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mardi 20 janvier 2015

Un malade d’Alzheimer de 95 ans dans les affres de l’administration

Eric FAVEREAU 19 JANVIER 2015

Ah si les personnes âgées avaient la délicatesse de se conformer aux règlements…
Voilà un monsieur de 95 ans qui est bien distrait : il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Il réside dans une unité spécialisée d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), dans l’est de Paris. «Avec sa canne, il marche lentement, raconte son fils, mais il est nullement agressif. Il nous reconnaît, mais il est loin, il tient souvent des propos incohérents, et sa mémoire est défaillante.» Bref, il a des symptômes classiques de ce type de dégénérescence cérébrale.
Mais cela ne s’arrête pas là : aux dires de la direction de l’Ehpad, ce vieux monsieur aurait eu des gestes déplacés - il aurait ainsi commis des attouchements sur certains pensionnaires. Ce n’est pas bien, en tout cas cela ne se fait pas, même si c’est classique avec ce type de maladie, qui peut lever des inhibitions. «La médecin a prescrit des neuroleptiques qui ont eu pour effet de le mettre dans un état de grande faiblesse», poursuit son fils qui, s’en inquiétant, prévient la médecin coordonnatrice du lieu. Mal lui en a pris, car celle-ci a réagi vertement «en ordonnant aussitôt une hospitalisation qui a duré vingt jours, avec de lourds examens, et ce séjour l’a affaibli, ses repères ont été bouleversés», poursuit son fils. Bien sûr, celui-ci s’en est encore inquiété, et cela d’autant plus que jamais son père n’aurait dû être hospitalisé sans son autorisation. Il écrit alors à la direction, en lui demandant «de veiller à ce que l’on ne cherche pas à se débarrasser de son père, devenu très vulnérable». Mauvaise idée encore, car c’est au tour de l’administration centrale de réagir. Celle-ci adresse une lettre recommandée au fils«pour que son père quitte au plus vite cet établissement». Et la demande est assortie d’une menace : le responsable explique qu’il a été contraint de procéder à un signalement au procureur de la République.
On en est là. «Mon père est dément, il est faible, il est malade, réagit avec colère son fils, qui se dit simplement qu’il y a peut-être une autre façon de réagir. Face à des familles de patients souffrant de cette maladie, on rencontre des responsables au regard administratif et technocratique, aux décisions totalement déplacées. Et puis, combien de temps reste-il à vivre à mon père ?»

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