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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 22 janvier 2015

Pablo Casacuberta, impairs et père

 Mathieu Lindon 21 JANVIER 2015

Scipion est un roman policier psychologique. Au premier abord, cette définition est d’une banalité désolante. Erreur : ce n’est pas que la psychologie sert à résoudre le mystère, c’est que le mystère est psychologique. L’énigme est le caractère du narrateur.
Celui-ci s’appelle Anibal, c’est pourquoi le roman de Pablo Casacuberta, né à Montevideo en 1969, s’intituleScipion«Ce que Scipion a réussi en l’an 202, c’est vaincre Hannibal. […] Hannibal a vécu dix-neuf ans de plus, borgne, humilié et seul. Je connais cette histoire assez bien, entre autres choses parce que je lui dois mon prénom.» Et aussi parce que son père mort était un historien réputé qui avait peut-être pour lui une autre ambition que d’en faire un vaincu. Entre Spirou et les Héritiers de Franquin et l’Héritage infernal de Charles Trenet, le roman a pour thème principal la façon, ironique et dramatique, dont le héros se tire de son héritage aussi bien matériel qu’immatériel.

mercredi 21 janvier 2015

En un an, le CHUV a remis Cery sur les bons rails

Federico Camponovo 20/01/15


PsychiatrieLe fonctionnement et les pratiques en cours au sein du Service de psychiatrie de l’âge avancé ont été revus de fond en comble.


Au SUPAA, dont les locaux sont vétustes, le CHUV a paré au plus pressé

Au SUPAA, dont les locaux sont vétustes, le CHUV a paré au plus pressé
Image: Florian Cella
En décembre 2013, à la suite du témoignage désespéré de l’épouse d’un octogénaire qui accusait Cery d’avoir maltraité et mal soigné son mari, publié dans nos colonnes, le conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard, ministre vaudois de la Santé, ordonnait une inspection surprise, à Cery, du Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé (SUPAA).
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La tête des mauvais jours

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO  | Par 


Il faut écrire son nom en entier car l’homme est respectable. Professeur de psychologie à la Coastal Carolina University (Conway, Caroline du Sud), Terry F. Pettijohn II se passionne, depuis une quinzaine d’années, pour la relation complexe pouvant exister, aux Etats-Unis, entre les conditions socio-économiques, la popularité des mannequins, actrices, chanteurs et la composition des traits de leur visage. Vous ne voyez pas le rapport ? C’est que vous ne connaissez pas l’« hypothèse de la sécurité environnementale », émise en 1999 par le professeur Pettijohn et son confrère Abraham Tesser.

Des étudiants en psychiatrie apprennent à diagnostiquer les troubles mentaux avec Seinfeld

RADIO-CANADA 11 janvier 2015


Michael Richards (Kramer), Julia Louis-Dreyfus (Elaine), Jerry Seinfeld et Jason Alexander (George), le quatuor au coeur de la série Seinfeld. Michael Richards (Kramer), Julia Louis-Dreyfus (Elaine), Jerry Seinfeld et Jason Alexander (George), le quatuor au coeur de la série Seinfeld. Photo :  GEORGE LANGE/AP
Les auteurs de la série télévisée Seinfeld ont beau prétendre qu'ils avaient créé une « série à propos de rien », cela n'a pas empêché un professeur de psychiatrie d'utiliser la comédie de situation new-yorkaise dans ses cours.
Les étudiants à la faculté de médecine Rutgers Robert Wood Johnson, au New Jersey, apprennent les troubles mentaux à l'aide de l'outil pédagogique du docteur Anthony Tobia, appelée « Psy-feld », indique le site internet NJ.com.
Le professeur Tobia a créé une banque de données en puisant dans les épisodes de la fameuse comédie.Les étudiants en médecine de troisième et quatrième années doivent visionner deux épisodes par semaine, et ensuite discuter en groupes des psychopathologies qui y seraient observées.

