Entre 40 000 et 60 000 femmes vivent excisées en France. Le gouvernement a lancé ce 21 juin un plan « pour éradiquer les mutilations sexuelles féminines » (MSF), dont l'une des priorités est de sensibiliser les professionnels au phénomène.
« En France comme partout dans le monde, les mutilations sexuelles féminines sont des atteintes inadmissibles à l'intégrité et aux droits fondamentaux des femmes et des petites filles qui en sont victimes », a dénoncé la secrétaire d'État, Marlène Schiappa. L'auteur d'une mutilation et le responsable de l'enfant mutilé sont punissables de 10 ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende ; voire de 15 ans, si la victime est mineure, ou 20 ans si l'auteur est un ascendant ou parent.
Un guide pour prévenir l'excision des mineures
Le gouvernement diffuse une plaquette destinée à tous les professionnels en contact avec des enfants possiblement concernés, au premier plan desquels figurent les généralistes, les médecins de protection maternelle et infantile (PMI) et les gynécologues-obstétriciens. Le guide indique comment repérer un risque de MSF, en listant un faisceau d'informations à rechercher (ethnies des parents, mères, sœurs excisées, position de la famille à l'égard des MSF, pression de l'entourage, etc.). La levée du secret professionnel est prévue expressément par l'article 226-14 du Code pénal dans les cas de mutilations sexuelles, est-il précisé.
Le guide aide ensuite les professionnels à évaluer le risque (certains indicateurs, comme l'excision des mères et sœurs sont plus alarmants que d'autres), et à repérer la pratique d'une MSF chez les tout-petits (perte de sang, plaie au niveau de la vulve, douleurs à la miction et lors des soins) et les fillettes (difficulté pour uriner, douleurs pendant les règles, crainte de certains mouvements, absence après vacances scolaires, etc.). Il propose un arbre décisionnel. Selon les situations, le médecin peut saisir la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) du département, contacter la brigade de protection des mineurs, orienter l'enfant et la famille vers les numéros nationaux (3919 pour les femmes victimes de violences, 119 pour les mineurs en danger), faire un signalement sur le portail de signalement des violences sexuelles et sexistes, ou alerter le procureur de la République.
Soutien à la chirurgie réparatrice
Le plan gouvernemental, conçu avec plusieurs associations et le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) prévoit en outre de soutenir les expériences de chirurgie réparatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis (un protocole remboursé par l'Assurance-maladie depuis 2004 y est appliqué). « Il convient de poursuivre le développement de la prise en charge des femmes victimes, notamment en matière de santé mentale et sexuelle », lit-on.
Des partenariats de coordination des acteurs locaux (préfets, agences régionales de santé, rectorat, Procureur, associations) seront proposés dans des territoires particulièrement touchés par le phénomène, pour mieux définir les parcours de jeunes filles à risque de mutilations.
L'État s'engage à soutenir les associations de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, plus spécifiquement la Fédération nationale Gams, l'association « Excision, parlons-en ! », le collectif « Prévenir et protéger ». Et appelle à la mise en place d'un ou plusieurs outils de recueil régulier de données pour disposer d'un état des lieux territorial des pratiques de MSF.
Autant d'« avancées » que le Haut Conseil à l'égalité (HCE) a saluées.
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