adapté pour faire face au coronavirus ?
Il y a un mois, le docteur Philippe Ramona, psychiatre médecin-chef de psychiatrie adulte au centre hospitalier Sainte-Marie au Puy, avait lancé un SOS pour collecter des masques chirurgicaux et FFP2 sur Facebook.
« Nous sommes dans une situation critique. Nos personnels sont confrontés à un grand nombre de patients âgés ou fragiles qui n’ont pas souvent le discernement nécessaire pour respecter les mesures de confinement. Nous craignons une très grave catastrophe sanitaire auprès de cette population, totalement négligée par le gouvernement et les ARS ».
La solidarité a fait le reste et l’appel du médecin a permis à l’hôpital de récupérer environ 600 masques...
« Mais surtout, le lendemain matin, j’avais un appel de l’ARS qui m’assurait être bien consciente que l’hôpital Sainte-Marie pouvait être une vraie bombe si jamais le virus pénétrait à l’intérieur », raconte-t-il. 
L’ARS a fait parvenir dans la foulée des masques à l’hôpital qui, de son côté, en a fait fabriquer par l’entreprise D’Ennery de Saint-Germain Laprade.


La FHF refuse tout report de la réforme du financement de la psychiatrie

Publié le 20/04/20

Pas question de repousser la réforme du financement de la psychiatrie prévue début 2021. Dans un courrier à Olivier Véran, la FHF balaie le "prétexte" des difficultés opérationnelles à l'appliquer côté cliniques, avancé par le ministère de la Santé.
"Nous redoutons [...] que la psychiatrie publique se trouve une fois de plus oubliée. La réforme fondatrice du financement de la psychiatrie concertée depuis plus d'un an avec vos services, vient de fait d'être suspendue pour un motif qui nous semble incompréhensible et hautement contestable.Par le biais d'un courrier adressé le 17 avril au ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran (à télécharger ci-dessous), la FHF ne cache pas une nouvelle fois son désappointement face à la situation financière de la psychiatrie publique et ceci en pleine crise du coronavirus. D'autant plus qu'à la lire, "la crise du Covid-19 laissait penser que la psychiatrie publique, très mobilisée, se verrait enfin reconnue" après les premiers "signes encourageants" donnés en 2019 puis ceux cette année de la première circulaire tarifaire (lire ici et  nos articles).

Thouars. La réouverture du centre de psychiatrie prévue début mai

Publié le 

Violences intrafamiliales : "On se prépare à la découverte de situations extrêmement difficiles"

Par Margot Delpierre  20/04/2020

Les associations le craignaient : le confinement est propice à l’exacerbation des violences intrafamiliales. Plusieurs d'entre elles redoutent le déconfinement et la découverte de violences jusque-là invisibles.
Des affiches comme celles-ci ont été placardées dans des immeubles durant le confinement contre les violences intrafamiliales. Paris, le 17 avril 2020
Des affiches comme celles-ci ont été placardées dans des immeubles durant le confinement contre les violences intrafamiliales. Paris, le 17 avril 2020 Crédits : Fiona Moghaddam - Radio France
Les plaintes pour violences intrafamiliales ont diminué de près de 39% depuis le 16 mars, estimait le ministre de l’Intérieur, le 14 avril dernier sur France Inter. Toujours depuis le début du confinement, les interventions à domicile des forces de l’ordre ont par ailleurs augmenté de 48%, a précisé Christophe Castaner le 16 avril devant la commission des lois du Sénat. Plusieurs associations enregistrent elles une hausse des appels émanant souvent de femmes victimes de violences au sein du couple, d’enfants victimes ou de voisins inquiets.
C’est le cas dans les Landes, affirme Ilazki Ortego, juriste au CIDFF (Centre d'information sur les droits des femmes et des familles) de ce département. "Les femmes qu’on suivait déjà ont eu besoin d’un suivi renforcé à cause du confinement et de nouvelles demandes apparaissent aussi", explique-t-elle. Beaucoup appellent pour obtenir des informations sur l’hébergement d’urgence et la mise à l’abri. En plus d’assurer une permanence téléphonique (confinement oblige), les membres du centre d'information se déplacent lorsque cela est nécessaire. "C’est vraiment très exceptionnel, ajoute-t-elle. Depuis le début du confinement, on a accompagné deux femmes vers la plainte : elles voulaient porter plainte mais n’y arrivaient pas seules. Nous sommes aussi allés cinq fois au tribunal pour l’attribution de 'téléphones grave danger'."