Sous le signe de la schizophrénie

LE MONDE |  | Par 



Nathalie Portman (Nina).

« Black Swan », film de pures sensations de Darren Aronofsky, est un ballet terrifiant, magnifiquement interprété (dimanche 11 janvier à 20 h 45 sur France 4)

L’exquise Nina (Natalie Portman) danse pour une compagnie new-yorkaise dirigée par un roué d’origine probablement française qui a le port avantageux de Vincent Cassel. Nina vit seule avec sa maman, Erica (Barbara Hershey). Elle a passé le quart de siècle, mais dort toujours dans sa chambre de petite fille, pleine de peluches. La retraite approche, et Nina n’a toujours pas dansé de premier rôle. Or Thomas Leroy (Vincent Cassel) a décidé de programmer Le Lac des cygnes, et s’est séparé de sa danseuse étoile (Winona Ryder).

Le double rôle de cygne blanc-cygne noir que le scénario offre à Nina lui ouvre aussi les portes du délire. Dans un New York menaçant, la jeune femme commence à entrevoir un double mystérieux, aussi effrayant que la petite fille en imper rouge qui hantait Venise dans Ne vous retournez pas, de Nicolas Roeg. A la maison, rien ne va plus, Erica se comporte comme une vraie mère de films d’horreur et, dans le studio de répétition, Nina peine à convaincre Thomas qu’elle ferait un bon cygne.


Les portes du délire


Le rôle du cygne est double et devrait être accompagné d’un avertissement le déconseillant formellement aux sujets disposés à la schizophrénie. Entre le chaste cygne blanc et sa version noire et érotique, Nina perd bientôt la tête.

C’est dans ce cerveau enfiévré que Darren Aronofsky s’est glissé et le film entier s’en tient au point de vue de la danseuse folle, sujette à des visions horrifiques. Le spectateur est livré à lui-même, psychiatre de la salle obscure, chargé de déterminer quelle emprise sur la réalité ont les fantasmes de Nina. Le corps de la jeune femme se déforme, se blesse. Elle est la proie de désirs inconnus qui la portent vers sa rivale Lily.

mardi 20 janvier 2015

Dans 4 cas sur 5, les femmes victimes de viol le sont par un proche, dénonce une campagne lancée aujourd’hui

20/01/2015





Crédit photo : CFCV.com
Le Collectif féministe contre le viol diffuse sa nouvelle campagne « Proches » dès aujourd’hui sur les radios et à partir du 27 janvier sur les chaînes télévisées nationales. Le clip de 30 secondes, met en scène une fête entre amis, entre proches, à l’occasion de laquelle on apprend que le meilleur ami, le plus apprécié de tous est l’auteur du viol de l’une des femmes. « 86 000 femmes majeures ont été violées cette année, 86 % d’entre elles connaissent leur violeur », explique Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, Viols-Femmes-Informations. Cette campagne vise à dénoncer le viol induit par une personne proche de la victime. « Les victimes se rendent complices de l’agresseur lorsqu’elles se terrent dans le silence. C’est une double peine pour la victime qui souffre et une impunité garantie pour le violeur », poursuit Emmanuelle Piet.

Une sensation de perte de soi, de l’angoisse, des pensées intrusives

Il n’y a pas de profil « type » du violeur, parfois « ce sont des amis sympas, des amis cool, des personnes drôles mais qui ont des caractéristiques communes, notamment dans la stratégie qu’ils ont élaborée : le choix de leur victime, leur isolement, leur dévalorisation… », souligne Emmanuelle Piet.
Le travail du collectif est d’écouter la victime et de la mettre en relation avec un avocat, un médecin, un psychiatre pour l’aider à se reconstruire et faire valoir leur droit. Les victimes sont détruites physiquement et psychologiquement, elles ont une sensation de perte de soi, d’angoisse, des pensées intrusives… il s’agit de leur faire comprendre qu’elles ne sont pas fautives. « Une décontamination de la pensée s’impose », indique Emmanuelle Piet.

