L’adolescence est la période de la vie la plus à risque de violences subies ou infligées. Le suicide et l’homicide par armes à feu sont parmi les causes les plus fréquentes aux USA entre 15 et 24 ans ; 145 000 personnes de ce groupe d’âge en ont été victimes en 2016. Les facteurs de risque sont les troubles psychiatriques, la prise de substances illicites et le libre accès aux armes à feu. La loi fédérale en interdit l’achat et la possession avant 18 ans mais cette prohibition n’est pas totalement effective. Les adolescents souffrant de désordres mentaux ont autant de risques de vivre dans un domicile avec des armes que les autres.
Une enquête sous l’égide de plusieurs universités américaines a étudié l’association entre ces facteurs de risque chez les adolescents de 13 à 18 ans. Les chercheurs ont utilisé les données d’une enquête transversale portant sur un échantillon d’adolescents représentatif au plan national (National Comorbidity Survey-Adolescent Supplement) comportant 10 123 sujets ; le taux de réponse a été de 75,6 %.
Plus forte prévalence du port d’arme en cas de troubles psychiatriques
La prévalence du port d’armes à feu au moins une fois dans le mois précédent a été établie sur les réponses des adolescents et était de 2,4 % d’entre eux. Les troubles psychiatriques ont été évalués par une échelle composite de l’OMS à partir d’interviews conduits par des observateurs entrainés. Cette échelle comprend 5 catégories : 1° phobies ; 2° troubles du comportement ; 3° anxiété, dépression ; 4° consommation de drogues et d’alcool ; 5° troubles bipolaires. Les diagnostics reposaient à la fois sur les réponses des adolescents et des parents sauf pour les déficits d’attention/hyperactivité basés sur les réponses parentales. Les variables sociodémographiques ont complété l’enquête. Les associations ont été testées par méthode de régression de Poisson à variables multiples.
En comparaison des adolescents ne souffrant pas de troubles des conduites, le taux de prévalence ajusté (APA) du port d’armes à feu était plus élevé parmi ceux avec des perturbations psychologiques (APA 1,88, intervalle de confiance à 95 % IC 1,38-2,57), chez les consommateurs de drogues (APA 1,91, IC 1,05-3,45) et en cas de phobies spécifiques (APA 1,54, IC 1,07-2,22). Les auteurs ont estimé que 1,1% (IC 0,77-1,48) des adolescents auteurs de violences sur eux-mêmes ou sur les autres étaient également porteurs d’armes. Au plan national américain, ceci représentait environ 272 000 adolescents qui avaient les deux facteurs de risque.
Ainsi, il apparaît que certains troubles psychiatriques spécifiques sont associés à un risque plus élevé de port d’armes chez les adolescents mais la grande majorité d’entre eux n’entre pas dans cette catégorie. Ces constatations sont importantes pour le dépistage des conduites à risque.
Pr Jean-Jacques Baudon
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