De plus en plus de sollicitations

"Le bilan est malheureusement celui que nous avons craint", confirme Annie Guilberteau, directrice générale du Centre national d'information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF). "C’est un terreau favorable aux violences psychologiques et physiques. Les instants d’intimité se font rares, surtout quand on habite un petit appartement. Au plan national, on a eu une augmentation significative des chiffres, _on s’y attendait_." D’après une étude de la fédération nationale des CIDFF consacrée à l’impact du confinement sur les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles (et suivies par les CIDFF), la très grande majorité des appels téléphoniques reçus par les centres concerne des violences au sein du couple (71% des violences signalées). Les violences au sein de la famille concernent près d'un quart des faits évoqués.
L’Enfant Bleu, qui lutte contre la maltraitance des enfants, est aussi de plus en plus sollicité. Parmi les coups de fil reçus par les écoutants bénévoles, dont l’équipe s’agrandit de jour en jour, figurent "essentiellement des appels pour des violences physiques et psychologiques", selon la présidente de l’association Isabelle Debré. "La première semaine c’était la sidération, la deuxième c’était l’organisation. Depuis, les appels sont de plus en plus importants", remarque également Martine Brousse, présidente quant à elle de La Voix de L’Enfant. "Il y a une _vigilance de la part des voisins qui est plus grande_. La campagne lancée par le gouvernement a eu un impact. Plus on fait de prévention maintenant, plus c’est dissuasif." Une observation faite également par le CIDFF des Landes qui reçoit plus fréquemment que d’ordinaire des signalements de la part de tierces personnes, dont les voisins.
Chiffre très inquiétant révélé hier par le JDD, le numéro d'alerte 119 pour les enfants maltraités a enregistré la semaine dernière un bond de 80% des appels par rapport à une période non confinée.

Des "violences silencieuses"

Les violences intrafamiliales sont commises au sein d'une même famille (photo d'illustration)
Les violences intrafamiliales sont commises au sein d'une même famille (photo d'illustration) Crédits : Christian Verdet - Maxppp

Lire la suite ...

Philippe Descola : "Face au monstrueux choc épidémique des grandes conquêtes, les peuples amérindiens ont utilisé la dispersion pour survivre"

Le 20/04/2020

Alors que le monde est à l’arrêt, nous observons de notre fenêtre le printemps s’épanouir. Et si, paradoxalement le fait d’être coupé de la nature nous en rapprochait ? Comment repenser la cohabitation entre l’homme et les non-humains ?
Philippe Descola, anthropologue, professeur émérite au Collège de France et chaire Anthropologie de la nature est l'invité exceptionnel des Matins ce lundi
Philippe Descola, anthropologue, professeur émérite au Collège de France et chaire Anthropologie de la nature est l'invité exceptionnel des Matins ce lundi  Crédits : FREDERICK FLORIN - AFP
Alors que le lien de l’homme avec son environnement serait directement en cause dans cette crise sanitaire, faut-il repenser notre rapport à la nature ? C’est ce que propose Philippe Descola, que nous recevons aujourd’hui. En 1976, il est étudiant et part à la découverte des Achuars, un peuple Jivaro situé au cœur de l’Amazonie, entre l’Équateur et le Pérou. S’en suit une longue réflexion sur l’anthropocentrisme, qui ouvre la voie d’une nouvelle relation entre les humains et leur milieu de vie. 
L’épidémie est-elle une conséquence de l'action humaine sur la nature ? Est-elle une maladie de l'anthropocène ? Que nous apprend le lien que certains peuples entretiennent avec leur environnement ?
Philippe Descola est professeur émérite au Collège France, titulaire de la chaire d’anthropologie de la nature de 2000 à 2019. Il est auteur notamment de Les natures en question (Ed. Odile Jacob, 2017)

Quelle réponse des Achuars face aux épidémies ? 

« Il n’y a pas de souvenirs de la catastrophe. On estime qu’environ 90% de la population amérindienne a disparu entre le XVIe et le XIXe siècle. Il y a une sorte d’imaginaire implicite du contact avec la maladie des « blancs ». De ce fait, lorsque les « blancs » arrivent dans les environnements amérindiens reculés, le premier réflexe des Amérindiens est la méfiance par la distanciation. »
La maladie n’est qu’un élément dans un cortège d’abominations apporté par la colonisation. Philippe Descola