Honte et culpabilité

« La souffrance des victimes est majorée par la honte, la culpabilité, l’absence d’écoute et de compréhension auxquelles elles se heurtent, d’autant plus que le violeur est une personne de leur entourage dans 4 cas sur 5 », précise le Dr Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne du CFCV Viols-Femmes-Informations. Le collectif se bat également contre les stéréotypes, les idées reçues sur le viol et souhaite que cette violence soit jugée par les assises et non au tribunal correctionnel. Aujourd’hui, seulement 1 % des plaintes mènent à une condamnation.« C’est le plus gros travail, l’histoire n’est pas individuelle mais sociétale », conclut la présidente du collectif contre le viol.
Sophie Martos

Les internes en psychiatrie insuffisamment formés sur la responsabilité médicale

20 janv. 2015
HOSPIMEDIA - Une enquête menée par l'Association fédérative française des étudiants en psychiatrie (Affep) auprès des internes en psychiatrie sur la responsabilité médicale a permis de démontrer que la formation dans ce domaine est insuffisante.
Comme tous les ans depuis 2009, l'Association fédérative française des étudiants en psychiatrie (Affep) a réalisé auprès de ses adhérents et non-adhérents une enquête sur la responsabilité médicale. Du 2 avril au 28 juin, environ 1 700 internes en psychiatrie (dont 1 200 adhérents de l'association) ont été interrogés via un questionnaire sur quatre thèmes. Au total, 807 ont répondu. Ce sujet de la responsabilité médicale, indiquent à Hospimedia Alexis Lepetit, coordinateur syndical, et Aurélie Berger, anciennement vice-présidente de l'Affep, a été choisi au regard de l'actualité de fin 2013-début 2014 marquée par plusieurs procès faits aux psychiatres hospitaliers pour des actes commis par leurs patients. Alexis Lepetit cite notamment le procès de Danièle Canarelli et du psychiatre de Saint-Égrève. "L'Association s'est rendu compte en discutant avec d'autres internes que les procès sont une préoccupation fréquente de tous les internes en psychiatrie", ajoute-t-il. L'Affep a donc voulu objectiver ce sujet et connaître aussi son retentissement sur les pratiques professionnelles quotidiennes.


Le « peau à peau » est indispensable, même après une césarienne

16/01/2015

Les mérites du peau à peau ne sont plus à démontrer (maintien de la température, stabilité de la glycémie, diminution du stress aussi bien de l’enfant que de la mère, effets positifs sur l’allaitement et l’attachement). Lorsqu’il ne peut être obtenu avec la mère, le peau à peau avec l’autre parent reste positif (moins de cris, plus de calme, meilleur sommeil, et enfant plus enclin à chercher le sein le moment venu).

Le pédiatre et les écrans

19/01/2015

S. TISSERON,
Psychiatre, docteur en psychologie, chercheur associé HDR à l’université Paris VII Diderot
Il n’est pas rare que les pédiatres soient pris à témoins par un parent des performances « étonnantes » de leur très jeune enfant sur une tablette ou un smartphone, ou qu'ils assistent au spectacle d'un enfant jouant tout au long de l'entretien avec le téléphone de sa maman comme si l'objet lui appartenait. Quant aux demandes de conseils de la part de parents désemparés sur la conduite de leur adolescent, inutile d'insister tant elles sont quotidiennes. Comment y réagir ? Serge Tisseron présente dans cet article une analyse critique des comportements face aux différents écrans et indique des règles de conduites à proposer aux familles et aux enfants. l faut avoir à l’esprit l’importance croissante des publications scientifiques qui attirent l’attention sur les dangers des écrans. Si les scientifiques ont fait la liste des effets nocifs des diverses formes d’écran, le pédiatre est, lui, confronté à une autre situation : le dialogue dans lequel il est engagé avec les parents lui impose non seulement de leur signaler les dangers des écrans, mais aussi de leur donner des repères, qui leur permettront d’établir avec leur progéniture une relation de confiance et de partage assurant une meilleure gestion des écrans en famille.

