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mercredi 26 juin 2019
Un allaitement plus bref pour les enfants atteints de troubles du spectre autistique
Publié le 21/06/2019
Une étude réalisée sur six sites aux États-Unis compare les pratiques d’allaitement chez les mères d’enfants avec troubles du spectre autistique (TSA) et chez les mères d’enfants neurotypiques (c’est-à-dire sans TSA).
Après ajustement des données (présence ou absence d’allaitement, et sa durée en mois) pour certains facteurs concernant l’enfant ou sa mère (relatifs à la démographie et à la grossesse), les auteurs constatent un pourcentage presque identique de mères ayant allaité dans les deux groupes : 85,7 % dans le groupe d’enfants avec TSA et 90,6 % dans le groupe-contrôle. Mais ils notent cependant que les mères d’enfants avec TSA les ont allaités « pendant une période plus brève » : comparativement aux mères d’enfants neurotypiques, les mères d’enfants avec TSA évoquent plus souvent un allaitement de courte (< 6 mois) ou de moyenne durée (entre 6 et 12 mois) qu’un allaitement prolongé (≥ 12 mois).
Une causalité inversée, peut-être
Cette association observée entre TSA et durée de l’allaitement est difficile à expliquer : peut-on imaginer un effet protecteur de l’allaitement ou/et un facteur de risque lié à son absence ou à sa brièveté ? Facteur psychologique ? Immunitaire ? Nutritionnel ?... Ou révèle-t-elle seulement une causalité « inversée » car il pourrait exister d’emblée, dans les dyades mère/bébé où l’enfant est à risque de TSA, des difficultés d’allaitement liées à un trouble précoce de l’attachement ou/et à un dysfonctionnement dans la réponse maternelle. En d’autres termes, sans être forcément la conséquence directe de ce trouble précoce de l’attachement ou de l’allaitement, un contexte pré-autistique chez l’enfant pourrait-il contribuer au contraire à le causer ou à l’entretenir ? Cette hypothèse est d’autant plus crédible que l’autisme est considéré désormais comme un trouble du neurodéveloppement, donc présent dès la naissance voire dès la vie intra-utérine...
Comme les auteurs ne sont « pas en mesure de distinguer » si cette différence de durée est due « à des difficultés d’allaitement, à d’autres facteurs non ajustés dans l’étude, ou à un risque plus élevé de TSA résultant d’une durée d’allaitement plus courte », ils suggèrent de développer « des études longitudinales comparant les raisons pour lesquelles les mères mettent fin à l’allaitement chez des enfants avec TSA et des témoins» et « évaluant aussi les interactions entre les gènes de risque de TSA et l’allaitement. »
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