Quand la cité Ida B. Wells a été inaugurée, dans les quartiers sud de Chicago, en 1941, les cuisines modernes et les pelouses vertes ont attiré plus de 1 500 familles noires qui cherchaient un endroit décent où s’installer. Mais au fil des décennies, ce grand ensemble est tombé en ruines : l’herbe s’est transformée en boue, et pour limiter la poussière et les frais d’entretien, la ville a bitumé de nombreux espaces verts, tuant ainsi les arbres. Dans les années 1980, les violences entre gangs et le trafic de drogue s’étaient généralisés dans ce quartier.
La disparition de la végétation pourrait avoir un lien avec ce déclin. En 2001, des chercheurs spécialistes de l’environnement à l’université de l’Illinois ont publié une étude marquante sur les taux de criminalité dans différents coins de la cité Ida B. Wells. En comparant des photos aériennes et des rapports de police, les chercheurs ont déterminé que pour les immeubles qui restaient entourés de beaucoup de feuillages, les dégradations matérielles étaient en moyenne 48 % moins nombreuses et les infractions avec violence étaient 56 % moins nombreuses, par rapport aux bâtiments où la végétation était plus dispersée.