Les praticiens face aux troubles de l’adaptation avec anxiété : une enquête du JIM

12/01/2015

Le trouble de l’adaptation avec anxiété (TAA), dénommé anxiété réactionnelle par certains, reste encore considéré comme un « petit trouble ». Le TAA n’est ainsi pas repéré et identifié en tant que tel d’autant plus que les patients sont peu enclins à se confier ou à consulter pour ce type de symptômes. Pourtant, le niveau d’anxiété évoqué par les patients devrait le faire considérer comme un authentique trouble anxieux avec la triade « recherche/identification/prise en charge ». Le but de cette enquête réalisée auprès de nos lecteurs médecins généralistes et psychiatres était d’en savoir plus sur le TAA en pratique quotidienne en 2014.

Une place à part dans les classifications diagnostiques depuis plus de 30 ans

Le trouble de l’adaptation (TA) est apparu en 1980 dans le DSM III et sa définition a été précisée dans le DSM IV (1994). Il s’agit d’un trouble comportant des symptômes émotionnels ou comportementaux en réaction à un ou plusieurs facteurs de stress identifiables dans les 3 mois suivant l’exposition, et d’une durée maximale de 6 mois après la fin de ce stress. Les symptômes sont cliniquement significatifs et entraînent une détresse marquée et/ou une altération significative du fonctionnement social ou professionnel. L’impact clinique et fonctionnel signe le caractère pathologique du trouble. Dans le DSM V (2013), le TA est intégré dans les « troubles en rapport avec le trauma et le stress » à côté des états de stress aigu et de l’état de stress post traumatique (ESPT). Le DSM V distingue plusieurs types de TA. Dans trois quarts des cas, il s’agit d’un TA avec anxiété  (TAA) où nervosité, inquiétude, énervement, ou anxiété de séparation, sont au premier plan.

Quelles données épidémiologiques ?

Les études ayant évalué la prévalence du TAA sont récentes mais à ce jour encore trop peu nombreuses. Les résultats sont hétérogènes en fonction des populations étudiées et des méthodes d’exploration.

Les USA face au « binge drinking »

16/01/2015

Le centre de contrôle des maladies (CDC) d’Atlanta vient de publier une newsletter entièrement consacrée à la question de l’alcool et surtout des effets du « binge drinking » (beuveries) qui posent un réel problème de santé publique aux USA : l’excès de consommation de boissons alcoolisés y est aujourd’hui la 3ème cause de mortalité évitable.
Le « binge drinking » est défini par l’absorption de plus de 4 verres chez la femme et 5 chez l’homme lors d’une seule occasion. Approximativement un adulte sur 6 s’adonne à cette pratique au moins 4 fois par mois. En moyenne le nombre maximal de boissons alcoolisées bues par personne au décours d’une soirée est de 8. Les jeunes entre 12 et 20 ans consomment 11 % de toutes les boissons alcoolisées aux USA. Plus de 90 % de cet alcool est absorbé au cours de ces « binge drinking ».
Une récente étude (1) faite à partir de la base de données du CDC  fait le point sur la mortalité et les années de vies perdues liées à ces pratiques. De 2006 à 2010, la moyenne annuelle de décès prématurés  et de vies perdues ont été respectivement de 87 798 (27,9/100 000 habitants) et 2,5 millions (831,6/100 000). Pour les décès prématurés, le taux  ajusté selon l'âge varie de 51,2/100 000 au Nouveau-Mexique à 19,1/100 000 dans le New Jersey. Parmi les adultes en âge de travailler, 9,8 % de tous les décès et 69 % de tous les décès prématurés durant cette période, étaient attribuables à une consommation excessive d’alcool

