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jeudi 22 janvier 2015

Les « failles » de l’éducation à la citoyenneté

LE MONDE |  | Par 

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, à l'Assemblée, le  14 janvier.

Comment l’école peut-elle contribuer à transformer l’émotion suscitée par la récente vague d’attentats en action ? Que peut-elle faire de plus en matière de formation du citoyen ? La « grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République », organisée cette semaine, doit servir à apporter des réponses.

Mardi 13 janvier, la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a rappelé, lors d’une réunion de recteurs, les chantiers en cours : nouveau programme d’enseignement moral et civique, prévu pour la rentrée 2015, nouvelles ressources et séquences de formation continue pour les enseignants…

La réponse du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), elle, est sans équivoque : ce ne sont ni les programmes ni les prescriptions qui changeront les choses en profondeur, mais plutôt leur mise en œuvre sur le terrain.


Sur le papier, en effet, « la France se place en tête des pays européens par son investissement en matière d’éducation civique », indique le Cnesco dans une note sur « l’apprentissage de la citoyenneté à l’école », publiée le 12 janvier. Elle est le seul pays où les cours d’éducation civique ont des horaires dédiés, du primaire au lycée. Le seul à avoir un modèle pédagogique aussi complet, alliant cours, participation des élèves à la vie de leur établissement et projets éducatifs sur la citoyenneté. Le champ couvert va des institutions de la République et ses valeurs aux règles de vie en société, en passant par l’éducation au développement durable, aux médias, à la santé, etc.


« Une simple obligation »


Du côté des pratiques, en revanche, le tableau du Cnesco est plus sombre. « Les failles sont dans la mise en œuvre », souligne la sociologue Nathalie Mons, sa présidente. D’abord, « les heures d’éducation civique peuvent être attribuées à d’autres disciplines », rapporte-t-elle.
Côté vie scolaire, les lycéens s’engagent peu dans la vie de leur établissement. En 2013, la mission sur l’enseignement de la morale laïque, installée par l’ancien ministre Vincent Peillon, faisait état d’instances de vie lycéenne « peu connues et peu valorisées, parfois perçues comme une simple obligation réglementaire », et d’une faible participation des élèves aux élections de leurs représentants (50 %). Enfin, si des projets collectifs sont mis en place pour incarner les valeurs transmises, ils restent peu nombreux et apparaissent « essentiellement dans les moments de tension », selon cette mission.

Pour réduire le décalage entre le prescrit et le réel, nombre d’observateurs insistent sur le rôle crucial de la formation des enseignants. « En formation initiale, ces aspects de citoyenneté s’inscrivent dans un ensemble plus général sur les conditions d’exercice du métier, rapporte Pierre Kahn, professeur en sciences de l’éducation. C’est insuffisant pour les stagiaires, surtout lorsqu’ils sont envoyés là où des élèves refusent la minute de silence en l’hommage à Charlie Hebdo. »
« On fait au mieux, soupire François Da Rocha Carneiro, professeur dans un lycée de Roubaix (Nord). Dans certains quartiers, l’école est l’unique représentant de l’Etat, et les enseignants se sentent bien seuls. » Façon de rappeler qu’on ne peut demander à l’école de régler, à elle seule, tous les maux de la société.

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