Shinitai ou vouloir mourir sur Twitter

16/01/2015

Avec l’essor considérable des activités en ligne, l’accent a déjà été mis sur l’intérêt pour le psychiatre d’utiliser parfois certaines données sur le patient disponibles au moyen d’Internet. Si la consultation éventuelle des blogs, des forums de discussions ou du mur de Facebook est déjà pratiquée, une étude réalisée au Japon propose d’intégrer aussi les données venues de Twitter, le célèbre réseau social de « microblogging. »
Cette étude portait sur 1 000 participants âgés de 20 à 29 ans (en moyenne 24,9 ans ± 2,9 ans, avec 61,3 % de femmes), extraits d’une population de plus de 220 000 internautes. L’objectif était de préciser le lien entre un comportement suicidaire et les références explicites au suicide sur le compte Twitter des intéressés. Certains facteurs confondants ont été écartés (sexe, âge, niveau scolaire, statut marital, statut professionnel, revenus, addiction à l’alcool…) pour éliminer des biais prévisibles et « améliorer la robustesse des résultats. »

Les faux-semblants de la Dermatitis artefacta

02/01/2015 

Alexandre HAROCHE,




Rien n’est plus difficile pour un dermatologue que d’affirmer le caractère factice d’une dermatose. Entre suspicion et certitude, la démarche doit prendre en compte les motivations du patient, la conscience qu’il pourrait avoir de ses actes, l’impact éventuel d’un contexte psychiatrique. C’est dans le cadre d’une relation médecin-malade particulière qu’il doit formuler ce diagnostic singulier de Dermatitis artefacta (ou pathomimie cutanée).
La pathomimie cutanée est un trouble dermatologique factice qui correspond à la production par le patient luimême de lésions cutanées, pour lesquelles il vient consulter le clinicien, apparemment dans le but d’obtenir une explication médicale à ces manifestations.
La pathomimie (ou Dermatitis artefacta) se différencie de la simulation en ce que le patient n’a pas conscience des raisons qui conduisent à la production des lésions. Ainsi, le simulateur provoque des lésions dans un but utilitaire connu de lui-même et se révélant souvent facilement : il s’agit, par exemple, du soldat qui veut éviter de partir au front, ou de tout autre fraudeur qui espère obtenir une compensation. À l’inverse, les « motivations » du patient souffrant d’une pathomimie cutanée, bien qu’il puisse certainement en tirer une satisfaction indirecte, restent inconnues de lui-même et du médecin. Par ailleurs, le patient garde les praticiens dans l’ignorance du caractère auto-infligé des lésions présentées, avec la volonté d’apparaître comme un malade habituel, à la recherche d’un diagnostic et d’un traitement. C’est ainsi que la pathomimie diffère d’autres types de lésions autoinfligées, tels que la trichotillomanie, ou encore les excoriations psychogènes que le sujet décrit comme auto-infligées et demande un traitement auprès du dermatologue ou du psychiatre. Il faut également exclure les mutilations cutanées dans le cadre d’un délire.

Un malade d’Alzheimer de 95 ans dans les affres de l’administration

Eric FAVEREAU 19 JANVIER 2015

Ah si les personnes âgées avaient la délicatesse de se conformer aux règlements…

«Charlie»: éthique de conviction contre éthique de responsabilité

DIDIER FASSIN


Le 14 janvier, l’interview de Caroline Fourest sur Sky News au sujet des attaques contre Charlie Hebdo s’est brutalement interrompue au moment où, à l’insu de son hôte, l’invitée a brandi le dernier exemplaire du journal pour en montrer la couverture au public britannique. La journaliste Dharshini David s’est alors excusée auprès des téléspectateurs qui auraient pu être«offensés» en rappelant que la politique de sa chaîne était de ne pas montrer les caricatures du Prophète. Cette censure a immédiatement déclenché des réactions d’indignation de la part des médias français et l’intéressée a parlé «d’une violence inouïe et d’une hypocrisie absolue».
L’épisode s’inscrit dans un contexte plus large où deux pratiques éditoriales s’opposent. Les uns, notamment en France, considèrent qu’il est important de montrer pour défendre le droit d’expression. Les autres, particulièrement en Grande-Bretagne mais aussi aux Etats-Unis, estiment qu’il est préférable de ne pas montrer pour ne pas blesser les musulmans. Nombre de commentateurs revendiquent la première posture et stigmatisent la seconde, dans laquelle ils voient au mieux de la complaisance, au pire de la lâcheté. Je voudrais suggérer que, plutôt que de caricaturer, si j’ose dire, on peut essayer de comprendre, et plutôt que d’imaginer que s’affrontent une position morale et une autre immorale, penser que ce sont deux éthiques qui sont en jeu. On n’aurait donc pas un combat entre le bien et le mal, entre ceux qui ont raison et ceux qui ont tort, mais une confrontation de deux approches éthiques de la politique.
Le sociologue allemand Max Weber peut nous aider sur ce plan. Dans une conférence fameuse sur la politique, il écrit que «toute activité orientée selon l’éthique peut être subordonnée à deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées». D’un côté, «l’éthique de conviction» repose sur le principe kantien du devoir : il faut agir en fonction de principes supérieurs auxquels on croit. De l’autre, «l’éthique de responsabilité» relève de la philosophie conséquentialiste : il faut agir en fonction des effets concrets que l’on peut raisonnablement prévoir.

lundi 19 janvier 2015

Appels à propositions Programme interdisciplinaire USPC « La Personne en médecine »


Sorbonne Paris Cité
Programme interdisciplinaire USPC « La Personne en médecine »

Appels à propositions

Date de remise des propositions : 15 février 2015

Le programme interdisciplinaire USPC « La Personne en médecine » lance à un appel à propositions, visant à financer et co-financer les recherches interdisciplinaires développées dans Sorbonne Paris Cité et au-delà.

Recherches concernées: colloques, journées, publications, traductions, aides à la publication, missions, etc., s’inscrivant ou non dans le cadre d’un doctorat, et impliquant au moins un partenaire appartenant à Sorbonne Paris Cité.

Du cannabidiol pour les vétérans américains

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |  | Par 

Avec deux millions de soldats ayant participé à la guerre antiterroriste depuis 2001, les Etats-Unis sont confrontés à une épidémie sans précédent de syndromes de stress post-traumatique. Inconnu du public après le Vietnam ou la première guerre du Golfe, le sigle PTSD (post-traumatic stress disorder) fait maintenant partie du langage courant. Selon les autorités militaires, quelque 20 % des soldats de retour des zones de conflit en sont affectés. Sous forme soit de cauchemars récurrents, soit de terreurs subites, voire d’impossibilité à se réadapter. Un rapport du département des anciens combattants publié en février 2013 a estimé le nombre de suicides dans l’armée à 22 par jour en moyenne : plus que celui des morts au combat.

Après les attentats, panser les esprits

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |  | Par 


Certains pensent avoir vécu un film d’horreur. Anéantis, hébétés, les salariés de Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, ont vu leurs amis proches abattus devant eux. Deux jours plus tard, des otages du supermarché Hyper Cacher, porte de Vincennes, ont aussi été témoins de meurtres et ont été eux-mêmes pris au piège durant quatre heures, convaincus qu’ils allaient mourir.


Aussitôt après l’attaque de Charlie Hebdo, les survivants ont été conduits dans un théâtre proche de la rue Nicolas-Appert, siège de l’hebdomadaire, avec les familles endeuillées. C’est dans une banque proche du supermarché casher qu’ont été pris en charge la vingtaine d’otages. Ensuite, les uns comme les autres ont presque tous été transférés à l’Hôtel-Dieu, où se situent les urgences médico-légales.

Car, au même titre que les blessés physiques, ces « blessés psychiques » doivent eux aussi être soignés. Spécificité française, un dispositif d’urgence médico-psychologique a été constitué en juillet 1995, à la suite de l’attentat terroriste à la station de RER Saint-Michel, puis renforcé en 2013. Des cellules d’urgences médico-psychologiques (CUMP) ont été créées dans chaque département. Celle de Paris travaille en lien avec le SAMU de la capitale. Elle vise à apporter des soins d’urgence aux victimes de blessures psychiques lors de catastrophes, d’accidents, d’attentats…

Hôpital psychiatrique en Californie : une "folle" histoire !

Résumé : En Californie, le Camarillo Mental Hospital a alimenté tous les fantasmes pendant 60 ans. Annexe d'Hollywood pour artistes surmenés ou proie des chasseurs de fantômes après sa fermeture en 1996... Une histoire passionnante racontée dans un livre. 

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Hôpitaux psychiatriques ? Lieux de fantasmes. Derrière les hauts murs et les portes closes, que s'est-il passé pendant des décennies et encore aujourd'hui ? Certains de ces hauts-lieux de la « folie » véhiculent des histoires aussi fascinantes que tragiques. Le Camarillo Mental Hospital est l'un d'entre eux.

Une annexe d'Hollywood ?


Ouvert en grandes pompes en 1936, sa proximité avec les studios de cinéma de Los Angeles, son cadre accueillant et ses traitements innovants lui valent une certaine renommée auprès des célébrités, et notamment Craig Rice (femme de lettres et journaliste) ou Charlie Parker (saxophoniste)… L'hôpital accueille aussi de nombreux Européens qui introduisent plusieurs thérapies aux États-Unis comme Jacob Frostig, psychiatre polonais, avec l'insulinothérapie au début des années 1940, et Trudi Schoop, mime suisse fondatrice du mouvement international de danse thérapie. Cet hôpital psychiatrique californien était à l'origine de l'émergence d'une prise en charge communautaire dans le domaine de la santé mentale et fut l'une des institutions médicales nord-américaines les plus renommées.












Des peines très sévères pour apologie du terrorisme

LE MONDE |  | Par 

« Soit il est complètement fou, soit il est dangereux », avait observé la procureure à propos d’Oussama Belour, jugé jeudi 15 janvier en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Paris. Ressortissant algérien, marié et père de famille en Allemagne où il travaille et dispose d’un titre de séjour régulier, il a été arrêté à Paris pour défaut de papiers.

Placé au centre de rétention de Vincennes, il a copieusement insulté les policiers – « Fuck la police, fuck la France » –, imité le cliquetis d’une mitraillette en les regardant « d’un air provocateur », puis s’en est pris à la femme médecin chargée de l’examiner, « tu as les yeux bleus, tu es juive, Hitler n’a pas fini son travail, je reviendrai te tuer », avant d’agonir à nouveau d’injures l’escorte qui le ramenait au centre, « les frères Kouachi ont raison, je les soutiens, je vais mettre une bombe sur les Champs-Elysées ».

Sommes-nous tous égaux devant l’humour ?

DALIBOR FRIOUX


En lisant le compte rendu de divers incidents, qui ont émaillé la minute de silence en hommage à Charlie Hebdo ou les débats à ce sujet dans plusieurs dizaines de lycées et collèges, on peut se demander ce qui pousse des gamins de 10 ans à dire des choses comme «ils l’ont bien cherché», «il ne faut pas insulter la religion», ou encore, «la marche, ah oui, la fête pour la mort des frères Kouachi…». De fait, bien peu d’habitants des «quartiers» sont descendus dimanche dans la rue parisienne. Quelles sont les réponses apportées ? Pour le terrorisme : la sécurité renforcée. Pour les «Je ne suis pas Charlie» : sermons sur la liberté d’expression servis par autant d’éditorialistes, d’écrivains et de politiques que nécessaire.
Quelque chose met mal à l’aise dans le pur débat de principes, dans l’injonction de tristesse devant les morts, de tolérance devant les caricatures, dans l’exigence d’unanimisme. Il y aurait nous, Occidentaux cultivés, raffinés, tolérants, et les sauvages, obtus, violents, jeunes ou vieux, français ou arabes. Encore une fois, nous donnons des leçons, supposant toutes choses égales par ailleurs. «Vous n’êtes pas mûrs, vous n’avez pas d’humour, vous n’êtes pas des nôtres au fond». Une caricature montre même un intégriste armé s’écrier : «L’humour ? Ça ne me fait pas rigoler !»

« Le Prophète, lui, avait de l’humour »

LE MONDE |  | Par 

Un jeune garçon lit le Coran dans une mosquée de Gaza en 2014, pendant le mois de Ramadan.

Peut-on encore mourir pour une image ? Au XXIe siècle, la guerre des iconoclasmes fait encore rage. Comment expliquer que les musulmans s’interdisent aujourd’hui les images du Prophète et de Dieu, alors même qu’aucun texte interne à la doctrine ne le prescrit ? Durant des siècles, les créateurs musulmans ont réussi, grâce à la calligraphie, à détourner cette clause en se refusant consciemment ou inconsciemment à figurer des êtres humains.

Un déplacement significatif s’est produit entre deux visions, deux doctrines : la saine compréhension du Coran et d’hadith [dits du Prophète non retenu dans le Coran], d’un côté ; l’instance du fiqh (jurisprudence islamique) de l’autre, qui a posé un magistère particulier et une règle de droit. Ce déplacement est le nœud du blocage actuel.

Aujourd’hui nous devons défendre notre amour des images, notre définition des notions de liberté individuelle, et la séparation des prérogatives religieuses et publiques. Ce combat, qui se poursuit depuis la chute du califat en 1923, tient en quelques lignes : le créateur musulman ne veut plus s’agenouiller devant l’imam qui n’est pas, contrairement à ce qu’il prétend, dépositaire d’une légitimité religieuse supra humaine, car la religion ne conduit plus les nations comme par le passé et ne confie son destin qu’à des cœurs purs, sans ancrage dans le réel.

Quelle politique de lutte contre la radicalisation ?

LE MONDE |  | Par 


La dernière vague d’attentats en est une illustration tragique. La lutte antiterroriste à la française, appuyée sur la législation la plus intrusive d’Europe et l’efficacité des services de renseignement, n’a fait que retarder l’inévitable. Faute d’avoir traité politiquement la montée du fondamentalisme islamiste, les gouvernements successifs ont opposé une réponse exclusivement sécuritaire à sa manifestation terroriste.

Le retard de la France sur ses voisins en matière de lutte contre la radicalisation s’explique à la fois par les succès de son approche policière et par son rapport à la laïcité. Il a fallu attendre le mois d’avril pour que le gouvernement mette en place un dispositif de prévention coordonné par le ministère de l’intérieur.
Dans un rapport intitulé « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? » (PDF), remis fin décembre à la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme, Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la défense, explore plusieurs pistes de réflexion.

Attentats : le directeur de la cellule d’urgence médico-psychologique raconte et s’interroge

19/01/2015

« La cellule d’urgence médico-psychologique(CUMP) du SAMU de Paris vient de vivre une situation de crise sans précédent à deux titres, explique au " Quotidien " le Pr Didier Cremniter, son directeur, qui est également le référent national du réseau d’urgence médico-psychologique.D’une part, nous sommes intervenus auprès de victimes sur des attentats multi-sites et relativement concomitants, à Paris, porte de Châtillon, à Dammartin-en-Goële et porte de Vincennes, alors que rien ne nous disait – ni ne nous dit encore – que d’autres événements n’allaient pas survenir ; d’autre part, nous avons pris en charge un immense bouleversement populaire après les tirs, pour la première fois en France, contre des journalistes et un journal, une action qui a attenté à une icône du grand public, quelque chose comme l’âme du pays, au cœur de nos valeurs. »